L'Opérette imaginaire de Valère Novarina

01 décembre 1998
02m 15s
Réf. 00005

Notice

Résumé :

Valère Novarina réagit suite à la diffusion d'un extrait de la mise en scène par Claude Buchvald de L'Opérette imaginaire représentée au Théâtre de la Bastille dans le cadre du Festival d'Automne.

Date de diffusion :
01 décembre 1998
Source :
Fiche CNT :

Éclairage

Né en 1947, écrivain, metteur en scène, peintre et photographe, Valère Novarina écrit pour le théâtre depuis 1974. En 1984 est publié Le Drame de la vie dans lequel figurent deux mille cinq cent quatre-vingt sept personnages. Une version scénique du texte est mise en scène par son auteur deux ans plus tard au Festival d'Avignon et le dramaturge créera régulièrement par la suite ses propres textes pour la programmation avignonnaise et le Festival d'Automne.

Créée le 21 septembre 1998 au Théâtre Le Quartz à Brest, la mise en scène par Claude Buchvald de L'Opérette imaginaire de Valère Novarina est reprise au Théâtre de la Bastille dans le cadre du Festival d'Automne. La pièce reçoit un immense succès critique et contribue à faire connaître Valère Novarina auprès d'un plus large public. Forme concentrée du drame, « l'opérette » composée par Valère Novarina fait parler et chanter les restes de l'homme. Elle participe d'un « théâtre des oreilles » dans lequel est mise en avant la traversée du corps de l'acteur par la parole. La langue s'enrichit de néologismes, uses des assonances et des allitérations, tandis que le dialogue s'interrompt au profit de listes interminables.

S'inspirant du théâtre forain, du cabaret et du music-hall, la mise en scène de Claude Buchvald et la musique de Christian Paccoud (tous deux avaient déjà travaillé ensemble lors de la création, en 1996, du Repas de Valère Novarina) mettent en valeur la théâtralité, la variété des genres et la richesse poétique de la pièce. La distribution fait appel à des comédiens fidèles à l'écriture du dramaturge. Parmi eux se trouve Daniel Znyk, qui jouera en 2006 à la Comédie-Française (dont il sera devenu pensionnaire) dans L'Espace furieux mis en scène par Valère Novarina (voir ce document) – ce spectacle marquera l'entrée au répertoire de l'auteur.

Invité par Philippe Lefait dans l'émission « Le Cercle de minuit » du 1er décembre 1998, le dramaturge réagit à la diffusion d'un extrait du spectacle. Il souligne l'obscénité de l'archive vidéo utilisée dans un contexte télévisuel. Il remarque l'écart qui sépare la réception d'un spectacle par un spectateur de théâtre et la réception du même spectacle par un téléspectateur. L'écart est d'autant plus grand que la pièce et sa mise en scène reposent en grande partie sur une théâtralité immédiate qui dépend d'un temps et d'un espace communément partagés par comédiens et spectateurs.

Marie-Isabelle Boula de Mareuil

Transcription

Comédien 1
Voyez, [l’homme niaque].
Comédien 2
Le coeur de l’homme est plein d’ordures. C’est pour ça qu’il mérite de faire sépulture.
Choeur
Non, non, non, non, non, l’homme n’est pas bon ! Non, non, non, non, non, non, non, l’homme n’est pas bon, oh que non, l’homme n’est pas bon, l’homme n’est pas bon !
Comédien 3
Si l’humanité sort de son bocal, je lui ferai boire une bonne tasse cérébrale.
Comédien 1
Ah mais, dit l’homme ! Ah mais, dit l’homme ! Ce n’est pas moi [incompris] !
Choeur
Ah mais, dit l’homme. Ah mais, dit l’homme. Ce n’est pas moi [incompris] !
Comédienne 1
Non, non, non !
Choeur
Oui, oui, oui, [inaudible].
(Musique)
Comédien 1
[Inaudible].
Choeur
Non, non, non, oui mais oui, l’homme n’est pas d’ici !
Comédien 1
Je pars dans la forêt, et je vais me pendre !
(Musique)
Présentateur
Est-ce que vous voyez différemment à la télévision que... votre spectacle, quand vous êtes dans la salle, votre texte, je dirais ?
Valère Novarina
Alors complètement oui. Non, parce que je trouve que…
Présentateur
Est-ce que vous vous sentez… ?
Valère Novarina
Oui, il y a une sorte d’obscénité de la télévision, ou des images par rapport au théâtre, c’est comme la différence entre l’amour et la pornographie quand même, vous voyez. Il y a quelque chose d’obscène.
Présentateur
Là, vous êtes pornographe là, en ce moment.
Valère Novarina
Je ne sais pas mais, c’est vrai que l’objet, il est partagé dans la, dans la chaleur de la salle, dans la… le partage respiratoire… Tout d’un coup, il arrive froid devant des gens, nous ou les spectateurs qui ne sommes pas à la même température, et c’est un peu pornographique, obscène, je ne sais pas ou, ce n’est pas ça qu’on ressent dans la salle.
Présentateur
Ah c’est dur de faire Au théâtre ce soir. Ça c’est, c’est vrai que… Mais c’est vrai la télévision a toujours eu du mal à montrer le théâtre.
Valère Novarina
La télévision salit tout ce qu’elle touche. Je me souviens, c’est une phrase à méditer peut-être.
Présentateur
Vous, vous êtes bien propre, il n’y a pas de souci.