Hamlet : a monologue, spectacle de Bob Wilson

16 septembre 1995
02m 17s
Réf. 00490

Notice

Résumé :

En 1995, dans le cadre du Festival d'Automne de Paris à la Maison de la Culture de Bobigny (MC93), le metteur en scène américain Bob Wilson reprend son spectacle Hamlet : a monologue, adaptation de la pièce de William Shakespeare – spectacle créé au Alley Theatre de Houston. Les extraits sont suivis d'une interview d'Ariel Goldenberg, directeur de la MC93.

Date de diffusion :
16 septembre 1995
Fiche CNT :

Éclairage

William Shakespeare (1564-1616) est considéré comme le plus grand auteur dramatique anglais du XVIe siècle (début du XVIIe). Il est la référence absolue lorsqu'on évoque le théâtre élisabéthain. Sa capacité à user de toutes les ressources de la poésie et de la scène, son aisance dans le mélange des genres et des registres de langues, sa liberté avec l'espace et le temps font de son œuvre éclectique « une source vive » [1] : des textes théâtraux d'une très grande richesse qui ne s'épuise pas, ne cessent de questionner le théâtre et d'attirer les metteurs en scène de toutes générations et d'univers artistiques très différents.

Ecrite aux alentours de 1601, « Hamlet est la pièce de théâtre qui contient toutes les autres » [2]. Hamlet, jeune prince du royaume de Danemark, porte encore le deuil de son père lorsque le fantôme de celui-ci lui fait une terrible révélation : l'oncle d'Hamlet, qui a succédé à son frère sur le trône et épousé sa belle-sœur, est en réalité le meurtrier de son père. La pièce s'organise autour de la recherche de preuves puis de la vengeance d'Hamlet (« Le temps est hors de ses gonds. O sort maudit / Qui veut que je sois né pour le rejointer ! »), de sa volonté d'agir pour réparer l'injustice, des conflits intérieurs qui agiteront son esprit après la révélation du spectre de son père. C'est par la mort du couple royal et celle d'Hamlet, par la prise de pouvoir légitime de Fortinbras que le Danemark sera lavé de ces péchés et que le temps reprendra son cours.

Né en 1941 à Waco (Texas), après une formation de peintre, puis d'architecte-décorateur, Bob Wilson (qui « se dit plus volontiers artiste visuel que metteur en scène » [3]) est une figure importante de la vie artistique new-yorkaise dans les années 60. En 1971, Le Regard du Sourd au Festival de Nancy bouleverse les cadres du spectacle théâtral et de la perception du temps scénique (voir ce document). Metteur en scène de théâtre et d'opéra, Bob Wilson sculpte le mouvement, la lumière, l'espace, le temps.

Le travail sur Hamlet l'amène à envisager la forme du monologue, « un monologue qui se déroulerait une fraction de seconde avant la mort d'Hamlet. C'est un artifice au moyen duquel je pouvais prendre tout le texte et en un certain sens, c'est aussi comme un flashback, tous les personnages étant réinterprétés dans la mémoire d'Hamlet. Comme si tous les événements survenaient en une seconde fragmentée, une sorte de méditation sur l'œuvre » (Bob Wilson, [4]). Il éclate et reconstruit ainsi la pièce en 15 tableaux dans lesquels il évolue seul en scène, passant d'un rôle à l'autre, sur une scène dépouillée (un empilement de rochers qui s'amenuise au fil du monologue) et habitée de lumières. (« La lumière évoque toujours des émotions, probablement l'élément le plus important dans le théâtre, parce que c'est ce qui nous aide à entendre et à voir ce qui nous conditionne mentalement. » [4]). S'il n'hésite pas à aller vers le comique et la facétie, on retrouve bien cependant l'univers plastique wilsonien dans ses gestes stylisés, son visage-masque, son travail des lumières.

[1] Louis Lecoq / Catherine Treilhou-Balaudé, « Shakespeare », in Dictionnaire encyclopédique du théâtre, dirigé par Michel Corvin, Paris, Larousse, coll. « In extenso », 2000.

[2] Yannis Kokkos, in Actes du congrès 1984, Société Française Shakespeare, « Lieu et Temps », sous la direction de Jean Fuzier, édition électronique.

[3] Frédéric Maurin, Robert Wilson. Le temps pour voir, L'espace pour écouter, Arles, Actes Sud, coll. « Le Temps du théâtre » dir. par G. Banu, 1998.

[4] texte dossier de presse MC93.

Anne-Laetitia Garcia

Transcription

Bob Wilson
To be or not to be, that is the question.
Journaliste
À mi chemin entre le théâtre No et Buster Keaton, Hamlet revisité. Il est seul en scène, lumineux comme un tableau de maître, précis comme un danseur de kabuki, épuré comme une définition du beau. Bob Wilson est le prince de Danemark, d’un Shakespeare affiné jusqu’au silence qui couronne l’aboutissement de son parcours théâtral dont il a toujours réservé en France la primeur au festival d’automne.
Ariel Goldenberg
On jouit d’une grand dose d’estime de la part de l’artiste d’une certaine renommée internationale et qui se sent très bien accueilli chez vous. Et y a un niveau professionnel de compétence en particulier au niveau de la technique. On est très bien équipé, on sait accueillir les gens, et disons que je crois que les gens, ils trouvent un vrai plaisir pour venir travailler chez nous.
(Musique)
Journaliste
Quelques chiffons, et l’histoire, rien que l’histoire. Jouant avec des accessoires comme un montreur de marionnettes, Bob Wilson est également le peintre qui divise la tragédie en 15 tableaux agencés comme une exposition.
Bob Wilson
[Incompris].
Intervenant 2
On a toujours dit que c’était un artiste visuel qui travaillait la lumière comme nul autre, certes ! On le voit encore, mais je trouve que c’est aussi avec une immense simplicité, ce n’est pas comme ça, de l’image pour de l’image, c’est une construction avec l’image, les sons avec lui sur ce qu’il… ce qu’Hamlet représente pour lui.
Bob Wilson
[Incompris]
(Musique)
Bob Wilson
[Incompris]