Voyage en Amérique du Sud

18 octobre 1964
30m 46s
Réf. 00237

Notice

Résumé :

Du 21 septembre au 16 octobre 1964, le général de Gaulle accomplit un voyage qui le conduit dans les dix Etats du continent sud-américain. Au cours du voyage il prononce des discours en français et en espagnol, dans lesquels il encourage le développement des liens d'amitié et de coopération entre la France et l'Amérique du Sud.

Type de média :
Date de diffusion :
18 octobre 1964

Éclairage

Du 21 septembre au 16 octobre 1964, le général de Gaulle accomplit un triomphal voyage à travers toute l'Amérique latine, visitant successivement le Venezuela, la Colombie, l'Équateur, le Pérou, la Bolivie, le Chili, l'Argentine, le Paraguay, l'Uruguay et enfin, le Brésil (en mars 1964, il avait déjà rendu une visite officielle au Mexique). Pour le président français, il s'agit avant tout de créer des contacts avec cette autre Amérique, de lui prodiguer les mêmes encouragements d'indépendance qu'aux satellites de l'URSS, et d'inscrire ainsi la politique de la France comme une troisième alternative possible face au monde bipolaire. Les Etats-Unis, pour qui le continent américain tout entier est une " chasse gardée ", y voient quant à eux un nouvel affront - parmi d'autres - de la diplomatie française.

Cette édition spéciale du journal télévisé - dont l'extrait sélectionné ne se compose que de la première partie du voyage - retrace les grandes étapes de l'épopée du Général jusqu'en Argentine. Le journaliste de l'ORTF Jean Lanzi présente et commente le reportage.

Au Venezuela, à Caracas, le général de Gaulle est accueilli à sa descente de la Caravelle par le président Raúl Leoni. Dans les rues de la capitale, la population l'accueille avec entrain. Après un discours devant le Parlement, il se rend au palais de Miraflores, où on lui remet une décoration - " un collier qui nous vient de Bolívar lui-même " aurait-il dit : Simón Bolívar, figure de l'émancipation de l'Amérique latine, connaissait bien la France. Admirateur de Napoléon Ier (il assiste même à son couronnement), il vécut plusieurs années dans l'Europe des Lumières.

En Colombie, où le président Guillermo León Valencia doit affronter les multiples guérillas marxistes, le général de Gaulle arrive à Bogota le 22 septembre. Là, des milliers de Colombiens saluent le cortège présidentiel qui parcourt les rues de la capitale. Le lendemain, comme dans chacun des pays visités, le président français signe des accords de coopération économique et technique, visant à rapprocher l'Amérique latine de l'Europe.

En Équateur, pays régulièrement secoué par les coups d'État de la junte militaire, de Gaulle est accueilli par le contre-amiral Ramón Castro Jijón, président de ce régime autoritaire depuis 1963. Sur le balcon du palais national de la place de l'Indépendance, il prend la parole en espagnol, à la grande joie de la population de Quito, venue écouter le " caudillo ", le Général victorieux.

Au Pérou, à Lima, le général de Gaulle est reçu par le président Fernando Belaúnde Terry. Le journaliste évoque alors le nom de Manuel Prado Ugarteche, président par deux fois : la première, lors de la Deuxième Guerre mondiale (il engagea son pays aux côtés des Alliés) ; une seconde de 1956 à 1962 (où il fut reçu en visite officielle en France).

En Bolivie, à La Paz, il rencontre le président Víctor Paz Estenssoro. Quelques semaines plus tard, en novembre 1964, une junte militaire le renversa au profit de René Barrientos Ortuño.

Au Chili - avec qui la France entretient une longue relation d'amitié depuis le dix-neuvième siècle - le général de Gaulle est reçu par président Jorge Alessandri et signe d'importants accords de coopération technique et culturelle.

En Argentine, la situation politique est explosive : secoué par d'incessants coups d'État militaires, le pays est alors dirigé par le président Arturo Illia, dont le gouvernement est inquiété par le mouvement péroniste. Et le dictateur exilé met le Général dans une situation inextricable lorsque celui-ci demande à ses défenseurs de " saluer de Gaulle comme ils le salueraient lui ". Ainsi, des manifestations - violemment réprimées par le pouvoir - éclatent-elles sur le parcours du président français.

