Voyage à Foix et à Perpignan

16 février 1959
09m 43s
Réf. 00028

Notice

Résumé :

En voyage officiel dans le sud de la France, le général de Gaulle passe à Foix et à Perpignan où il prend un bain de foule et prononce un rapide discours, appelant à la solidarité de tous les Français pour accompagner le pays sur la voie du renouveau et préparer un avenir prospère. Il conclut son discours en chantant "La Marseillaise", reprise en choeur par la foule.

Type de média :
Date de diffusion :
16 février 1959

Éclairage

De février 1959 à juin 1965, le général de Gaulle réalise un gigantesque tour de France qui le conduit d'un bout à l'autre de la métropole, dans toutes les provinces, dans toutes les régions. C'est pour lui l'occasion de créer un contact direct avec les Français, de "récolter des moissons d'impressions et de précisions pratiques" sur les grandes questions de l'heure. C'est par le Sud-ouest qu'il entame sa tournée, qui le mène de Toulouse à Foix, de Perpignan à Lacq et à Pau.

L'après-midi du dimanche 15 février 1959, le général de Gaulle quitte la Préfecture de Foix puis reprend la route vers Perpignan, dans les Pyrénées Orientales, département alors rattaché à la région Midi-Pyrénées. La DS présidentielle décapotée, il salue les gens massés sur la route et dans les villages pavoisés pour l'occasion.

À son arrivée à Perpignan, il se rend sur les remparts du Castillet entouré des ministres Berthoin et Bouloche et du Général Bonneval. Une foule chaleureuse salue sa balade dans les rues de la cité.

Il prononce ensuite alors un vibrant discours, place de Loge, devant l'Hôtel de Ville : il vante "l'esprit du Roussillon" qui est aussi "l'esprit de la France", hymne à la solidarité entre Français et au resserrement des liens "qui nous tiennent tous attachés les uns aux autres". Il rappelle les efforts à fournir pour assurer la stabilité des institutions nouvelles et pour que rien ne puisse "prévaloir contre la France" car, dit-il, "il me semble que nous sommes devenus invulnérables". En ce mois de février 1959, le Général - qui n'a pas encore dévoilé ses projets pour l'Algérie et qui cultive le discours de l'ambiguïté - en appelle à la sérénité de tous. Enfin, il réaffirme sa foi en la France, en ses ressources et en ses vertus.

Diffusé au journal télévisé du lendemain, ce reportage était alors commenté en direct, mais les propos du journaliste n'ont pas été enregistrés : c'est pourquoi une partie du document est muette. Pour le général de Gaulle, la retransmission de ces voyages - qui confine au rituel - est essentielle : elle donne à voir et à ressentir la communion et l'unité entre les Français et leur président : "Au total, il se produit autour de moi, d'un bout à l'autre du territoire, une éclatante démonstration du sentiment national qui [. . .] apparaît ensuite partout grâce à la télévision." (Mémoires d'Espoir - Le Renouveau).

Aude Vassallo

Transcription

(Silence)
Charles de Gaulle
Merci, merci, merci, merci ... Après ce que nous avons traversé, depuis tantôt 18 ans, il me semble que nous sommes devenus invulnérables. Et je crois bien que nous sommes en train de le prouver, de nous le prouver avec nous-mêmes, de le prouver au monde entier. Et c'est pourquoi avec sérénité très simplement, je vous dis mes chers concitoyens, mes chers compatriotes de Perpignan, je vous le dis : ne le répétez pas, je n'ai pas peur de la catastrophe. Je suis sûr qu'en restant nous-mêmes, en nous tenant bien ensemble, solidaire entre français, rien ne pourra prévaloir contre la France. Nous en avons tant vu déjà ensemble, et nous avons tant surmonté que maintenant nous sommes sûrs du reste. Il n'en est pas moins vrai que l'effort est nécessaire. Vous savez que cet effort la Nation entière est en train de l'accomplir. Et je sais que dans votre Roussillon, en particulier, on ne plaint pas son effort, on ne plaint pas sa peine, qu'on en est fier. Même, même quand parfois on n'en récolte pas tout de suite tous les fruits que l'on voudrait.Mais on sait ici au moins aussi bien que partout ailleurs, que ce qui est fait compte toujours. Que ce qu'on a accompli, ce à quoi on a travaillé, n'est jamais, jamais perdu. Et puisque c'est l'esprit du Roussillon, eh bien, je souhaite, et que ce soit l'esprit de la France et je crois que c'est le cas, il y a entre nous tous, voyez-vous, où que soyons, qui que nous soyons, dès lors que nous sommes Français, il y a entre nous, une solidarité profonde, il y a une sorte de lien qui nous tient tous attachés les uns aux autres. Moi je le vois quand je suis devant vous, et vous, vous le voyez et vous le sentez quand vous êtes devant moi.
Foule
De Gaulle, De Gaulle, De Gaulle, .......
Charles de Gaulle
Oui, oui, la France est une seule chose, une seule grande chose, une chose humaine, pleine de confiance en soi et c'est justifié. Et l'avenir lui appartient. Au, au déclin de ma vie, j'en suis plus convaincu que je ne le fus jamais. Mais je sais que nos jeunes gens, je sais que nos enfants nombreux, ardents, plein de confiance en eux-mêmes, relèvent, prennent la relève de leurs aînés, et sont prêts à prendre la mienne. Ils tiennent, ils tiendront bientôt, le flambeau que nous avons tenu. Ils sont notre avenir, et d'avance à travers eux, avec vous tous, je salue cet avenir là. Mes chers compatriotes, de tout notre coeur, disons et pensons : Vive la République, vive la France, et si vous voulez bien, chantons ensemble ! Et si vous voulez bien, chantons ensemble pour en témoigner, l'hymne national : La Marseillaise. Allons enfants de la patrie Le jour de gloire est arrivé Contre nous de la tyrannie L'étendard sanglant est levé L'étendard sanglant est levé Entendez vous dans nos campagnes Mugir ces féroces soldats Ils viennent jusque dans nos bras Egorger nos fils et nos compagnes Aux armes citoyens Formez vos bataillons Marchons, marchons, marchons Qu'un sang impur Abreuve nos sillons.