Un Ballo de Jiri Kylian

27 avril 1997
03m 31s
Réf. 00724

Notice

Résumé :

A l'occasion de la deuxième édition de Paris Danse, saison organisée par le Jeune Ballet de France au Théâtre Mogador en avril 1997, Catherine Riesi et Sébastien Mari, deux danseurs du Nederlands Dans Theater, tous deux issus du JBF, interprètent un extrait de Un Ballo de Jiri Kylian sur la musique de la Pavane pour une infante défunte de Maurice Ravel.

Date de diffusion :
27 avril 1997
Source :
Thèmes :

Éclairage

Un Ballo est la première chorégraphie que Jiri Kylian règle pour le Nederlands Dans Theater II, jeune et dynamique compagnie qu'il fonde en 1978 et qui compte alors vingt danseurs âgés de 16 à 21 ans. C'est dans cette compagnie junior qu'il puise principalement les nouveaux éléments qui viendront renforcer le Nederlands Dans Theater I, troupe principale composée de trente deux danseurs. En 1991, quand sa femme la danseuse Sabine Kupferberg âgée de quarante ans doit prendre sa retraite, Jiri Kylian fonde à son intention le Nederlans Dans Theater III, qui comprend, selon les créations, de trois à cinq artistes âgés de quarante à plus de soixante ans « pour utiliser des danseurs qui ont beaucoup à dire, mais sont atteints par la limite d'âge. On ne jette pas à la poubelle de tels talents, et de nombreux chorégraphes ont montré leur intérêt pour le NDT III, comme Béjart, Forsythe, Duato ou Mats Ek » explique Kylian quand cette compagnie se produit au Palais Garnier en 1997.

Un Ballo, courte pièce (douze minutes environ) pour quatorze jeunes danseurs est conçue sur deux pièces orchestrales de Ravel : le Menuet du Tombeau de Couperin et la célèbre Pavane pour une infante défunte. La création a lieu en 1991 à La Haye, résidence permanente des trois compagnies. Peu joué en France, Un Ballo a été donné par le Ballet du Rhin avant que Yorgos Loukos ne l'inscrive au répertoire du Ballet de l'Opéra de Lyon en mars 2006.

Le chorégraphe définit cette pièce comme « Une danse sur la musique et rien de plus. Une danse à prendre comme l'exercice de la musicalité et de la réactivité sensible entre un partenaire masculin et un partenaire féminin ».

De son côté Catherine Riesi, jeune et belle danseuse noire aux cheveux ras, juge « Le travail avec Kylian est très enrichissant. Très intéressant. C'est très difficile à décrire avec les mots, son travail est tellement diversifié ! Kylian est quelqu'un de très sensible, très, très sensible, et j'aime beaucoup ça parce qu'il fait très attention aux danseurs».

Le duo extrait de Un Ballo, lyrique et touchant, peut s'apparenter au premier style de Jiri Kylian. Le garçon est en gilet, culotte à la française et bas, et sa partenaire, en corset et bras nus, porte une longue et large jupe sombre qui lui permet de magnifiques envolées de tissu aux reflets bleu acier. C'est un duo de jeunes amoureux, plein de tendresse et de pudeur, aux larges et souples ports de bras. Les portés sont particulièrement beaux, quand la tête renversée en arrière de Catherine Riesi émerge de sa robe déployée. On songe aux effets de rideaux de Bella Figura ou de Kaguyahime.

Jiri Kylian se renouvelle tellement qu'il est plus facile de parler de périodes que d'un style Kylian. Il évolue depuis la fin des années 1970 non avec le temps ou la mode, mais avec un monde moderne où tout va de plus en plus vite. Kylian ne répond pas à l'impatience du spectateur qui veut toujours du nouveau : il la devance et surprend par la fraîcheur de son inspiration.

Il y a d'abord sa période patriotique quand ses ballets sur les musiques de ses compatriotes Janacek (Sinfonietta) ou Dvorak évoquent avec une certaine nostalgie son pays natal et Prague qu'il a fui à vingt et un ans devant les chars soviétiques. Puis sa période lyrique (Noces, Symphonie de Psaumes) avec mouvements en spirales et envolées de robes, qui influencent de nombreux chorégraphes tel son danseur Nacho Duato.

Il crée aussi sur des récits fantastiques ou féériques (L'Histoire du soldat, L'Enfant et les sortilèges, Kaguyahime) avec toujours ici et là des ballets à l‘humour décapant (Symphonie en D) ou délirant (Six Dances, Petite Mort) . Il devient primitif après un voyage chez les Aborigènes, ou bien chantre de la beauté féminine (Bella figura). L'écriture varie, le vocabulaire innove. Kylian est partout où on ne l'attend pas, surgit d'une trappe et prend plaisir à surprendre le public et les danseurs. Kylian est tout à la fois un poète, un musicien, un magicien.

René Sirvin

Transcription

Catherine Riesi
Le travail avec lui est très enrichissant. Très, très enrichissant, très intéressant, c’est euh, c’est difficile à décrire, je peux pas décrire avec les mots c’est, son travail est tellement diversifié, oui. Je saurais pas dire, c’est quelqu’un de très sensible, très, très sensible, j’aime beaucoup Jiri pour ça parce qu’il fait attention aux danseurs. C’est un grand artiste, c’est un grand chorégraphe, c’est oui, un maître.
(Musique)