Philippe MANOURY (entretien)

1987
01m 56s
Réf. 00070

Notice

Résumé :

Interview extraite du CD-ROM "La Musique électroacoustique" Ed. Hyptique (2000)

Type de média :
Date de diffusion :
2000
Date d'événement :
1987
Personnalité(s) :
Autres lieux :

Éclairage

Né en 1952 à Tulle, France.

Philippe Manoury commence la musique vers l'âge de 9 ans. Études de piano avec Pierre Sancan. Études d'harmonie et contrepoint à l'École Normale de Musique de Paris. Composition avec Gérard Condé, puis avec Max Deutsch à l'École Normale de Musique de Paris, analyse musicale avec Yves-Marie Pasquet. Remporte le premier prix de composition dans la classe d'Ivo Malec et de Michel Philippot au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris où il suit également la classe d'analyse de Claude Ballif.

Depuis l'âge de 19 ans, Philippe Manoury participe régulièrement aux principaux festivals et concerts de musique contemporaine (Royan, La Rochelle, Donaueschingen, Londres...), mais c'est la création deCryptophonos par le pianiste Claude Helffer au Festival de Metz qui le fera connaître au public.

En 1978, il s'installe au Brésil et y donne des cours et des conférences sur la musique contemporaine dans différentes universités (Sao Paulo, Brasilia, Rio de Janeiro, Salvador).

En 1981, de retour en France, il est invité à l'IRCAM en qualité de chercheur. Depuis cette époque, il ne cessera de participer, en tant que compositeur ou professeur, aux activités de cet Institut. Il y développe, en collaboration avec le mathématicien Miller Puckette, des recherches dans le domaine de l'interaction en temps-réel entre les instruments acoustiques et les nouvelles technologies liées à l'informatique musicale. De ces travaux naîtra un cycle de pièces interactives pour différents instruments : Sonvs ex machinacomprenant Jupiter , Pluton , La Partition du Ciel et de l'Enfer et Neptune.

De 1983 à 1987, Philippe Manoury est responsable de la pédagogie au sein de l'Ensemble InterContemporain. Il est professeur de composition et de musique électronique au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Lyon, de 1987 à 1997. De 1995 à 2001, il est compositeur en résidence à l'Orchestre de Paris. De 1998 à 2000, il est responsable de l'Académie Européenne de Musique du Festival d'Aix-en-Provence. Il a également animé de nombreux séminaires de composition en France et à l'étranger (Etats-Unis, Japon, Finlande, Suède, République Tchèque, Canada). Entre 2001 et 2003, Philippe Manoury est compositeur en résidence à la Scène nationale d'Orléans.

Philippe Manoury a obtenu le Grand Prix de composition de la Ville de Paris 1998. La SACEM lui a décerné le prix de la musique de chambre en 1976, le prix de la meilleure réalisation musicale pour Jupiter en 1988 et le Grand Prix de la musique symphonique en 1999. Son opéra, K..., s'est vu décerner en 2001 le Grand Prix de la SACD, le Prix de la critique musicale et, en 2002, le Prix Pierre Ier de Monaco.

Parmi ses récentes créations, on peut citer : On-iron, (vaste cycle pour chœur, percussions, vidéo et électronique, créé par Accentus en Mars 2006), Partita I (pour alto et électronique créé par Christophe Desjardins à Villeurbanne en Mars 2007) , Cruel Spirals (pour soprano et ensemble créé à New-York et Chicago en septembre 2007), Abgrund (pour grand orchestre créé par Kent Nagano au StaatsOper de Munich en Novembre 2007) et Terra Ignota (pour piano et orchestre en Février 2008 à Paris).

Philippe Manoury prépare actuellement un grand quatuor à cordes avec électronique en temps-réel. Ses prochaines créations seront orientées vers un nouvel opéra et un concerto pour violon et orchestre.

Depuis l'automne 2004, Philippe Manoury partage son temps entre l'Europe et les Etats-Unis, où il enseigne la composition à l'Université de Californie de San Diego.

Les œuvres de Philippe Manoury sont publiées au sein du groupe Universal par les Editions Durand.

Septembre 2008.

(source philippemanoury.com)

Transcription

Philippe Manoury
Je crois que pour moi c'est très important d'avoir cette idée d'échange et cette idée de pouvoir partager comme ça des convictions musicales, ou des convictions intellectuelles, ou esthétiques avec des gens qui, même parfois, sont très différents, mais avec lesquels on se retrouve, il y a un terrain commun sur lequel on peut se retrouver. Et moi, c'est une idée qui me tient beaucoup à coeur. Et effectivement, ça passe par une certaine rigueur, je dirais pas une rigueur sévère mais une rigueur intellectuelle, c'est-à-dire qu'il est évident qu'il y a des compositeurs avec lesquels je ne peux pas avoir d'échange. C'est-à-dire que tout, pour parler très rapidement, tout le style néotonal, retour à la tonalité, je veux dire, c'est trop éloigné de moi pour qu'il y ait un échange. Et je trouve que là il y a trop de paresse intellectuelle là-dedans. Ce qui me gêne c'est qu'à partir du moment où des musiciens disent que l'oreille est confortée dans un certain confort d'écoute, dans certaines habitudes d'écoute, donc il faut travailler dans le sens des habitudes. Je ne dis pas qu'il faut travailler contre les habitudes parce que cela aussi il ne faut pas travailler avec l'excès contraire, mais il faut déstabiliser l'écoute quelque part. Il faut déstabiliser et proposer quelque chose qui soit du domaine de l'inouï. Et moi, c'est vrai que dans tout ce que je fais dans la musique électronique, c'est quelque chose que j'essaie de développer qui est du domaine de l'inouï, parce que c'est une musique pour laquelle il n'y a pas d'histoire et je m'attache beaucoup à créer disons, quelque chose qui pour moi est inouï, qui n'a pas existé et qui n'appartient pas à une période historique. Et cela, c'est aussi une démarche qui était très forte dans ces années là, 50 et 60.