Voyage en Sarthe

23 mai 1965
05m 09s
Réf. 00244

Éclairage

De février 1959 à juin 1965, le général de Gaulle réalise un gigantesque tour de France qui le conduit d'un bout à l'autre de la métropole, dans toutes les provinces, dans toutes les régions. C'est pour lui l'occasion de créer un contact direct avec les Français, de " récolter des moissons d'impressions et de précisions pratiques " sur les grandes questions de l'heure. Son vingt-troisième voyage, du 19 au 23 mai 1965, se déroule dans les départements du Pays de la Loire.

Le dimanche 23 mai, le général de Gaulle - accompagné de son épouse, de Roger Frey (ministre de l'Intérieur), d'Alain Peyrefitte (ministre de l'Information) et de Jacques Maziol (ministre de la Construction) - parcourt le département de la Sarthe. La journée débute par une messe, célébrée par Monseigneur Chevalier, à la cathédrale du Mans. Puis le cortège présidentiel entame son périple, marquant des arrêts à Allones, La Suze-sur-Sarthe, Malicorne, Parcé-sur-Sarthe et Sablé. Partout, le général de Gaulle est accueilli par les vivats de la foule, et reçoit de bonne grâce les présents qui lui sont réservés.

À La Flèche, où il est reçu par le maire Fernand Guillot, il prend la parole sur la place de la Libération : à sept mois de la première élection présidentielle au suffrage universel - et tandis qu'il refuse de déclarer, ou non, sa candidature - le général de Gaulle fait le bilan des progrès déjà accomplis. Dans les courts extraits de ce discours, il rappelle les actions entreprises par ses gouvernements, qui, dans tous les domaines, favorisent le rapprochement entre les Français au profit de l'intérêt de la collectivité. Évoquant ensuite la position internationale de la France, il souligne que la politique de grandeur confère à la nation " une considération croissante " de la part des autres pays du monde. Achevant son allocution, le président et sa suite se rendent à la gare de La Flèche et regagnent Paris par "l'autorail".

La diffusion de ce reportage sur les antennes de l'ORTF, le jour même du voyage, est essentielle aux yeux du général de Gaulle, car elle donne à voir et à ressentir la communion et l'unité entre les Français et leur président : "Au total, il se produit autour de moi, d'un bout à l'autre du territoire, une éclatante démonstration du sentiment national qui [. . .] apparaît ensuite partout grâce à la télévision." (Mémoires d'Espoir - Le Renouveau).

Aude Vassallo

Transcription

Commentateur
Le Mans où le chef de l'Etat avait passé la nuit à la préfecture, le Mans était le point de départ ce matin de la cinquième étape du voyage du président de la République dans l'Ouest de la France. Cinquième étape et dernier département visité : la Sarthe. Mais avant de prendre la route, le général de Gaulle assistait à l'office religieux dans la belle cathédrale du Mans, une des plus belles cathédrales gothiques de France. Monseigneur Chevalier devait dire dans son sermon : " Nous demanderons à Dieu de vous aider dans la rude tâche que vous poursuivez pour assurer la prospérité de notre pays ". Le chef de l'Etat quittait la cathédrale précédé des porte-drapeaux des anciens combattants et le général de Gaulle prenait la route de La Flèche par Allonnes, la Suze et Malicorne d'abord. Malicorne où un potier de 78 ans qui, à l'âge de 55 ans, s'était engagé dans les forces françaises libres - il s'agit de Monsieur Tessier - ce potier donc offrait au président de la république un vase et une potiche spécialement conçus dans ses ateliers. Beaucoup de monde sur la place et accueil toujours très chaleureux.
Monsieur Tessier
Monsieur le président de la république, mon général. C'est en reconnaissance pour votre passage dans la cité des potiers [inaudible] dans les ateliers. Sur une face, le blason de la république qui brille de plus en plus sur le monde entier. Sur l'autre face, un coin de votre domaine de Colombey-les-deux-églises.
Charles de Gaulle
J'emporterai ces souvenirs rares avec moi et ce sera, je vous assure, un témoignage qui me sera précieux, d'année en année.
Commentateur
Au cours de cette matinée, le général de Gaulle était accompagné toujours de trois ministres, messieurs Frey, Peyrefitte et Maziol. Avant d'arriver à Sablé, à Parcé, la pluie troublait la petite cérémonie d'accueil dans la commune mais le chef de l'Etat, selon son habitude, refusait le parapluie qui lui était proposé. Moins beau temps donc que les jours précédents mais, malgré cela, beaucoup de monde ensuite à Sablé où le général de Gaulle, vous allez le voir, s'attardait quelques instants avec les tous jeunes enfants d'un groupe gymnique avant de serrer les mains de la foule, de la foule très dense sur la place. Nous arrivions ensuite à La Flèche, terme de ce voyage, dans cette jolie région de la Sarthe. La Flèche, ville pittoresque, attachante, avec notamment son célèbre Prytanée, école des enfants de troupe, qui compte 1300 élèves. Beaucoup de monde, accueil enthousiaste malgré le temps pluvieux sur la place de La Flèche où le chef de l'Etat prononçait sa dernière allocution. Il déclarait notamment :
Charles de Gaulle
Jour après jour, les Français prennent l'habitude de vivre plus près les uns des autres. C'est d'ailleurs en grande partie le résultat du progrès moderne qui les agglomère, qui les fait vivre à côté les uns des autres depuis l'école et tout le long de la vie et qui exige des catégories qu'elles collaborent, qu'elles s'aperçoivent que leur intérêt particulier... Il faut qu'elles le dépassent et qu'elles touchent par leur action l'intérêt de la collectivité nationale.
Commentateur
A propos de la position internationale de la France, le général de Gaulle précisait :
Charles de Gaulle
Cette situation de la France, cette position de la France, cette politique de la France lui vaut d'un bout du monde à l'autre une considération croissante dont je puis vous dire que je la ressens tous les jours et profondément au nom du peuple français.
Commentateur
Applaudissements et, comme toujours, le chef de l'Etat descendait vers la foule, entrait dans cette foule qui lui tendait les bras - c'est un spectacle familier - mais vous le voyez toujours avec le même enthousiasme. Mais, c'était la fin de ce vingt-deuxième et avant-dernier voyage du président de la République en province, au cours duquel le général de Gaulle a visité les départements de la Vendée, du Maine-et-Loire, de la Mayenne et de la Sarthe. Le général de Gaulle prenait congé des personnalités et c'était l'autorail présidentiel vers Paris.