Fluxus game, interview de Farid Berki

16 janvier 2015
03m 33s
Réf. 00006

Notice

Résumé :

Du hip hop , de la danse, du jonglage avec " Fluxus Game" , chorégraphie de Farid Berki . Le chorégraphe est interrogé dans la salle de théâtre de Suresnes où est produit son spectacle. Il explique sa démarche, son goût pour la traversée des frontières, étant lui même métis, qualifiant le hip hop comme hybride par excellence.

Date de diffusion :
16 janvier 2015
Personnalité(s) :
Thèmes :

Éclairage

Farid Berki, du lino à l'abstraction

Farid Berki, un des ch'ti du hip hop n'en est pas à sa première fredaine. Non par esprit belliqueux ni traite au mouvement hip hop, il a toujours pris des chemins de traverse. Un des pionniers dans le nord , il s'est vite affranchi des modèles américains tout en conservant les bases de la discipline. Après avoir dansé un solo sur une musique flamenca et revisité Petrouchka, une de ses pièces plus récentes de 2011, Vaduz 2036, il aborde l'abstraction. Il y fait référence à Kandinsky, peintre et sculpteur qui abandonna le figuratif.

Pour lui, il ne s'agit pas de briller en société ou de séduire le milieu des bien penseurs mais de conjuguer son passé vécu au présent à inventer. Kandinsky, enfant, il le voyait partout : « jusque sur le lino des toilettes» dans sa petite maison familiale d'ouvriers. Ce souvenir est remonte jusqu'à la création de Vaduz 2036, une pièce débarrassée de toute anecdote, de tout propos social ou politique. Écrite en boucle avec une attention particulière pour des détails qui sont comme des précipités de sens, des accélérations du temps, la chorégraphie est abstraite. La partition utilise le vocabulaire hip-hop en le décalant, en le stoppant dans ses élans, en le déconstruisant. Pour exemple, les robots électrisés du hip-hop deviennent ici les cousins des bonshommes d'Oskar Schlemmer, peintre et chorégraphe allemand qui fut professeur au Bauhaus.

Il n'est pas le seul à ouvrir des voies nouvelles et ce n'est pas récent. Au milieu des années 80, le groupe Traction Avant de Vénissieux (69) lie déjà le hip hop, la danse contemporaine et le butoh. Un autre ch'ti Brahim Bouchelagem travaille avec des danseurs russes et les haïkus de Carolyn Carlson. D'autres revisitent le répertoire romantique français comme Sébastien Lefrançois. Le hip hop ne cherche pas ses racines, il les connaît trop bien. Il investit des terrains peu déchiffrés, jusqu'à la danse « documentaire » d'Hamid Ben Mahi.

Marie-Christine Vernay

Transcription

(Musique)
Journaliste
Avec son goût pour les mélanges, Farid Berki est l’un des chorégraphes hip-hop les plus créatifs de sa génération et c’est ici, au Théâtre de Suresnes, qu’il présente sa toute nouvelle création, Fluxus Game, une pièce trois en un qui mélange le hip-hop, le classique et les arts du cirque.
(Musique)
Journaliste
Farid Berki, vous qui aimez le mélange des genres et des styles, quelle est l’idée de Fluxus Game ?
Farid Berki
Alors l’idée de Fluxus Game , c’est de monter un spectacle en trois parties, on fait trois spectacles qui n’en font qu’un seul.
(Musique)
Farid Berki
Vous savez, comme dans les dessins animés où il y a un personnage qui sort du film et pour aller dans un autre film.
(Musique)
Journaliste
Pourquoi vous aimez cette hybridation, créer des ponts ? C’est un besoin ou c’est…
Farid Berki
Non, c’est existentiel, on va dire. Non seulement, je suis métis mais en parallèle à ça, j’ai eu la chance de vivre pendant toute ma jeunesse à la frontière avec un autre pays. Et donc, je suis un travailleur frontalier et j’adore traverser les frontières.
Journaliste
Pourquoi, d’après vous, le hip-hop est un formidable terreau qui se mélange à d’autres arts ?
Farid Berki
Ben parce qu’il est hybride au départ, puisque, c’est-à-dire, dans le hip-hop, on emprunte aux danses traditionnelles africaines, mais aussi aux claquettes irlandaises ; on emprunte aussi au cinéma, à Buster Keaton ou à Chaplin, on emprunte aux dessins animés.
(Musique)
Journaliste
Autre élément apporté, le jonglage, qu’est-ce que ça apporte au spectacle ? On va leur demander.
Thomas Dequidt
Ben le travail du corps, il enrichit vachement le jonglage.
John Martinage
Le rapport à l’objet, il est présent dans le hip-hop déjà, par rapport à l’espace urbain, on s’entraîne toujours dans des endroits différents ; donc là, une balle, ça amène d’autres gestes, c’est intéressant.
(Musique)
Journaliste
On se quitte avec l’agenda et trois idées de sortie pour ce week-end avec tout d’abord le festival Faits d’Hiver, un rendez-vous parisien entièrement dédié à la danse contemporaine qui propose au public de découvrir des petites salles très actives dans la vie sociale et artistique de leur quartier. Au total sept lieux comme Le TARMAC, dans le 20ème ou encore Micadanses dans le 4ème, qui présente le travail de onze chorégraphes en devenir, dont sept créations qui raviront les amoureux de ce répertoire contemporain en perpétuelle mutation.
(Musique)
Journaliste
Le Palais de Tokyo accueille le chanteur britannique Charlie Winston pour un mini-concert unique, une sorte de friandise avant son passage à la Cigale, prévu fin mars et à la sortie de son album le 26 janvier. Le chanteur à tubes que l’on avait connu grunge et pop rock signe des paroles plus intimes et une musique moins énervée, davantage bohême ; une sorte de voyage personnel dans lequel Charlie devient son propre musicien ; jouant lui-même de tous les instruments, sauf la batterie : une vraie performance.
(Musique)
Journaliste
Un rendez-vous original et précurseur enfin, avec la septième édition du festival Belly Fusions. Un festival qui, comme son nom l’indique, fusionne des danses tribales et des danses orientales avec d’autres styles de danses pendant trois jours. Quinze compagnies internationales vont donc décloisonner les univers et proposer, par exemple, du tambour oriental, de la tribale fusion ou encore du hip-hop revisité. Un programme laboratoire complété par une vingtaine de stages thématiques, c’est au Théâtre Ménilmontant, avis donc aux curieux.
(Musique)
Présentateur
Voilà, beaux programmes, il me reste…