Conférence de presse du 11 septembre 1968

09 septembre 1968
02m 38s
Réf. 00145

Notice

Résumé :

Extraits des principaux sujets abordés par le général de Gaulle lors de la conférence de presse du 11 septembre 1968. A propos de la Tchécoslovaquie, il rappelle qu'il a toujours déploré la coupure de l'Europe en deux blocs, et il qualifie la situation actuelle du pays d'artificielle et dangereuse. A propos de la réforme de l'université, il déclare que l'université est faite pour la nation, donc que l'Etat doit la diriger. Enfin, concernant la participation, il détaille ce qu'elle doit être pour les ouvriers au sein de l'entreprise.

Type de média :
Date de diffusion :
11 septembre 1968
Date d'événement :
09 septembre 1968
Type de parole :

Éclairage

Au lendemain des élections de 1968 qui ont donné à l'UDR une écrasante majorité absolue à l'Assemblée nationale, le général de Gaulle a accepté la démission du Premier ministre Georges Pompidou, remplacé par Maurice Couve de Murville qui a annoncé au parlement un ensemble de mesures destinées à mettre en oeuvre les réformes annoncées depuis la fin de la crise de mai 1968.

L' extrait retenu par le document traite de trois problèmes qui se posent alors à la France comme à l'Europe

-Le premier a trait à l'entrée des troupes du pacte de Varsovie en Tchécoslovaquie en août 1968, afin de mettre un terme à l'expérience de "socialisme à visage humain" tentée par le secrétaire général du parti communiste tchécoslovaque, Alexandre Dubcek. Champion de l'indépendance des peuples par rapport aux grandes puissances, de Gaulle condamne évidemment cette intervention qu'il impute à la division de l'Europe en deux blocs permettant, au nom d'une idéologie, d'imposer de l'extérieur un régime conforme au modèle soviétique.

-Le second problème évoqué est celui de la réforme universitaire que le ministre Edgar Faure s'apprête à soumettre au vote du Parlement et que de Gaulle soutient d'autant plus qu'il n'ignore pas qu'une grande partie de la majorité est hostile à la loi d'orientation préparée. Affirmant la vocation de l'Etat à contrôler l'enseignement supérieur, il juge qu'il lui appartient de vérifier que ses objectifs correspondront aux intérêts de la nation.

-Enfin la troisième question porte sur la participation dans l'entreprise que le Général définit par trois axes : l'intéressement financier des travailleurs aux résultats économiques, un droit de regard sur la gestion de l'entreprise, la possibilité de faire entendre leur voix sur les modalités de cette dernière en faisant valoir leurs propositions.

Serge Berstein

Transcription

Journaliste
Au cours d'une conférence de presse, le Général de Gaulle a fait l'analyse des grands problèmes d'actualités.
Charles de Gaulle
La division de l'Europe en deux blocs, vous savez ce que j'en pense, et depuis l'origine, division, qui a été imposée à la faveur de ses déchirements, est pour elle un malheur, qui succède à d'autres malheurs. Cette division est, en effet, un espèce d'empiétement permanent, sur le droit à l'indépendance de chaque peuple de notre continent. Il n'y a pas d'idéologie, qui puisse justifier une situation aussi artificielle et aussi dangereuse. Il faut aussi que la réforme réponde à ce que la Nation attend de son l'université. Car l'université est faite pour la Nation. Ça veut dire que l'Etat, en pratique, le gouvernement, doit exercer son impulsion et son autorité. Dès lors que notre pays porte vers l'enseignement supérieur des jeunes gens, par centaines de mille, et dont le destin engage son propre destin, il veut que le temps qu'ils y passent soit bien employé. Dans une entreprise, la participation doit revêtir trois formes distinctes. Pour ceux qui y travaillent, il faut d'abord qu'elle comporte l'intéressement, direct, matériel aux résultats obtenus. Il faut qu'elle comporte aussi le fait d'être mise au courant de la marche, de la marche car le sort de chacun en dépend. Et enfin, la possibilité de faire connaître et de faire valoir leurs propositions pratiques.