Folies bourgeoises ou la petite illustration, un spectacle vaudevillesque mis en scène par Roger Planchon

30 mai 1977
02m 42s
Réf. 00379

Notice

Résumé :

Extraits des Folies bourgeoises ou la petite illustration, un spectacle conçu par Roger Planchon à partir de vaudevilles, de mélodrames et de pièces comiques du début du XXe siècle. Interview du metteur en scène, alors que le TNP de Villeurbanne est en tournée à Paris, au Théâtre de la Porte Saint-Martin.

Date de diffusion :
30 mai 1977
Source :
TF1 (Collection: IT1 13H )
Compagnie :
Artistes et personnalités :
Thèmes :
Fiche CNT :

Éclairage

Sardou, Feydeau, Labiche et Courteline sont les représentants les plus populaires et les plus célèbres du vaudeville à la fin du XIXe et au début du XXe siècle. Mais la production de formes comiques et plus généralement de saynètes de divertissement (la vogue est aux pièces en un acte) est considérable au tournant du siècle. Le public se presse dans les théâtres de boulevard – une quantité de théâtres sont d'ailleurs construits à cette époque dans tout Paris – pour apprécier, contre une somme très modique, des opérettes, des mélodrames, des pièces aux situations désopilantes, le plus souvent accompagnées de couplets et d'une musique entraînante. Cette forme de théâtre populaire, qui cherche à remplir les jauges et à faire fructifier ses recettes en proposant des pièces dans le goût et la mode du moment, n'a pas de prétention littéraire et reste d'une qualité très inégale voire parfois médiocre. La prolifération des auteurs et la surproduction entraîne des dramaturgies maladroites, trop vite écrites, versant dans le sentimentalisme, la farce grossière ou la parodie de pièces du répertoire. Les thématiques sont presque toujours les mêmes – les vicissitudes du mariage, l'adultère, l'argent, les personnages stéréotypés et ridicules – et sont déjà si usées que les pièces tiennent rarement plus d'une dizaine de soirs à l'affiche.

Ce théâtre de « faiseurs » et d'imitateurs persiste malgré tout et draine des quantités de spectateurs alors même que les dramaturgies et l'art de la scène sont en pleine révolution avec l'émergence des courants naturalistes et symbolistes (Antoine, Lugné-Poe...). Parmi quelques uns de ces continuateurs du théâtre populaire, on peut citer pour le drame bourgeois et le mélodrame Edouard Pailleron, Eugène Brieux, Paul Hervieu, Henri Lavedan, Emile Fabre, Henry Bataille, Henry Bernstein ou encore Marcel Prévost ; pour le boulevard Alfred Capus ou les moins méconnus Tristan Bernard et Sacha Guitry, qui assureront jusque dans les années 1960 les belles heures de la comédie de mœurs.

Planchon rend ici hommage, avec ce montage de courtes pièces produit par le Théâtre National Populaire en 1973 [1], à tous ces auteurs populaires dont on a aujourd'hui pour la plupart oublié le nom et les textes mais qui ont amusé une large communauté de spectateurs qui profitait alors du temps béni de la Belle Epoque, en toute insouciance, sans voir le drame qui allait déchirer l'Europe avec l'arrivée de la grande guerre, en 1914.

[1] Le spectacle a été créé à la Comédie de Saint-Etienne et repris au Théâtre de la Porte Saint-Martin.

Céline Hersant

Transcription

Présentateur
Le théâtre national populaire de Villeurbanne est en ce moment-même l’invité du théâtre de la porte Saint-Martin à Paris où la troupe se produit. Les spectateurs peuvent y apprécier Folies bourgeoises ou La petite illustration, mise en scène par Roger Planchon. Il s’agit d’une sorte de pot-pourri de plusieurs pièces choisies dans le répertoire du vaudeville et du mélodrame des années 1913-1914. Un reportage de Sylvie Hay sur des images de Daniel Thierry.
(Musique)
Journaliste
Un collage d’extraits de grands succès parisiens pour ne faire qu’une seule et même pièce. L’amour sous toutes ses formes, l’oisiveté d’une société et l’histoire de France en sont les thèmes principaux. Voilà ce qu’a voulu mettre en scène Roger Planchon. Folies bourgeoises, c’est un regard en arrière sur l’image que la société d’hier s’est plu à nous donner, c’est aussi l’image d’une société qui découvre en même temps le tango et les tranchées de la guerre.
(Musique)
Journaliste
Pourquoi cette époque particulière ?
Roger Planchon
Et bien, c’est parce qu’à ce moment-là, vers les années 10-13, il y a une chose qui se met au point qui est un peu comme la tragédie française, si vous voulez. C’est une comparaison excessive. On met au point la tragédie française et puis ça dure 80 ans. Et on met au point et puis après on écrit encore 80 ans après des tragédies, Voltaire écrit des tragédies alors que c’est pratiquement fini. Et bien là, c’est pareil, si vous voulez. Vers ces années-là, on a mis au point une forme qui s’appelle le vaudeville, qui s’appelle le théâtre de boulevard, ce que l’on voit actuellement sur les scènes mais qui tout envahi. Et évidemment, ça nous a intéressé beaucoup de faire un spectacle à partir de ça. Mais c’est un divertissement, si vous voulez, c’est une chose qui ne prend pas au sérieux ce théâtre-là. Toutes ces pièces sont d’ailleurs assez bien faites contrairement à ce que l’on pense généralement. Ce sont de très bons fabricants, un peu comme les scénaristes d’Hollywood mais c’est très bien fait. C’est injouable maintenant, mais c’est très bien.
(Musique)
Journaliste
Justement, ce divertissement, pensez-vous que le public qui vous a suivi jusqu’à maintenant va également vous suivre pour un divertissement ?
Roger Planchon
Et bien oui, parce que quand je faisais du théâtre il y a quelques années, les gens qui venaient dans nos salles n’étaient jamais allés dans les théâtres. Ils ne savaient pas ce que c’était. Et maintenant, on s’aperçoit que les gens sont formés par "Au théâtre ce soir", et en définitive, ça les concerne, ce spectacle-là. Parce qu’il n’y a plus de spectateur innocent maintenant. Maintenant les gens ont la télévision, ils voient ces spectacles-là et ils voient surtout les feuilletons de télévision. Et tous les feuilletons de télévision, tout "Au théâtre ce soir" sort de cela. Et du même coup, ça m’intéresse de montrer comment c’est fait, un peu de démonter le mécanisme et d’en faire rire.
(Musique)