Anne Teresa De Keersmaeker sur les pas de Nijinski

02 juillet 2006
02m 09s
Réf. 00747

Notice

Résumé :

En ouverture de D'un soir un jour, qu'elle crée en 2006, Anne Teresa De Keersmaeker accroche à son répertoire le Prélude à l'après-midi d'un faune, immortalisé au début du XXe siècle par Vaslav Ninjinski.

Date de diffusion :
02 juillet 2006
Source :

Éclairage

Mi-homme, mi-bouc, souvent associé aux nymphes, aux dryades et à Bacchus, le faune est un personnage traditionnel des ballets d'inspiration antique depuis le XVIIème siècle. Mais l'image du Faune, en danse, reste indéfectiblement attachée à la géniale interprétation qu'en donna Nijinski en 1912, sur la musique de Debussy. Déplacements latéraux, positions de profil, esthétique angulaire : les figures inventées par Nijinski, qui inaugurèrent une certaine modernité chorégraphique, ont été fréquemment reprises par les plus grands chorégraphes du XXème siècle, de Serge Lifar (1935) à Maurice Béjart (1987), en passant par Jerome Robbins ou encore Kurt Jooss.

En 2006, la chorégraphe flamande Anne Teresa De Keersmaeker, qui dirige à Bruxelles la compagnie Rosas depuis le début des années 1980, s'attaque à son tour à cette pièce de légende. « La version de Nijinski est très très belle, donc je me disais : « Est-ce qu'on peut ajouter, encore, quelque chose à ça ? ». Ce sont vraiment les danseurs qui m'ont convaincue qu'il fallait quand même oser une autre écriture qui ne nie pas le passé », confie la chorégraphe à Isabelle Baechler, qui réalise pour le journal de France 2 un reportage lors du festival Montpellier Danse, en juillet 2006. Et l'un des danseurs, Mark Lorimer, ajoute dans le même reportage : « On nous a apporté des éléments historiques peu à peu, mais le vrai point de départ de notre travail était le simple plaisir d'improviser sur la musique sans trop penser à Nijinski ».

Ce que ne dit pas le reportage du Journal de France 2, c'est que le seul Prélude à l'après-midi d'un faune ne faisait qu'ouvrir une pièce plus ample pour 14 danseurs, créée par Anne Teresa De Keersmaeker en mai de cette même année 2006 au Théâtre de La Monnaie à Bruxelles : D'un soir un jour. Sous ce titre, la chorégraphe réunissait six brèves chorégraphies, le long d'un parcours musical d'une remarquable richesse, débutant et se terminant par une composition de Claude Debussy. Au cœur de ce parcours chorégraphique et musical se nichaient deux œuvres du compositeur contemporain britannique George Benjamin – dont l'une a été spécialement écrite pour Rosas. Elles sont précédées et suivies de deux pièces d'Igor Stravinsky, contemporain de Debussy. En six tableaux, Anne Teresa De Keersmaeker faisait ainsi partager sa fascination des rapports entre le mouvement pur et la musique, qui ont formé la trame de toute son œuvre, voyageant des musiques répétitives de ses débuts (Steve Reich, Thierry De Mey) au répertoire classique (Monteverdi, Bach, Mozart) et moderne (Bartók), en passant par le jazz (John Coltrane, Mile Davis) ou encore la chanson (Joan Baez, voir la vidéo). Ici, le recours à Debussy aura permis à Anne Teresa De Keersmaeker de pouvoir profiter de la présence, rare, d'un orchestre symphonique au diapason d'une écriture contemporaine de la danse.

Jean-Marc Adolphe

Transcription

Présentatrice
Le festival de danse à Montpellier avec la création d’une chorégraphe flamande qui s’attaque pour la première fois à L’après midi d’un faune de Debussy, une pièce rendue célèbre par Nijinski et au début du XXe siècle. Isabelle Baechler, Didier Dahan.
Journaliste
Le vrai luxe, avoir un orchestre symphonique à sa disposition dans la fosse, celui de Montpellier en l’occurrence, pour la nouvelle création d’Anne Teresa de Keersmaeker. La chorégraphe flamande, danseuse bien sûr mais aussi flûtiste, conjugue ici tous les plaisirs. Diriger les corps de 14 danseurs et leur adapter au quart de seconde la musique d’une centaine d’instrumentistes. Avec le chef c’est du vrai sur-mesure. Fini les musique ultra abstraites, en 2006 Anne Teresa se jette à l’eau de Debussy avec délices, comme pour s’affranchir du fantôme de Nijinski, elle s’attaque à L’Après-midi d’un faune.
Mark Lorimer
On nous a apporté des éléments historiques peu à peu, mais le vrai point de départ de notre était le simple plaisir d’improviser sur la musique, sans trop penser à Nijinski.
Anne-Tereza(De) Keersmaeker
La version de Nijinski elle est très, très belle, donc je me disais, bon est-ce qu’on peut ajouter encore quelque chose à ça. Ce sont vraiment les danseurs qui m’ont convaincu qu’il fallait quand même oser une autre écriture, qui ne nie pas le passé.
(Musique)
Journaliste
Ne lui demandez pas si elle s’inscrit pour autant dans un héritage ou une lignée, la chorégraphe flamande a toujours mis toute son énergie à développer son propre langage.