Pierre SCHAEFFER, Étude aux objets

1959
03m 39s
Réf. 00010

Notice

Résumé :

À travers cette étude de l'objet sonore, on cherche à établir de nouveaux critères musicaux (autres que les traditionnelles hauteurs et durées), à partir desquels on espère pouvoir élaborer le solfège de la nouvelle musique.

Type de média :
Date de diffusion :
1959
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Éclairage

Durée totale (Etude aux objets 1959) : 17'10

Extrait : 1er mouvement : Objets exposés

Ces études marquent, après quatre années d'interruption, le retour de Pierre Schaeffer à la musique concrète. Il s'agit de dresser le bilan des activités passées, des découvertes et des déceptions. 1958 est l'année de la création du Groupe de Recherches Musicales (GRM). Un travail de recherches méthodiques sur la matière sonore et la nature du " musical " est entrepris, dans la ligne du " solfège concret " esquissé en 1952. Cette recherche fondamentale aboutira à la rédaction du volumineux Traité des objets musicaux (1966).

Aux compositeurs du jeune GRM (Luc Ferrari, François-Bernard Mâche, Claude Ballif, Ivo Malec, André Boucourechliev, etc.) il est demandé d'expérimenter en réalisant des études plutôt que de composer des œuvres. C'est à ce précepte que Schaeffer se conforme avec ses trois Études de 1958-59. Ici, nulle recherche d'expression, mais, autant que possible, des études " d'après nature " – c'est-à-dire d'après l'objet sonore plutôt que d'après la subjectivité du compositeur. " C'est l'objet qui a quelque chose à nous dire... ".

À travers cette étude de l'objet sonore, on cherche à établir de nouveaux critères musicaux (autres que les traditionnelles hauteurs et durées), à partir desquels on espère pouvoir élaborer le solfège de la nouvelle musique.

" J'avais noté en effet que nombre de corps sonores naturels offraient des structures remarquables, tant par la composition harmonique que par le profil dynamique, tant par les lois d'entretien et d'extinction du son que par son évolution mélodique, harmonique et dynamique. Tous ces êtres ont été mal entendus et peu écoutés jusqu'alors " (Schaeffer, 1959).

Les Études sont au nombre de trois, successivement Étude aux Allures, aux Sons animés et aux Objets. Elles se présentent donc dans un ordre allant du plus précis au plus général. Les objets sonores sont en effet ce sur quoi porte la recherche musicale en général. Les sons animés sont des objets particuliers, et les allures (cf. ci-dessous) un phénomène particulier ne se rencontrant qu'auprès de certains d'entre eux.

Les Études aux Allures, et aux Sons animés furent créées à l'Exposition Internationale de Bruxelles le 5 octobre 1958. l'Étude aux Objets fut créée à Paris, salle Gaveau, le 30 juin 1959. Toutes trois, après révision, furent reprises aux Halles Baltard, à Paris le 26 février 1971.

Olivier Messiaen nota leur dépouillement et la disparition — par rapport aux œuvres concrètes de la première période — de " toute angoisse surréaliste " et de " toute littérature ".

Les principales règles qui ont présidé à leur composition sont les suivantes :

1. Limitation à un nombre restreint de matériaux (objets) de base. Ce n'avait pas toujours été le cas pour les travaux du début.

2. Limitation des manipulations sur le son. Ou principe du " respect " de l'objet sonore, – au lieu de considérer le son comme un matériau malléable à merci. La puissance des machines (et davantage encore celles d'aujourd'hui) permet en effet de créer une multitude de sons différents à partir d'un seul, sans que soit garantie aucune homogénéité entre eux. Ce principe est aussi une manière de donner la primauté à l'oreille et de se garder de décisions intellectuelles a priori et non justifiées.À noter également l'utilisation des microphones, qui sont moins utilisés ici comme outil à créer des sons inouïs que comme outils à observer et à scruter les sons, afin de rendre les matières sonores avec le plus d'acuité possible. Car le microphone a ce pouvoir de révéler l'audible de la même façon que le microscope révèle le visible.

3. Mise en avant du montage. Celui-ci permet de juxtaposer et d'articuler les objets entre eux lisiblement, afin de faire apparaître et de déterminer, par leur assemblage, le discours musical.