Aude Vassallo

Transcription

(Silence)
(Musique)
Journaliste
C'étaient les derniers confettis, la dernière escorte à cheval. C'était la dernière ville dont le Président de la République ait fait la connaissance, à l'issue de son long voyage de vingt six jours en Amérique latine, Sao Paulo, comme on le dit en France, et São Paolo comme le dit, là-bas, au Brésil. Un voyage extraordinaire au sens même du terme. C'était la première fois qu'un chef d'Etat parcourait le continent tout entier. Vingt mille kilomètres, là-bas. Si l'on ajoute les deux traversées atlantiques, cela fait plus que le tour du monde. Un total de dix pays visités, presque dix capitales, quarante neuf discours en français, six allocutions en espagnol, bref, cela n'avait jamais été fait et cela vaut sans doute que nous revenions sur les images de ce voyage. Nous parlerons politique au cours de la semaine qui vient. Nous essaierons de tirer la quintessence de tout ce qui a été dit, fait et préparé là-bas. Pour expliquer simplement ce qu'a été ce voyage, reprenons, si vous le voulez, rapidement, une phrase du général De Gaulle lui-même. Il est allé, là-bas, " lancer un appel de la France à cette partie du monde qui est en train de passer au premier rang de la scène et qui est, aujourd'hui, nécessaire à l'équilibre du monde ". Dans chacune de ces villes, dans chacun de ces dix pays. Caracas, Bogota, Quito, Lima, Cochabamba, Arica puis Valparaíso et Santiago, Buenos Aires et Córdoba, Asunción, Montevideo, Rio de Janeiro, Brasilia, Sao Paolo. Mais avant toute chose, après une brève escale technique à la Guadeloupe, Caracas. Aux larges de la côte Caraïbe, les chasseurs à réaction de l'aviation vénézuélienne ont escorté la caravelle présidentielle. Et dès l'arrivée, dès Maiquetia, l'aéroport, dès Caracas, la capitale, les premières définitions de certains thèmes qu'allait développer le chef de l'Etat se trouvaient précisées. Au président Leoni, à ses interlocuteurs vénézuéliens, le général De Gaulle disait : " Nous sommes d'accord, vous et nous, pour que toute oppression et toute hégémonie soit bannie de notre univers". Dans la capitale, comme les dizaines de milliers de caraqueño, les deux cent membres du parlement vénézuélien allaient être au rendez-vous. Au palais de Miraflores, le collier de l'ordre du libérateur était remis au général De Gaulle, "un collier qui nous vient de Bolívar lui-même" devait dire le Président de la république française. La visite à Caracas était l'occasion de nouveaux contacts avec la foule qui peuple cette ville d'un million quatre cent mille habitants, une ville immense étendue en deux quartiers distincts reliés par une autoroute aux dimensions respectables.
(Applaudissements)
(Musique)
Journaliste
Contraste avec l'apparence du quartier résidentiel et du quartier des affaires, madame De Gaulle devait visiter, dans la banlieue pauvre de Caracas, une institution hospitalière fondée par une religieuse française de l'ordre de Saint Vincent de Paul. Cette institution recueille et facilite le reclassement de jeunes filles-mères. C'était là, déjà, l'affirmation de l'un des buts du voyage : donner aux hommes de ces pays apparemment lointain un sentiment de confiance en eux-mêmes qui leur manque trop souvent.
(Musique)
Journaliste
Contraste avec la chaleur moite de Caracas, c'est ensuite Bogota, perchée à 2600 mètres d'altitude, une ville aux larges perspectives dont l'aéroport porte le beau nom d'El Dorado. En la personne du Président de la République, "la Colombie, dira le président du congrès, la Colombie accueille la France qui est un peu une princesse de conte de fée prédestinée à une mission glorieuse et exceptionnelle".
(Applaudissements)
Journaliste
Le jour déclinait alors que le cortège arrivait en ville, mais la foule était de plus en plus dense. L'accueil de Bogota, c'était un plébiscite populaire, comme si les Colombiens voulaient montrer à leur gouvernement la voie à suivre. Mille personnes à la réception le soir même de l'arrivée. Et là, un long discours du président Valencia, fils d'un grand poète colombien, apte aux envolées très lyriques.
