L'épopée des Français à Bir-Hakeim

11 juin 1942
-
Réf. 00412

Notice

Résumé :

Le général de Gaulle célèbre le courage et l'ardeur des soldats de la France Libre qui, pendant seize jours, du 26 mai au 11 juin 1942, sous la direction du Général Kœnig, ont résisté à Bir-Hakeim aux attaques des armées motorisées italiennes et allemandes.

Type de média :
Date de diffusion :
11 juin 1942
Type de parole :

Éclairage

Bientôt disponible.

Transcription

Charles de Gaulle
La nation a tressailli de fierté en apprenant ce qu'ont fait ses soldats à Bir-Hakeim. Braves et purs enfants de France qui viennent d'écrire, avec leur sang une de ses plus belles pages de gloire ! La nation écrasée, trahie, souffletée, se rassemble dans la volonté de vaincre, comme s'unissent ses combattants des champs de bataille, ses combattants de Saint-Nazaire, ses combattants des groupes d'action intérieure, comme se rejoignent les pensées suprêmes du soldat qui meurt en Libye, du marin coulé à bord du "Surcouf", de l'ouvrier qu'on fusille à Paris. Oui, c'est par le combat, dans le combat, pour le combat que se refait l'unité française. L'ennemi s'est cru vainqueur de la France, parce qu'il avait pu d'abord rompre sous l'avalanche des moteurs notre armée préparée d'une manière absurde et commandée d'une manière indigne. L'ennemi connaîtra son erreur, les cadavres allemands et italiens qui jonchent en ce moment les abords des positions de Koenig peuvent lui faire présager de combien de larmes et de combien de sang la France lui fera payer ses outrages. Les traîtres se sont crus maîtres de la France, parce qu'en l'aveuglant de mensonges ils ont pu, d'abord, la forcer à la défaite et à l'humiliation. Les traîtres connaîtront leur erreur, les signes multipliés de la fureur nationale peuvent leur faire pressentir de quelle façon se terminera l'aventure de leur infamie. En somme, l'ennemi dans son triomphe de Rethondes, les traîtres dans leur honte de Bordeaux, ont méconnu trois vérités. La première de ces vérités, c'est qu'une défaite militaire n'est jamais la défaite d'un peuple, quand ce peuple, fût-ce sous forme d'une poignée d'hommes, se refuse à l'accepter. L'ennemi, à ce sujet, aurait pu se souvenir de sa propre histoire, à Iéna et à Auerstaedt, c'est dans l'espace d'un jour seulement que son armée s'était effondrée devant la nôtre. Pourtant, peu d'années après, les Prussiens vainqueurs défilaient à Paris. La seconde vérité, méconnue en juin 1940 par l'ennemi et par les traîtres, c'est que la France n'est point du tout la nation décadente qu'ils voulaient imaginer. Certes, la France avait été plongée dans une crise de régime, où fleurissaient parmi ses dirigeants politiques et militaires la médiocrité, la routine et l'abus. Mais sous cette écume passagère vivait toujours une grande nation que l'oppression, loin de l'abattre, ne pouvait que redresser. La troisième vérité, c'est qu'une pareille guerre ne devait pas se limiter ; il s'est créé, siècle après siècle, entre les peuples du monde, un idéal commun de liberté et de justice, qui devait nécessairement faire de la lutte une lutte mondiale. Dès lors, l'écrasement final de ceux qui croyaient imposer par la force leur domination matérielle et morale est certain. L'ennemi et les traîtres ont dû s'apercevoir que leurs calculs de juin 1940, quant à l'asservissement total de la France et de son Empire, à l'effondrement de l'Empire britannique, à la neutralité russe, à l'isolement de l'Amérique, n'étaient qu'absurdes et colossales erreurs. Mais au terme de la guerre des peuples, ce sont les peuples eux-mêmes qui feront payer ces erreurs. Le temps n'est plus où l'intérêt commun des trônes ou des privilégiés permettait de régler les comptes par traités entre chancelleries. L'ennemi et les traîtres auront beau, quelques jours, chercher à fuir le châtiment en reniant leurs propres crimes, l'ennemi et les traîtres paieront.