Voyage à Saint Etienne

07 juin 1959
04m 10s
Réf. 00031

Notice

Résumé :

Lors d'un voyage à Saint-Etienne, le général de Gaulle s'exprime à la tribune sur la situation en Algérie ; il confie son espoir d'une pacification définitive du pays, et souligne les avancées démocratiques déjà mises en oeuvre dans ce but.

Type de média :
Date de diffusion :
07 juin 1959

Éclairage

De février 1959 à juin 1965, le général de Gaulle réalise un gigantesque tour de France qui le conduit d'un bout à l'autre de la métropole, dans toutes les provinces, dans toutes les régions. C'est pour lui l'occasion de créer un contact direct avec les Français, de "récolter des moissons d'impressions et de précisions pratiques" sur les grandes questions de l'heure. Après le Sud-ouest, le Centre, le Berry et la Touraine, le quatrième voyage officiel se déroule dans le pays minier du Massif central, une région qui n'est pas acquise (certains maires - élus ou réélus trois mois plus tôt - ont annoncé qu'ils ne se déplaceraient pas).

Le 7 juin 1959, après avoir visité le Puy-de-Dôme, le Général arrive dans la Loire et se rend sur la place de l'Hôtel de Ville de Saint-Etienne. Reçu par des notables, dont le préfet Dumont, il salue les mineurs qui ont gardé leur tenue de travail. En sortant de l'Hôtel de Ville, où lui a été faite la présentation des corps constitués, le président monte à la tribune et prononce son discours. Derrière lui, on reconnaît Pierre Lefranc, les députés de la Loire Eugène Claudius-Petit et Michel Jacquet, et le maire de Saint-Etienne, Alexandre de Fraissinette.

Moins de 3 mois auparavant, lors de sa conférence de presse du 25 mars 1959, le général de Gaulle avait levé une partie de l'ambiguïté, et derrière son discours, se profilait déjà l'idée de l'autodétermination (elle sera annoncée en septembre). A Saint-Etienne, il réaffirme que "le sort de l'Algérie se fera avec tous les Algériens". Mais aucune ligne dure n'est tracée : "je ne préjuge pas du moment où le destin politique de l'Algérie revêtira sa forme définitive. Nous verrons bien". Il rappelle aussi, fermement, que le "premier objectif du gouvernement" en Algérie, c'est le progrès pour tous (notamment grâce au plan de développement économique et social, défini le 3 octobre 1958 à Constantine).

Dans ce montage réalisé pour le journal télévisé, seul l'extrait où de Gaulle évoque l'Algérie a été conservé. Pour le général de Gaulle, la retransmission de ces voyages - qui confine au rituel - est essentielle : elle donne à voir et à ressentir la communion et l'unité entre les Français et leur président : "Au total, il se produit autour de moi, d'un bout à l'autre du territoire, une éclatante démonstration du sentiment national qui [. . .] apparaît ensuite partout grâce à la télévision." (Mémoires d'Espoir - Le Renouveau).

Aude Vassallo

Transcription

(Silence)
Charles de Gaulle
Oeuvre humaine au dedans d'elle-même, c'est ce que la France est en train d'accomplir. Oeuvre humaine en Algérie, c'est ce qu'elle est en train de faire. Il s'agissait, il s'agit toujours de faire en sorte qu'en Algérie, chacune, chacun ait à son tour la Liberté, l'Egalité et la Fraternité. Nous avons établi en Algérie, dès à présent, l'égalité des droits, que ce pays n'avait jamais connu. Et à partir de là, le développement suivra d'autant plus vite, bien sûr, et d'autant mieux que l'apaisement se produira plus vite. Mais inéluctablement, l'Algérie a commencé d'évoluer dans le sens démocratique, c'est-à-dire dans une voie où la volonté de ses enfants va s'élever et se faire connaître de plus en plus nettement, non pas par les mitraillettes mais par le suffrage, comme il convient en notre temps pour des hommes qui veulent être des hommes. Et puis, et en même temps que va se produire cette transformation politique, où le sort de l'Algérie se fera avec tous les algériens, la France a commencé ou plutôt continue une transformation profonde au point de vue économique et social, de manière à sortir tout ce pays de la misère. De manière à élever chacune et chacun vers la prospérité et vers la fraternité, de manière à ce que tous les enfants aillent à l'école. A ce que tout le monde y ait du travail et à ce que, encore une fois, toutes les femmes et tous les hommes d'Algérie se sentent à hauteur de leur propre destin humain. Cette immense oeuvre humaine, encore une fois, la France en prend la responsabilité avec les algériens. Je ne préjuge pas du moment où le destin politique ; comme on dit de l'Algérie, revêtira sa forme définitive. Nous verrons bien, l'essentiel est que l'évolution soit en route, que la France la conduise, que les algériens y participent avec nous tous, et je suis sûr de l'aboutissement.