(Musique)
Journaliste
Le retour aux réalités du quotidien, le lendemain, avec la visite d'un institut de formation professionnelle. Là, le président de la République française disait : "La Colombie doit avoir confiance dans l'avenir économique et social de l'Amérique latine toute entière ". La Colombie dont la position stratégique est de premier ordre avec ses deux franges littorales, l'une sur l'Atlantique, l'autre sur le Pacifique.
(Applaudissements)
Journaliste
Et l'on allait retrouver le Libertador Simon Bolivar en visitant ce qui fut sa maison de campagne, sa quinta. C'est au pied des cimes qui dominent la capitale, sur l'une des routes qu'empruntent les paysans coiffés de larges chapeaux noirs quand ils descendent au marché de la grande ville. C'était l'un des pèlerinages les plus insolites du voyage. La visite d'une villa de montagne noyée dans une végétation tropicale. Le communiqué final de la visite allait mentionner la communauté de vue et d'idéal qui anime France et Colombie ensemble avec les autres pays de tradition latine. L'Equateur ensuite. Quito, 2850 mètres d'altitude, toute proche de la borne qui marque la latitude zéro. Quito, pittoresque petite ville de style espagnol, image fidèle d'un peuple de cinq millions d'habitants qui vit surtout des produits tropicaux. C'est une junte militaire qui gouverne le pays, un peu plus grand que la moitié de la France. Les Andes servent de toile de fond au décor de la place de l'Indépendance où le général De Gaulle va, pour la première fois, parler en espagnol. Et tout Quito est là, dans les rues et sur cette place qui est le coeur de la capitale.
(Applaudissements)
Charles de Gaulle
Francia trata de ayudar a los demás a avanzar por el camino de la civilización. [ La France essaie d'aider les autres à avancer sur le chemin de la civilisation.] Asímismo, el Ecuador y Francia tienen hoy, más que nunca, todo lo que se requiere para un mutuo entendimiento, para avenirse y para cooperar. [Ainsi, l'Equateur et la France ont, aujourd'hui plus que jamais, tout ce qu'il faut pour se comprendre, s'entendre et coopérer.] Viva el Ecuador ! [Vive l'Equateur !]
(Applaudissements)
Journaliste
Le général dira peu après que la réception que lui réserve le peuple équatorien lui va droit au coeur. Ensuite, le conseil municipal de la ville remettra les clés de Quito au président De Gaulle dans la salle même du couvent des Augustins où fut signée la déclaration d'indépendance de la nation. En remerciant, le général De Gaulle mettra l'accent sur le rôle que les pays latins sont les seuls à pouvoir jouer, aujourd'hui, dans le monde. "Il n'y a que nous, dit-il, qui pouvons représenter totalement les idées de la liberté, de la fraternité, de la dignité des hommes". Cette idée de latinité est l'un des thèmes développés à plusieurs reprises en ce début de voyage.
(Musique)
Journaliste
Près de trois journées au Pérou, trois journées chez les descendants de l'empire Inca. Ici, comme dans bien des pays sud américains, l'exploitation agraire et l'intégration de la population indienne sont à l'ordre du jour. L'alphabétisation est l'un des moyens employés dans ce dernier but. Le quart de la population seulement sait lire et écrire.
(Musique)
Journaliste
Mais Lima, c'est la grande cité moderne dont les grattes-ciel écrasent les maisons de style espagnol, vestiges de l'époque des Conquistadores. Lima en laquelle le général va saluer la Linda, la belle. Le président Prado était en visite à Paris il y a quatre ans. En 1940, il était le premier chef d'Etat de l'Amérique latine a déclarer la guerre à l'Allemagne nazie. Les liens entre le Pérou et la France ont toujours été très étroits. Lima, ville jumelle de Bordeaux, tient à le montrer tout au long des trois kilomètres d'artère menant place San Martin.
(Applaudissements)
Journaliste
