Roman Polanski met en scène Hedda Gabler d'Henrik Ibsen

29 octobre 2003
02m 18s
Réf. 00072

Notice

Résumé :

En 2003, Roman Polanski met en scène, au Théâtre Marigny, Hedda Gabler d'Henrik Ibsen. La pièce représente la désillusion d'une jeune femme après son mariage et son choix d'entraîner son entourage dans sa chute. Le reportage suit la préparation d'Emmanuelle Seigner, interprète du rôle-titre, qui parle de son approche du personnage. Extraits du spectacle.

Date de diffusion :
29 octobre 2003
Source :
FR3 (Collection: Soir 3 journal )
Fiche CNT :

Éclairage

Écrite en 1890, Hedda Gabler est une pièce en quatre actes d'Henrik Ibsen. Elle dresse le portrait d'Hedda, fille du général Gabler, qui vient d'épouser sans conviction Jørgen Tesman. Elle retrouve un ami de jeunesse, Eilert Lovberg, dont elle avait autrefois repoussé les avances. Celui-ci a délaissé sa vie de noceur pour se consacrer à l'écriture, encouragé par Thea Elvsted. La bonne entente des deux jeunes gens renforce l'amertume d'Hedda, que son mariage ennuie déjà. Le personnage éponyme va pousser l'écrivain à se donner la mort, pour se suicider à son tour.

Homme de théâtre et de cinéma, Roman Polanski met à nouveau en scène une pièce dans une salle parisienne, quatre ans après avoir dirigé Fanny Ardant dans Master Class de Terence Mc Nally. En 1950, un autre réalisateur de cinéma, Ingmar Bergman, avait proposé au théâtre sa lecture de la pièce du norvégien. La version française du texte ici mis en scène est une adaptation de François Regnault. Hedda Gabler est une commande de Robert Hossein, directeur du Théâtre Marigny, où la pièce est représentée. Le reportage, diffusé lors du journal « Soir 3 » (France 3) du 29 octobre 2003, suit la préparation d'Emmanuelle Seigner, interprète du rôle-titre et épouse de Roman Polanski. Le réalisme du décor (Charlie Mangel) et des costumes (Anthony Powell) contraste avec un jeu souvent désincarné. Dans une interview, la comédienne évoque la difficulté d'approche du rôle, dont le combat intérieur est à peine trahi par l'âpreté apparente du personnage. Cette ambiguïté traduit la vaine résistance de la jeune femme aux conventions d'un monde dans lequel elle ne se reconnaît pas. L'extrait présente la confrontation entre Hedda et Eilert Lovberg (interprété par Erick Deshors).

Marie-Isabelle Boula de Mareuil

Transcription

Journaliste
Emmanuelle Seigner, radieuse dans la peau de Hedda Gabler. La comédienne est à l’affiche de la pièce d’Ibsen. Pièce culte dans les pays scandinaves, mise en scène pour l’occasion par Roman Polanski. Palme d’or, vous vous en souvenez sans doute, à Cannes avec Le Pianiste. Le résultat est salué par la critique. Dominique Poncet et Jean Marc Lalier. Quand Emmanuelle Seigner débarque au théâtre en jean, sourire aux lèvres et coiffée à la diable, on dirait une gamine espiègle du XXIe siècle. Difficile de croire qu’elle va se transformer en une femme du XIXe, une femme blessée, si désespérée, qu’avant de se suicider, elle poussera un homme à la mort.
Emmanuelle Seigner
Ce n’est pas écrasant, c’est un rôle qui est lourd. Tous les sentiments se passent à l’intérieur. C’est beaucoup plus difficile de faire les choses à l’intérieur et de faire en sorte qu’elles se montrent sans se montrer.
Journaliste
Maquillage minutieux, habillage précis, mise en place d’un chignon austère. Pour qu’Emmanuelle Seigner prenne possession de son personnage, il lui faudra une heure. Ça y est, vous voilà Hedda Gabler ?
Emmanuelle Seigner
Presque.
Intervenant
On répète dans moins de quinze minutes le début du spectacle.
Emmanuelle Seigner
Trouvez-vous si incompréhensible qu’une jeune fille, à condition que cela se passe en secret…
Comédien
Oui.
Emmanuelle Seigner
Qu’elle veuille entrapercevoir un monde que …
Comédien
Que ?
Emmanuelle Seigner
Qu’elle n’aura jamais la permission de connaître ? Ça a l’image d’un personnage très austère, et tout. Mais je ne pense pas, je pense que c’est une femme qui a plein de désir, plein de choses en elle, qu’elle ne s’est jamais autorisées. C’est une pièce sur les désirs refoulés en fait.
Comédien
C’est ça ton souvenir ?
Emmanuelle Seigner
Tu le reconnais ? Un jour il a été levé sur toi. Est-ce que c’est le fait d’avoir le rôle titre, est-ce que c’est la longueur du parcours ? Parce que la pièce dure quand même deux heures et quart. Donc, il faut tenir. Je ne sais pas qu’est ce que c’est, mais peut-être l’enjeu. Voilà, maintenant j’ai plus du trac.
Comédien
Vous n’êtes pas vraiment heureuse, voilà ce qu’il y a !
Emmanuelle Seigner
Je ne vois pas pourquoi je devrais l’être, heureuse !
Journaliste
Roman Polanski, le metteur en scène, rêvait depuis longtemps d’une Hedda Gabler pure et énigmatique. Il l’a enfin trouvée, il ne l’a pas cherchée très loin, Emmanuelle Seigner est, à la ville, son épouse.