Le Centre Dramatique de l'Est devient Théâtre National de Strasbourg

11 mai 1968
02m 45s
Réf. 00157

Notice

Résumé :

Hubert Gignoux, directeur du Centre Dramatique de l'Est, joue un extrait de sa dernière pièce Une très bonne soirée. Il répond ensuite aux questions de la journaliste sur les auteurs de théâtre et sur la transformation du Centre Dramatique de l'Est en Théâtre National de Strasbourg.

Date de diffusion :
11 mai 1968
Source :
ORTF (Collection: Est panorama )

Éclairage

Hubert Gignoux (1915-2008), metteur en scène et comédien, a longtemps dirigé le Centre Dramatique de l'Ouest à Rennes. En 1957, il arrive à Strasbourg, dans des locaux entièrement rénovés pour succéder à Michel Saint-Denis à la direction du Centre Dramatique de l'Est. Ce dernier a une grande importance historique puisque c'est le premier centre dramatique national de France, créé en 1947 avec l'aide de Jeanne Laurent, sous-directrice à la direction des spectacles, et de plusieurs collectivités locales. Lorsqu'il prend ses fonctions, Hubert Gignoux hérite d'un bâtiment de trois étages qui accueille le théâtre et une école supérieure d'art dramatique, créée par Michel Saint-Denis en 1954.

En 1968, André Malraux annonce la transformation du Centre Dramatique de l'Est en Théâtre National de Strasbourg. Cette décision sera officialisée par le décret du 31 mai 1972. Cette décision est exceptionnelle ; c'est le premier, et seul à ce jour, Théâtre National qui n'est pas implanté dans Paris. Cette décision le fait dépendre directement du Ministère des Affaires Culturelles en ce qui concerne le cahier des charges et le financement. Pour l'inauguration du nouveau Théâtre National, Hubert Gignoux présente Une très bonne soirée, pièce de sa composition, mise en scène par André Steiger. Mais les nouvelles charges qui accompagnent la création du Théâtre National de Strasbourg ne sont pas accompagnées d'une hausse proportionnelle des subventions. Face à ces difficultés, Hubert Gignoux décide de quitter la direction en 1971. Jacques Fornier prend le relais pour la saison 1971-1972 et renonce lui aussi au poste de directeur devant les mêmes difficultés financières. Le Théâtre National de Strasbourg est aujourd'hui dirigé par Julie Brochen. Il abrite toujours l'Ecole Supérieure d'Art Dramatique.

Sidonie Han

Transcription

Journaliste
Ces vingt années de spectacle au service total du théâtre marquent un tournant dans la vie du Centre Dramatique de l’Est car il quittera bientôt son premier nom de baptême, pour être promu Théâtre National de Strasbourg. C’est donc avant de partir vers de nouveaux horizons que le CDE a tenu à marquer cet anniversaire avec son spectacle actuel, Une très bonne soirée.
Comédien 1
Descendez l’auteur, descendez l’auteur, doucement, doucement, là, là. Ah, ah, ah.
Comédien 2
Zut !
Comédien 1
Alors, vous avez trouvé un sujet ?
Comédien 2
Oui, mais hum. Un sujet d’anticipation.
Comédien 1
L’an 2000 ?
Comédien 2
Même pas, 70, 75, ça s’appelle Le Nombre.
Comédien 1
Le Nombre ?
Comédien 2
Oui, le rideau se lève sur une foule de comédiens agglomérés, debout, tassés les uns contre les autres, une masse compacte qui occupe toute la scène. Évidemment ça fera beaucoup de monde. Aucun mouvement, aucune action individuelle n’étant possible, on entendra seulement des commentaires isolés et quelques interjections collectives. Mes pieds, poussez pas, fait chaud, merde.
Comédien 1
Et puis ?
Comédien 2
Il faudra baisser le rideau assez vite mais tout aura été dit.
Comédien 1
C’est court !
Comédien 2
C’est ça ou la bombe atomique !
Comédien 1
Remontez l’auteur.
Comédien 2
Non, non salaud. Vous m’aviez promis à manger si je trouvais le sujet du siècle, je l’ai trouvé. Descendez-moi, salaud. J’ai faim, j’ai faim !
Comédien 1
Dites à Jean-Pierre de venir, je l’ai envoyé voir ce qu’ils jouaient sur la planète Mars, ça me donnera peut-être une idée.
Journaliste
Cette idée après laquelle vous courez Hubert Gignoux, et cet auteur en cage sont-ils parmi les thèmes essentiels de cette très bonne soirée que vous nous proposez ?
Hubert Gignoux
Evidemment dans la mesure où je ne vois guère de théâtre possible sans auteur, alors, le problème des œuvres, le problème des écrivains me paraît être tout à fait capital.
Journaliste
Comment définissez-vous ce dernier spectacle CDE car ce sera le dernier en tant que CDE, n’est-ce pas ?
Hubert Gignoux
Oui, c’est le dernier du Centre Dramatique de l’Est mais c’est aussi le premier du Théâtre National de Strasbourg, si vous voulez c’est un spectacle de jointure, c’est un spectacle de transition à l’occasion duquel nous faisons le point sur notre travail depuis dix ans et aussi sur les perspectives d’avenir c’est exactement un spectacle [inaudible].