Allocution du général de Gaulle, premier président de la Ve République
Notice
Après son élection, le 21 décembre 1958, en tant que Président de la République et de la Communauté, le général de Gaulle s'adresse pour la première fois à la Nation ; d'une part pour lui dire qu'il accepte le mandat qui lui a été confié et d'autre part pour exposer la façon dont il accomplira ce mandat ainsi que pour présenter la politique financière de rigueur qu'il entend mettre en oeuvre.
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Éclairage
Le 21 décembre 1958, le collège d'électeurs institué par la constitution de 1958 a désigné le général de Gaulle comme président de la République par 62 394 voix sur 79 470 suffrages exprimés en métropole, dans les départements et territoires d'outre-mer, en Algérie et au Sahara. Le 28 décembre dans une allocution radiodiffusée et télévisée depuis l'Hôtel Matignon, siège de la présidence du Conseil, le général de Gaulle fait connaître aux Français qu'il accepte le mandat qui lui a été confié, y voyant la confirmation de la tâche nationale qu'il exerce "depuis dix-huit ans", c'est-à-dire depuis 1940, ce qui revient à nier l'action de la IV République entre 1946 et 1958.
Mais le thème principal du discours consiste à annoncer aux Français les mesures de rigueur économique que, sous l'influence de son conseiller Jacques Rueff, il a imposé à son ministre des Finances Antoine Pinay. Rappelant l'état catastrophique des finances publiques mises à mal par la guerre d'Algérie qui a provoqué déficit budgétaire, déséquilibre de la balance des comptes, inflation et pénurie de devises, situation résumée par lui dans l'expression abrupte "J'ai trouvé les caisses vides", il annonce son intention de rétablir les équilibres compromis. Refusant de renoncer aux investissements économiques et sociaux, au développement de l'Algérie, à la mise en valeur des pays de la Communauté et aux dépenses militaires, il entend compenser ces sorties par des augmentations d'impôt, des taxes de consommation, la suppression de subventions, la suppression de la retraite des Anciens combattants ayant des revenus suffisants, l'abolition des indexations. En revanche, pour que ces sacrifices ne reposent pas sur les plus modestes, il annonce une augmentation du SMIG, un fonds spécial d'aide aux chômeurs, une augmentation de 4% du salaire des agents de l'Etat. Enfin, pour mettre la valeur du franc en rapport avec la réalité, il prévoit une dévaluation de la monnaie, assortie de la création d'un nouveau franc valant cent anciens francs, ce qui permettra de libérer 90% des échanges avec l'étranger.
Le "plan Pinay-Rueff" sert ainsi de socle au redressement économique et financier qui va caractériser à partir de 1959 la politique du général de Gaulle dans ce domaine.