Le général De Gaulle exaltera, dans l'un des nombreux discours de ses étapes péruviennes, la coopération de la France et du Pérou, engagés ensemble dans le grand débat mondial qui est la libération des hommes, libération de leur faim, de leurs misères, de leur ignorance et de la tyrannie qui pèse quelquefois sur eux. Le président actuel, le président Belaúnde remerciera la France pour la large association qu'elle a maintenu avec le Pérou en l'aidant à améliorer son armement et à réorganiser son armée, cette armée que nous allions voir à l'école militaire de Lima.
(La Marseillaise)
Charles de Gaulle
Je veux saluer messieurs les officiers généraux, messieurs les officiers et les élèves de votre magnifique centre militaire d'instruction péruvien. Je veux dire encore quelle est ma joie et mon honneur d'être reçu ici. C'est un hommage qu'en ma personne la France et l'armée française viennent rendre au Pérou et à l'armée péruvienne.
(Musique)
Journaliste
Nous étions à nouveau, le lendemain matin, au centre de la ville. Dimanche, à Lima, honneurs rendus au général De Gaulle, honneurs rendus à un chef d'Etat étranger mais avec une attention toute particulière, alors que le Président de la République française se rend à la messe à l'église de San Pedro, l'une des plus anciennes de la capitale péruvienne. En effet, alors que ce privilège est réservé habituellement au Président de la république péruvienne, c'est sous un dais de soie tissé de fils d'or et d'argent que le général De Gaulle est accueilli dans cette église, riche en souvenirs du passé historique du Pérou : elle possède une cloche qui a sonné lors de tous les événements historiques qui ont marqué l'évolution du Pérou et notamment qui a annoncé aux habitants de la capitale l'indépendance en 1821.
(Musique)
Journaliste
Sur les trois millions et demi de boliviens, il y a 55% d'Indiens. La Bolivie, c'est le pays où les femmes portent des chapeaux melon noirs. La Bolivie, c'est un pays qui a de considérables ressources minières mais dont l'évolution doit encore s'accélérer. La pénétration à l'intérieur du pays est souvent difficile au-delà du Titicaca et du Poopó, les deux grands lacs, vestiges d'une mer intérieure. Pour un jour, La Paz cède son rôle de capitale à Cochabamba. Il y a des arcs de triomphe chargés de produits typiques, des objets d'étain notamment, métal dont la Bolivie est le deuxième producteur au monde. On évalue la foule sur l'ensemble du parcours et jusqu'au coeur de Cochabamba à cent mille personnes. Des rumeurs de coups d'Etat ont alerté les chancelleries pendant les jours précédant la visite, mais ce 28 septembre, les miliciens populaires, descendus de leur montagne, sont de la fête. Il est question de confettis et pas de coups de feu. Cochabamba, c'est aussi le souvenir de la plus émouvante des marseillaises jouée par des Indiens venus des régions des mines de cuivre, une Marseillaise qu'ils connaissent depuis leur plus jeune âge.
La Marseillaise
(Applaudissements)
Journaliste
Après le discours en espagnol, après les cris et les viva en l'honneur du macho, le grand homme, ça sera la Diablada, danse traditionnelle où les ours évoquent les péchés capitaux qu'il faut à tout prix chasser de la vie de tous les jours.
(Applaudissements)
(Musique)
Journaliste
Après la couleur, le typique de Cochabamba, une brève entrée au Chili par le port qui est aussi la ville le plus au Nord du pays, Arica. C'est l'embarquement pour le Colbert, résidence flottante, intermède marin qui sera bref mais au cours duquel le Président de la république prendra connaissance des dossiers, des documents apportés de Paris par un courrier spécial. Parmi ces dossiers et ces documents, quelques textes qui requièrent la signature présidentielle.
(Musique)
Journaliste
Des appartements spéciaux ont été aménagés à bord. Ce sera, pendant quarante huit heures, le calme et le repos, le temps de préparation, aussi, des prochaines étapes pendant que tournent les machines.
(Musique)
Journaliste
C'est le Chili, c'est Valparaíso et Santiago qui attendent cependant le chef d'Etat ami, le Chili, le plus européen de tous les pays visités jusqu'à présent. Riche en nitrate, en fer, le Chili exporte ses minerais par Valparaíso tant de fois célébré, mais c'est aussi un pays agricole.
