La Marmite de Plaute à la Cartoucherie de Vincennes

09 février 2002
02m 51s
Réf. 00308

Notice

Résumé :

Outre quatre brefs extraits du spectacle, le reportage présente une interview de la metteuse en scène, Brigitte Jaques-Wajeman, qui explique sa démarche de transposition de la pièce antique et souligne l'importance de la musique et du travail sur le corps. Le comédien Cyril Anrep évoque ensuite les conditions de représentation du théâtre à l'époque de Plaute.

Date de diffusion :
09 février 2002
Source :
Fiche CNT :

Éclairage

Poète comique déjà adulé de son vivant, homme de théâtre total, à la fois auteur et chef de troupe, Plaute est le Molière des Romains. Il fut l'auteur, dit-on, de cent trente pièces, dont une vingtaine seulement nous sont parvenues. Représentées une seule fois au cours de la liturgie rituelle des Jeux, qui réunit les Romains autour de danses, de banquets, de spectacles sportifs et de pièces de théâtre, les comédies romaines donnent à voir un monde fantaisiste où guerre et politique n'existent pas et où tous les personnages ne sont préoccupés que de fête, d'amour et d'argent.

La comédie de La Marmite, qui nous est parvenue amputée de sa fin, est aujourd'hui la plus célèbre du corpus de Plaute : son personnage d'Euclion, vieillard pingre et revêche, inspira en effet l'Harpagon de Molière, qui emprunta au poète romain une grande partie des scènes et des gags de L'Avare. La pièce réserve pourtant des surprises, à l'exemple du vieillard Mégadore, aussi dispendieux et jouisseur qu'Euclion est chiche, et d'un duo de cuisiniers danseurs et beaux parleurs.

Dans sa mise en scène, réalisée avec la collaboration et sur la traduction de la latiniste Florence Dupont, Brigitte Jaques-Wajeman entend recréer l'esprit festif et l'exigence spectaculaire du théâtre romain : s'il ne s'agit pas à proprement parler d'un travail de reconstitution historique, elle reprend cependant plusieurs principes majeurs de la codification théâtrale romaine, parmi lesquels la présence de passages chantés et dansés, les fréquentes adresses au public et une distribution exclusivement masculine. Les parties musicales sont prises en charge par un percussionniste présent sur scène, avec une musique originale de Marc-Olivier Dupin. La fin manquante devient quant à elle l'occasion d'un jeu jubilatoire d'auto-désignation du théâtre où deux dénouements sont proposés.

Céline Candiard

Transcription

(Musique)
Journaliste
Plaute, vous avez dit Plaute ? Et oui, c’est dans les vieilles marmites que l’on fait les meilleures soupes. L’adaptation et la nouvelle traduction de cette Marmite du deuxième siècle avant Jésus-Christ est totalement décapante, jubilatoire.
Comédien 1
Si un filet de fumée s’échappe de sa cheminée. Quand il va se coucher, il se met un sac sur la bouche.
Comédien 2
Pourquoi ?
Comédien 1
Pour ne pas perdre en dormant le souffle de son haleine.
Journaliste
La Marmite, c’est le modèle de L’Avare de Molière : Euclion cache son or, la peur au ventre de se le faire voler et évidemment sa marmite pleine d’or va disparaître. Sexe, argent, femmes, et conflits de génération, pour ce cocktail explosif, encore et toujours, Plaute fait rire et grincer.
Brigitte Jaques-Wajeman
J’ai pas refait du tout ce qui se faisait il y a 2000 ans, parce que d’abord, je n’en sais rien, mais j’ai intégré beaucoup de musique dans le spectacle, et qui entraînent aussi les acteurs à danser énormément et à danser leur rôle. Et les rôles sont pas du tout psychologiques c’est vraiment des purs, c’est très animal même, très, et dans ce sens c’est en effet très carnavalesque.
(Musique)
Comédien 3
[Inaudible] Faites attention, les gens d’ici, les gens d’ailleurs attention, les gens de la ville et les gens de la campagne. Dégagez les rues, les places ! Jamais de ma vie je n’avais fait la cuisine chez des allumés pareils, ce banquet sera la fête des fous !
Cyril Anrep
A l’époque c'était joué par des esclaves, pour aussi des esclaves qui allaient au théâtre et c’était joué pour 20000 personnes donc, avec des costumes et des postures extravagantes vraiment pour que les 20000 puissent le voir. Et c’était en fait, ce qui est marrant c’est que c’était joué une fois, et donc l’acteur devait absolument prouver qu’il était le meilleur de la troupe en une fois, en un soir et donc du coup, ils se permettaient beaucoup de choses.
Comédiens
[inaudible]
Journaliste
Grotesques, extravagants, les comédiens transpirent de ce plaisir du jeu, le public aussi.
Comédien 3
Je veux que tu me la mettes ici la chose.
Journaliste
Et à la fin, il se passe quoi ? Pas de fin, disparue. Alors les comédiens imaginent deux versions pour terminer l’histoire, et pour les découvrir, il vous faudra aller jouer au public.
Comédien 4
Il n’y a plus de texte.
Comédien 5
Quoi ?
Comédien 4
Je suis sans réplique.
Comédien 5
Qu’est-ce que tu racontes ?
Comédien 4
Plus de Plaute, la fin est perdue !