Denis DUFOUR, Voix off

14 mai 2005
04m 46s
Réf. 00376

Notice

Résumé :

Voix Off' fait partie de ces nombreuses œuvres acousmatiques à texte, à mi-chemin du poème symphonique et du hörspiel, créées par Denis Dufour sur un texte ou un argument de Thomas Brando: Charge Maximale, Messes à l'usage des vieillards, Messe à l'usage des enfants, Bazar Punaise, Flèches, Notre besoin de consolation est impossible à rassasier [sur un texte de Stig Dagerman], Chanson de la plus haute tour...

Type de média :
Date de diffusion :
14 mai 2005
Personnalité(s) :
Autres lieux :

Éclairage

Durée Totale 90'

"Voix Off' fait partie de ces nombreuses œuvres acousmatiques à texte, à mi-chemin du poème symphonique et du hörspiel, créées par Denis Dufour sur un texte ou un argument de Thomas Brando : Charge Maximale, Messes à l'usage des vieillards, Messe à l'usage des enfants, Bazar Punaise, Flèches, Notre besoin de consolation est impossible à rassasier [sur un texte de Stig Dagerman], Chanson de la plus haute tour...

Ici encore, sont réunis comme dans Bazar Punaise, des fragments, des bribes, des voix. Mais là proprement intérieures, comme les dernières phrases d'un rêve que l'on entend en écho au réveil et que l'on se presse de noter avant qu'elles ne sombrent pour toujours dans l'oubli. Pas de discours donc, ni même de monologue, pas non plus de corpus poétique en soi. Juste des esquisses, des notes jetées en vrac sur un carnet à spirale et extériorisées, révélées, des flashes, des éclats arrachés à la matière brute et indistincte d'une sorte de maelström personnel que nous trimballons tous, fait de pensées, de désirs, de déceptions et de projets, et que le langage formule en nous par une sorte d'automatisme mystérieux, dont Wim Wenders a saisi la polyphonie secrète dans son film Les Ailes du désir en 1987.

Devant un paysage traversé, l'horizon des montagnes qui défile à travers les vitres d'un train, noyé dans une rivière à l'étiage pour se rafraîchir ou couché dans un pré fauché dans le soir, chevauchant un cheval fou furieux lancé à fond dans une pente rocheuse en tous sens, dans un hôtel de luxe de Saint-Moritz où on s'apprête à l'interner en maison de santé, le narrateur à double voix de cette errance verbale donne un contrepoint à des impressions purement visuelles procurées par la musique. Cette errance, elle est comme étrangère en même temps qu'indissociablement liée à un lieu, à un instant, lieu instant et circonstance qui ressurgissent si bien quand le hasard d'un nouveau vagabondage mental nous fait retrouver par le circuit pré-imprimé de la pensée une de ces bribes, une de ces veines gonflées de sensations, sur un air de déjà vu...

Avec un projet réellement cinématographique, Dufour construit par ailleurs des ambiances, des morphologies naturelles réinventées pour lui planter un décor grandiose et métaphysique, une sorte d'écho hors du corps et capable de convoquer en nous toutes les impressions, toutes les rêveries éveillées que notre inconscient nous souffle de vivre pour de bon, à nos risques et périls... "Que ces formes provoquent des réactions psychologiques nouvelles et différentes ne présente aucun doute, et l'on peut dire que cette nouvelle musique s'adresse surtout à l'inconscient" disait Ussachevsky."

(J. N.)