(Musique)
Journaliste
Un pays industriel et qui se modernise à un rythme rapide. Valparaíso, la perle pu Pacifique, encore mal éveillée sous la brume matinale voit se dérouler, ce 1er octobre, l'accueil traditionnel.
(Musique)
Journaliste
Les conversations qui vont avoir lieu à Santiago porteront en partie sur la stabilisation des prix des matières premières, un problème peut-être aride mais en tous les cas vital pour des pays qui sont souvent monoproducteurs. A côté de l'accueil enthousiaste d'une population très pro-française, il y aura aussi des entretiens sur une coopération plus efficace. Le président chilien dira : " Le voyage du général De Gaulle devrait permettre une orientation de l'Europe vers l'Amérique latine ". Et l'on signera un accord de coopération technique prévoyant la création d'un complexe pétrochimique. Mais il y aura place aussi pour le pittoresque. Les Huacos, les gauchos chiliens, recevront le président au stade de Rancagua, à cinquante kilomètres de la capitale. Là, plus de trente mille personnes applaudiront un nouveau discours en espagnol, suivi de danses folkloriques et d'une impressionnante parade militaire.
(Applaudissements)
(Musique)
(Applaudissements)
(Musique)
Journaliste
Deuxième partie du voyage, les pays du versant atlantique du continent, pays plus avancés dans leur développement technique. Et en premier lieu, l'Argentine avec Buenos Aires, cinq millions d'habitants, capitale d'un pays essentiellement agricole mais capitale à tous les sens du terme. A Buenos Aires, nous nous trouvons au contact direct d'un problème de politique intérieure. Les partisans de Juan Peron, renversé par l'armée en 1955, réclament le retour de leur chef qui réside, aujourd'hui, en Espagne. Sous le signe de la troisième position, troisième force, on manifeste à l'arrivée Plaza de Francia, mais on manifeste sans l'ampleur que certains redoutaient. On retrouvera d'ailleurs d'autres contingents de péronistes sur les marches du congrès et plus dramatiquement, à Córdoba.
(Applaudissements)
Journaliste
L'Argentine, pays blanc, pays agricole, est aussi la nation sud américaine qui, depuis un siècle, a reçu le plus grand nombre d'émigrants français. Aussi, nous attarderons-nous quelques instants à la réception de la colonie française de Buenos Aires, l'une des plus brillantes et des plus sympathiques de tout le voyage.
(Applaudissements)
Charles de Gaulle
Ici, peut-être plus que nulle par ailleurs, les Français qui s'y trouvent occupés, qui s'y trouvent en activités intellectuelles, économiques, techniques, scolaires, religieuses, tous ces Français-là nous représentent. Ce que vous êtes, ce que vous faites, dans une certaine mesure, c'est la France qui le fait, ici. L'Argentine, comme vous l'avez dit, [inaudible], est un pays depuis très longtemps très cher à notre pays. Il n'y a jamais rien eu, dans son histoire et dans la nôtre, qui nous ait divisés. Au contraire, nous avons toujours été d'accord pour tout l'essentiel de notre vie au milieu des peuples.
(Applaudissements)
Journaliste
Les derniers Français venus s'installer en Argentine sont des Pieds-noirs de la région de Mostaganem avec lesquels le général De Gaulle s'entretient pendant la réception.
Charles de Gaulle
Mais vous êtes ensemble ou bien...
Inconnu
Nous sommes ensemble, mon général.
Charles de Gaulle
C'est Bien. C'est bien comme terre ?
Inconnu
C'est excellent comme terre, mon général, et il y a beaucoup de terre encore.
Charles de Gaulle
Et alors, votre matériel, comment faites-vous ? Vous l'avez apporté ?
Inconnu
Nous avons reçu une aide de l'Etat, mon général. Nous avons eu notre crédit pour en acheter, mon général.
Charles de Gaulle
Je suis content de vous avoir vu. Au revoir.
(Musique)
Journaliste
De l'Argentine typique, le président ramènera deux calebasses d'argent ciselé offertes par monsieur [Ilia], un splendide poney moucheté de noir et le souvenir d'une fête champêtre qui lui fut offerte dans une estancia, à la limite de la pampa argentine avec le concours d'authentiques gauchos.
(Musique)