Phèdre de Racine, mis en scène par Luc Bondy au Théâtre de l'Odéon
Notice
Extrait de la scène 3 de l'acte I, où Phèdre (Valérie Dreville) fait à sa nourrice Œnone l'aveu de son amour pour Hippolyte et raconte ses efforts vains pour échapper à cette passion coupable.
- Phèdre (Jean Racine - Auteur / Luc Bondy - Mise en scène)
- Europe > France > Ile-de-France > Paris > Théâtre de l'Odéon
Éclairage
Après dix années de succès avec la troupe de l'Hôtel de Bourgogne, Racine fait jouer en 1677 sa tragédie Phèdre, dont il emprunte le sujet à l'Hippolyte d'Euripide. Si son intrigue reste pour l'essentiel fidèle à celle du tragique grec, Racine déplace cependant l'intérêt principal sur le personnage de Phèdre, qui s'empoisonne à la fin de la pièce, prise de remords d'avoir causé la mort d'Hippolyte en l'accusant de viol auprès de Thésée : ainsi, plus qu'une simple coupable, Phèdre est aussi victime de ses propres passions. Portée par son actrice principale, la Champmeslé, la pièce connaît un grand succès auprès du public parisien, mais elle est victime d'une cabale chez les doctes. Racine, épuisé par les attaques de ses adversaires et désireux de se rapprocher de nouveau de ses maîtres jansénistes, abandonne alors le théâtre : il ne le retrouvera qu'avec deux tragédies bibliques, Esther (1689) et Athalie (1691), écrites pour les pensionnaires de Saint-Cyr à la demande de Madame de Maintenon.
Lorsque Luc Bondy met en scène Phèdre au Théâtre Vidy-Lausanne en 1998, il s'agit de sa première mise en scène d'une pièce de Racine. Plus familier d'Ibsen et de Strinberg, Bondy dit avoir voulu proposer « une Phèdre réaliste », mettant un accent particulier sur les relations transgressives des personnages entre eux. Le spectacle est centré avant tout sur le duo Phèdre-Œnone : face à la Phèdre de Valérie Dréville, dont la robe dorée renforce la personnalité lumineuse, à la fois passionnée et froide, Dominique Frot campe une Œnone petite et noiraude, figure de la rage destructrice. Autour d'eux, Hippolyte (Sylvain Jacques) est un adolescent inexpérimenté et falot, tandis que la force apparente de Thésée (Didier Sandre) se révèle impuissante. La scénographie, qui figure une plage, se transforme en arène au fil des affrontements, qui laisseront sur la scène trois morts sans vainqueur.