Le Krump, nouvelle danse issue du hip- hop et des danses tribales africaines

30 avril 2006
01m 52s
Réf. 00002

Notice

Résumé :

Présentation d'une nouvelle danse, le krump, aux mouvements saccadés et au rythme effrénée, venue des ghettos de Los Angeles. C'est le groupe Diamontz, composée de jeunes filles qui nous en livre une démonstration. Deux de leurs danseuses évoquent le côté à la fois énergique et libérateur de cette chorégraphie. Le sociologue Antoine Garnier le remet dans un vecteur social.

Type de média :
Date de diffusion :
30 avril 2006
Source :
RFO (Collection: JT 19h30 )
Thèmes :

Éclairage

Danseurs de Krump en leur puissant royaume

Il ne faut surtout pas les confondre avec des hip hoppers, bien que certaines figures ou des manières d'être les relient. Ce sont des krumpers. Ils construisent et solidifient leur royaume, le Krump, acronyme de Kingdom Radically Uplifted Mighty Praise que l'on pourrait traduire par «louanges puissantes au royaume radicalement soulevé», ce que le chorégraphe contemporain Heddy Maalem a heureusement raccourci pour un de ses spectacles avec des krumpers : Eloge du puissant royaume. Encore un mouvement né en 2 000 aux Etats-Unis, grâce au clown Tommy. Tight Eyez et Big Mijo, (25 et 27 ans) en sont des initiateurs. Ils ont grandi à South Central, l'un des quartiers les plus violents de Los Angeles. Ils appartiennent à une communauté qui a ses règles - dont le respect total de l'autre -, ses familles hiérarchisées, ses membres cooptés après des combats titanesques. Non seulement le «maître» ou «père» choisit ses «enfants», mais l'ensemble d'une famille doit être convaincu par la danse d'un postulant. Grichka, alias Monsta NY Madness, du collectif parisien Madrootz, est de la famille de Tight Eyez alias NY Madness, auprès duquel il se forma pendant quatre ans. Il a lui-même constitué sa propre descendance, notamment avec Sista Grichka, alias Needlez. Ces arborescences qui constituent la communauté permettent de distinguer les styles et d'écrire l'histoire du mouvement.

Les jeunes femmes filmées dans ce reportage par RFO du groupe Diamontz racontent bien les bases de cette discipline à l'aspect violent et guerrier. Ce sont leurs avatars qui dansent, leurs personnages imaginaires. «C'est une expression, dit Nella Nella, l'une d'entre elles, un message, comme si on se délivrait du mal ». On pourrait y voir quelque chose de similaire avec la transe mais leurs personnages viennent plutôt des films d'horreur. Comme en témoignent des jeunes qui ont travaillé avec Heddy Maalem. Wladimir Jean dit qu'il est tout à la fois «un gangster , un demi-monstre et un tordu qui met une balle dans la télé». Anthony Jean est «un tigre et un corbeau qui annonce le malheur». Emilie est «la continuité du fleuve de mes ancêtres». Anthony-Claude n'a pas de chance, son personnage est un jumeau, ce qui complique la donne : «Je suis un personnage complexe. Il est à la fois un justicier, mais un justicier qui peut punir en faisant du mal. C'est vraiment trash , gore». Rize, le documentaire de David LaChapelle (2005) est en la matière (krumping et clowning) une référence.

Marie-Christine Vernay

Transcription

Journaliste
Mouvements saccadés, contorsions improbables, le tout exécuté sur un rythme effréné, c’est du krump, une danse venue des ghettos de Los Angeles. Kéké, Nella Nella, C-C et Nadrina appartiennent à la toute petite famille de krumpers de France. Cette danse, elles l’ont découverte au détour d’un voyage ou à travers les clips de rap américain. Pour toutes, c’est le coup de foudre.
C-C
A la base le krump, c’est quelque chose de très physique et beaucoup d’hommes le font, et pas beaucoup de femmes, malheureusement. Mais nous, on a trouvé ça bien et on a décidé de, en tant que femmes, de le faire.
Journaliste
L’osmose qui se crée entre le public et les krumpers est parfaite. Mais en France, peu de danseurs ont osé se lancer dans l’aventure.
Antoine Garnier
Pour que ça fonctionne en France, il faut que, au-delà de l’aspect strictement esthétique, on en comprenne le vecteur social, parce que il y a une énergie ; que l’on ne retrouve que la base qui est strictement américaine, qui est strictement nord-américaine, qui est strictement la culture de l’Ouest parce que c’est quand même là où se trouve Hollywood. Pour que ça fonctionne en France, il faudrait que on comprenne ces paramètres.
Journaliste
Au-delà de la performance physique et de la beauté du geste, le krump est aussi, pour ces jeunes filles, vecteur de spiritualité.
Nella Nella
Le krump, c’est quelque chose, c’est un message, c’est une expression à travers cette danse, c’est comme si on se délivrait du mal. Le mouvement, c’est comme si c’était des gestes de délivrance. On demande à ce qu’on soit purifié et puis voilà quoi. Ceux qui ne comprennent pas, ils trouvent ça bizarre, mais ceux qui comprennent, ils iront plus loin après.
Journaliste
Même si les krumpers restent peu nombreux, le succès de ce mouvement est bien réel. Alors, mode ou phénomène de société, pour ces danseuses, la réponse c’est simple, le krump, on l’a ou on ne l’a pas.