Noël à Vienne, quadrille français

01 janvier 1996
05m 54s
Réf. 00704

Notice

Résumé :

Les ballets Viennois Pannonia, accompagnés par le Budapest Symphony Orchestra, dansent "Kakadu Quadrille" de Johann Strauss.

Type de média :
Date de diffusion :
01 janvier 1996

Éclairage

Dénichées en Angleterre par les Maîtres à danser de notre Roi Soleil, elles ont aussi alimenté les bals durant tout le XVIIIe siècle. Puis, au milieu du XIXe, elles donnèrent naissance aux quadrilles. On dit LES quadrilles parce qu'il y en eut plusieurs, le plus connu étant le Quadrille des Lanciers, même si le premier fut, apparemment, le Quadrille Français. Mais il y eut aussi le Quadrille valsé, le Quadrille des Variétés (un ensemble très original créé par les enseignants célèbres de l'époque, et reprenant les meilleures figures et pas des quadrilles connus à l'époque).

L'ensemble du Quadrille Français, donc l'un des premiers, est très structuré et généralement dansé de la même façon. Mais il n'y a là aucune obligation, et c'est le cas dans l'extrait vidéo associé à ce texte, à propos duquel il faut préciser que le style adopté pour cette représentation est un style classique, et non populaire. Il comporte cinq « figures », qui sont : le pantalon, l'été, la poule, la pastourelle et la saint-simonienne ou galop final. Et chaque figure est elle-même divisée en « pas de danse ». Par exemple, dans le pantalon, on trouve des chaînes, tours à deux mains, chaînes des dames, demi-queues du chat, en-avant deux, en-avant trois, etc...

Une progression s'observe aussi dans cette structure : dans le pantalon (appellation qui évoque les « Sans-culottes de la Révolution Française »), chaque cavalier ne danse qu'avec sa propre partenaire. Dans la seconde figure, l'été, il a l'occasion de faire quelques pas avec son «vis-à-vis», c'est-à-dire la partenaire du couple qu'il a en face de lui. Dans la poule, les couples dansent deux à deux. Lors de la pastourelle, chaque homme a l'occasion de danser avec deux femmes (énorme progrès !). Enfin, dans le galop qui est généralement très rapide, c'est l'éclatement dans la joie de ce pas et la disparition des couples dans la salle qu'ils traversent de façon effrénée, dans tous les sens et à grande vitesse.

Après ce principe de formes, figures et pas de danse, qui font partie des prérequis pour participer à ce type de danse, il faut signaler l'aboyeur, le Maître de danse qui nomme, rappelle et crie, au fur et à mesure, les noms de chaque figure, comme vous le verrez symbolisé dans l'extrait vidéo.

Mais, la suite des figures du quadrille peut tout aussi bien être inventée en direct. Dans ce cas, la danse se crée dans l'instant, et se trouve ainsi toujours renouvelée. Inutile de dire que la musique est alors elle aussi choisie, exécutée en direct et parfaitement adaptée au rythme exigé par le pas de danse demandé (rythme de valse, de polka, de galop ou autre). L'aboyeur doit aussi avoir une compétence très affinée de l'ensemble des possibilités et aussi des impossibilités, de façon à ce que tous les danseurs terminent, au bout d'un chant parfaitement orchestré, dans leur position de départ. Autant dire : une gageure dans certains cas.

Ces contredanses et ces quadrilles s'exportèrent évidemment d'abord par l'aristocratie et la haute bourgeoisie, en particulier par les colons des terres françaises d'Outre-Mer. Par exemple, les Français de Saint-Domingue apportèrent ces cultures dans leurs bagages et s'amusèrent beaucoup, pour égayer leurs soirées et aussi pour « faire société », devant leurs domestiques. Chassés de Saint-Domingue au début en 1806, ces Français et leurs danses émigrèrent vers l'est de l'île de Cuba, furent adoptés par les Cubains qui les pratiquèrent en imitant leurs maîtres blancs.

Ce fut l'époque de la contradanza, puis de la danza, enfin du danzõn (1880)... Qui dériva en son (1920), mambo (1949), puis en cha-cha-cha (1951), enfin, en salsa de nos jours. Et la boucle est bouclée.

Les quadrilles apparaissent ainsi réellement comme des « danses de société » par excellence, ce qui explique qu'elles aient été énormément exportées.

Christian Dubar