Village de cirque sur la pelouse de Reuilly

23 octobre 2008
01m 58s
Réf. 00561

Notice

Résumé :

Reportage sur le Village de cirque, installé chaque automne par la coopérative 2r2c sur la pelouse de Reuilly. Parmi les compagnies accueillies en 2008, ce reportage présente des extraits du spectacle Raté Rattrapé Raté de la Cie Pré-O-Ccupé, et un entretien avec son directeur artistique Nikolaus. En fin de sujet, quelques images du spectacle pour enfants Aba Daba, du Cirque Electrique.

Date de diffusion :
23 octobre 2008
Source :
Fiche CNT :

Éclairage

Créée en 2005, la coopérative 2r2c (pour De rue de cirque) est l'une des rares structures à proposer de la diffusion rue et cirque dans Paris intra muros [1]. Scène conventionnée depuis 2010 [2], 2r2c alterne programmation dans l'espace public et sous chapiteaux, à diverses périodes de l'année. Parfois proposés sans communication préalable pour mieux infiltrer le quotidien urbain, quelques faits d'arme sont restés célèbres : Pari Passu (2006), les Indésirables (2007), les Phénoménomades (2008), la Traversée de Paris (2012), loufoque relecture du cortège funéraire par la compagnie Cacahuète... Chaque automne depuis 2005, un Village de cirque pose ses chapiteaux pendant plusieurs semaines sur la Pelouse de Reuilly (Paris 12e, à la lisière du Bois de Vincennes) : des compagnies viennent y présenter leurs récentes créations, d'autres sont accueillies en résidence, des ateliers de pratique circassienne et des rencontres thématiques sont proposées au public... Par son modèle économique (société coopérative d'intérêt collective, régie par 42 sociétaires) comme par sa programmation exigeante, 2r2c se présente comme une structure militante : « le soutien à la diffusion sous chapiteau reste l'un des actes fondateurs du Village de cirque. Un mode de vie et de travail qu'il faut pouvoir assumer. Un quotidien qui ne ressemble pas toujours au rêve que l'on peut s'en faire, les coûts sont importants et surtout les espaces de diffusion manquent. A Paris, notamment », commente Rémy Bovis, directeur de la structure [3]. « Un soutien variable se met en place au gré des besoins des artistes, dès lors qu'il y a un accord entre les compagnies et les sociétés et une adéquation entre les demandes et les projets. Car l'idée de mutualisation, chère à Rémy Bovis, se traduit par une coopération entre les compagnies et la société qui, si elle ne peut toujours reposer sur une base financière, trouve somme toute une valeur morale, véritable socle à cette union. » [3]

En 2008, le Village de cirque accueille la Cie Pré-O-Ccupé avec le spectacle Raté Rattrapé Raté (création 2007). Epaulé par les acrobates Mika Kaski et Pierre Déaux, le clown jongleur allemand Nikolaus, philosophe à ses heures, y explore la théorie de la relativité, dans un fatras de carton simulant l'ordre dans le désordre : « c'est le spectacle de la crise, avec des savants clochards qui racontent de grandes vérités, alors que tout se casse la gueule. » [4] L'implosion d'un œuf symbolise le big bang, la jongle s'opère avec des baguettes, les cartons empilés constituent de sommaires agrès, qui se délitent au fur et à mesure du spectacle ; le spectateur, quant à lui, guette avec jubilation la catastrophe inéluctable. Démonstration par l'absurde, verbe haut et prestes acrobaties (jongle, funambulisme...) : chez Nikolaus, la gravité côtoie le dérisoire, et la matière reste toujours la plus forte, dans des acrobaties par essence vouées à l'échec. « L'important au cirque, c'est la présence de l'instant ; comme dans le surf, toute la beauté réside dans l'équilibre éphémère. Tous les soirs les figures sont un peu différentes, selon la manière dont s'agence la matière. Le combat de l'acrobate est chaque soir perdu d'avance ; pourtant, comme l'imagine Camus, lorsque Sisyphe retourne vers sa pierre, il est content, il se sent libre ! », explique Nikolaus [4]. Par la suite, Mika Kaski et Pierre Déaux créent en 2012 leur propre duo (Le grain), tandis que Nikolaus présente la même année Tout est bien, un spectacle sur la fin du capitalisme, sous un chapiteau qui se délite.

[1] La programmation rayonne aussi dans d'autres villes d'Ile de France dès 2006 (Pantin, Bagneux...)

[2] De Rue et De Cirque est scène conventionnée  pour l'accompagnement des projets de création pour les arts de la rue et cirque par la DRAC Ile-de-France

[3] Propos tirés d'un article de Mathilde Lacroix, publié le 20 septembre 2011 sur le site www.mouvement.net

[4] Nikolaus cité par Julie Bordenave, Stradda n°24, avril-juillet 2012

Julie Bordenave

Transcription

Journaliste
Les lois de la gravité revisitées par le cirque. Bienvenue dans l’univers burlesque de la compagnie Pré-O-ccupé. Trois chercheurs un peu fous multiplient les expériences loufoques avec pour seuls outils, des cartons. Alors sur scène, c’est un véritable désordre, mais organisé car la chute est toujours calculée au millimètre près.
(Bruit)
Intervenant
Les gens, ils viennent et ils disent : mais c’est le spectacle de la crise, c’est comme les jongleurs de finances, tout se casse la gueule d’un moment à l’autre. Cette prétention des hommes qui essaient de maîtriser, alors pendant, le monde s’écroule. Il y a une lecture qui est excitante, et qui traite d’une grande actualité à laquelle nous n’avons pas pensé.
Journaliste
Loin du cirque traditionnel, le spectacle mèle théâtre et danse, et c’est là la particularité de ce nouveau cirque, celle de proposer une histoire écrite et maîtrisée à laquelle participe le public.
Intervenant
Quand on monte un spectacle, on a un propos et une rencontre avec les autres. Dans tout ça se crée une histoire qu’on n’a peut-être pas pensée au départ. Et de là, on vit quelque chose de beau entre nous, et puis il y a le partage.
Journaliste
Cirque contemporain, oui, mais les grands numéros classiques ne sont pas satisfaits pour autant. Jongleurs et funambules réalisent de véritables performances, l’humour et l’absurde en plus.
Inconnu
J’ai trouvé très bien et c’était très marrant.
Inconnu 2
C’est explosif, c’est en même temps de la philosophie, c’est un bon moment, c’est de l’acrobatie. C’est…, je ne sais pas ce que c’est, mais c’est un condensé de merveilles.
Journaliste
Sous un autre chapiteau, on fait son cirque dans un décor de manga et au son d’une musique pop électronique. C’est sûr, le nouveau cirque n’a pas fini de nous surprendre et de nous faire rêver.