New York New York, a big Apple, histoire du Hip-hop

05 septembre 1984
07m 04s
Réf. 00004

Notice

Résumé :

Réalisé à New York, ce reportage (comprenant de nombreux trucages vidéo) est consacré à la Zulu Nation,fondée à New York au début des années 70, et à l'origine de la culture hip hop.Le journaliste Bernard Zechri interviewe Afrika Bambataa, disque jockey du Bronx, créateur de la Zulu Nation, organisation réunissant des artistes s'exprimant à travers le break dance, le rap ou l'art du graffiti.

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05 septembre 1984
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Éclairage

Afrika Bambaataa, le King de la Zulu Nation

Tout le monde, même la nouvelle génération hip-hop se revendique de lui, Afrika Bambaataa, rapper noir américain né dans le Bronx. En 1963, alors qu'il est membre du gang des Black Spades, un film le marque. Il s'agit de Shaka Zulu avec Michael Caine en référence à un roi zoulou qui lutta contre la colonisation anglaise. Il garde cela en tête et en 1973 dans le ghetto de Bronx River, il crée un premier groupe Organization qui fédère des acteurs du mouvement hip-hop dont il définit les fondements éthiques. En janvier 1975, son meilleur ami Soulski, décède à la suite d'une fusillade lors d'une intervention de la police dans une rixe entre les Black Spades et un autre gang. Afrika Bambaataa quitte son gang et décide alors, de concrétiser l'idée de the Organization en la renommant Zulu Nation. S'éloignant de la violence comme mode d'expression, il réunit de jeunes individus pacifiques qui dansent, graffent ou pratiquent le Djing. Prenant la défense des opprimés comme il le dit dans ce reportage, le DJ et les quatre autres membres fondateurs du groupe recrutent et le mouvement hip-hop devient international. Le DJ français Dee Nasty est par exemple un de ses célèbres membres. Depuis lors, chaque année l'Universal Zulu Nation célèbre son anniversaire en organisant à New York une soirée dédiée à James Brown et à Sly Stone, renouant ainsi avec les soirées mythiques au Roxy à New York.

La Zulu Nation est une fédération d'artistes, notamment issus des courants migratoires mais elle aussi une façon de mettre à l'abri les jeunes des ghettos contre les violences meurtrières. Si certains principes sont dictés afin d'éviter les dérives (les drogues dures notamment, leur consommation et leur commerce), on est loin d'un manuel de catéchisme. Personne ne fait vœu de chasteté ou de pauvreté. Afrika Bambaataa a vendu des millions d'albums. On remarque d'ailleurs dans le documentaire que le graff infiltre assez rapidement les galeries, comme le rap les labels. La danse demeure comme partout ailleurs le parent pauvre.

En résumé et comme écrit par ses fondateurs : «l'Universal Zulu Nation n'est ni une secte, ni un club dont il faut être membre, ni une élite à l'intérieur de la culture hip-hop, ni une entreprise à but lucratif, ni un groupe de musique ou de danse.

Un Zulu n'est ni un non-fumeur, ni un anti-alcool, ni une personne plus ou moins vertueuse que la moyenne des gens ».

Marie-Christine Vernay

Transcription

(Musique)
Bernard Zechri
Afrika Bambaataa, qui c'est ? C’est le DJ le plus connu de New York, le master de l’electro funk. Son disque, Planet Rock en 82 a donné un coup de manivelle à cette musique : il en a vendu plus d’un million à travers les Etats-Unis. A suivi, après Planet Rock , un disque qui s’appelle Looking for the perfect beat , avec son groupe Soulsonic Force ; disque qui a eu un très, très grand, un très bon accueil aux Etats-Unis et était reconnu comme un des meilleurs [inaudible] par le New York Times, etc. Il y a aussi plusieurs autres groupes, Shango notamment, avec qui il vient de faire un album en collaboration avec le groupe Material, et un autre groupe qui s’appelle Time Zone. Alors, mais Afrika Bambaataa, ce n’est pas seulement un musicien, à New York c’est aussi un symbole, c’est aussi le roi de la Zulu Nation. Il est, on peut considérer, à la folk music, ce qu’a pu être dans le passé Sly Stone ou Parliament Funkadelic, ou James Brown. Il vient du Bronx et il est avec nous là, on va pouvoir discuter un peu avec lui. Donc, vous êtes le roi de la Zulu Nation ?
Afrika Bambaataa
J’en ai eu l’idée en 1963 en voyant un film Zoulou avec Michael Caine. Il s’agissait d’Anglais qui essayaient de conquérir une terre qui ne leur appartenait pas. C’est ce qui se passe en Afrique du Sud aujourd’hui. J’avais toujours rêvé d’avoir un groupe Zulu à moi, je les ai toujours respectés, j’ai toujours été pour le plus faible, l’opprimé. S’il s’agissait de John Wayne contre les Indiens, je prenais parti pour les Indiens contre John Wayne. Si c’était des Zoulous contre les Anglais, je prenais le parti des Africains contre les Anglais ; ou encore, si c’étaient les Maures contre les Chrétiens, j’étais pour les Maures. J’ai vécu l’époque où les Noirs essayaient de survivre, les étudiants se révoltaient contre le système américain, l’époque du Vietnam. Conscient de ce qui se passait autour de moi, je militais pour les droits de l’homme. C’est à partir du film Zoulou que j’ai pris conscience de leur fierté et de leurs revendications. J’ai décidé d’avoir un groupe Zulu plus tard, j’ai d’abord lancé un groupe The Organization, puis, j’ai fondé la Zulu Nation. Nous n’étions que cinq alors, ce n’était pas la Zulu Nation mais les rois Zulus. Ils se sont mis à danser le break, à recruter de nouveaux membres, à gagner des concours. D’autres se sont joints à nous. Entre les cinq premiers, un lien très fort s’est créé. Gagner des concours, recruter, nous a amené plus de monde et nous avons formé la Zulu Nation. Ensuite, des rappers, breakers, graffitistes sont venus. Au départ, ils nous regardaient faire, protégeaient la sono de nos disc jockeys qui en avaient besoin. Nous avons alors progressé. Nous nous sommes trouvés dans le courant des gens du métier, ceux qui chantaient ou ceux qui produisaient des disques. Beaucoup de ceux qui sont liés au rap sont de la Zulu Nation. Comme Grand Mixer, DST, Infinity Rappers, Solo Sound, Cold Cross Brothers font aussi partie de la Nation. Et The Jazzy 5, Shango, Soul Sonic Force, people Time Zone, Fab 5 Freddy et Beside qui ont rejoint le groupe.
(Musique)