Voyage à Narbonne

26 février 1960
02m 37s
Réf. 00050

Notice

Résumé :

Au cours d'un voyage officiel dans le Sud-Est, le général de Gaulle prononce un discours à Narbonne, où il évoque l'indépendance de la France, puis la question de la bombe atomique française. Il tourne en ridicule l'opposition systématique qui se manifeste à propos de cette bombe dans certains milieux.

Type de média :
Date de diffusion :
26 février 1960

Éclairage

De février 1959 à juin 1965, le général de Gaulle réalise un gigantesque tour de France qui le conduit d'un bout à l'autre de la métropole, dans toutes les provinces, dans toutes les régions. C'est pour lui l'occasion de créer un contact direct avec les Français, de " récolter des moissons d'impressions et de précisions pratiques " sur les grandes questions de l'heure. Le neuvième voyage officiel - du 25 au 28 février 1960 - se déroule dans le Languedoc.

Le 26 février, après avoir quitté Carcassonne et visité Limoux, le Général parvient à Narbonne. Là, une foule nombreuse et massée sur la place de l'Hôtel de Ville acclame de Gaulle lorsqu'il sort de la mairie du socialiste Francis Vals. Autour de lui se déploie le cortège d'officiels et l'on reconnaît Joseph Fontanet (le secrétaire d'État au Commerce extérieur) ou Louis Raymond-Clergue (le député de l'Aude).

Le discours est tout entier tourné vers la " politique de grandeur " poursuivie par le général de Gaulle, c'est-à-dire la création d'une troisième voie - entre Etats-Unis et URSS - pour que la France puisse peser de tout son poids sur le destin du monde. Mais cette politique exige d'être maître de sa défense militaire, et surtout, de rendre sa diplomatie crédible. Treize jours plus tôt, le 13 février 1960, la première bombe atomique française explosait à Reggane, dans le Sahara, et des voix s'étaient élevées à travers le monde pour condamner " cette démonstration de son propre progrès scientifique et technique ". Mais la France est devenue une puissance atomique, et elle peut désormais se tenir " debout à l'égard de ses amis ", sans que ceux-ci se transforment pour autant en " protecteurs ". Ainsi, le général de Gaulle cherche-t-il à créer un sentiment national qui permette de surmonter les clivages traditionnels de la vie politique et de renforcer le consensus autour de lui.

Ce document, qui n'est qu'un extrait du discours, a été diffusé au journal télévisé : il donne à voir et à ressentir la communion et l'unité entre les Français et leur président : "Au total, il se produit autour de moi, d'un bout à l'autre du territoire, une éclatante démonstration du sentiment national qui [. . .] apparaît ensuite partout grâce à la télévision." (Mémoires d'Espoir - Le Renouveau).

Aude Vassallo

Transcription

(Applaudissements)
Charles de Gaulle
Et puis aussi il faut que la France soit debout à l'égard de ses amis. On ne vit jamais seul dans le monde. Aujourd'hui surtout et moins que jamais, il faut avoir des alliés, c'est vrai ! Et la France, d'ailleurs, donne l'exemple de la fidélité à ses amis et à ses alliés. Mais il ne faut pas avoir de protecteur. C'est la raison pour laquelle...
(Applaudissements)
Charles de Gaulle
C'est l'autre raison pour laquelle la France, avec ses moyens et sans outrecuidance, a cru devoir rentrer dans la voie qui lui procurera l'armement, il faut bien le dire, nécessaire pour être elle-même. En même temps, elle fait ainsi la démonstration de son propre progrès scientifique et technique. Et ce n'est pas à monsieur le ministre chargé de l'énergie atomique, chargé aussi de la recherche scientifique et ici présent, qui me démentira. C'est une démonstration que la France a faite de ce qu'elle vaut. Elle ne veut pas le faire, bien entendu, pour menacer personne, et certains clans plus ou moins hystériques qui nous accusent de vouloir avec une deux centième expérience alors qu'ils n'ont rien dit pour les cent quatre vingt dix neuf précédentes, qui nous accusent...
(Applaudissements)
Charles de Gaulle
qui nous accusent de vouloir empoisonner l'humanité. Ceux-là, nous ne leur opposons, bien entendu, qu'une vaste ironie. Mais il faut que la France prenne conscience de ce que cela vaut pour elle et de ce que cela lui donne de force pour rentrer plus avant encore dans les grandes délibérations d'où, je le crois, et je le veux, sortira la paix du monde.
(Applaudissements)