Au cœur de la culture andalouse

28 février 1982
02m 32s
Réf. 00751

Notice

Résumé :

Avec Noces de Sang, d'après l'œuvre de Lorca, Antonio Gadès signe en 1978 son arrivée à la direction du Ballet National d'Espagne. Immortalisé par le cinéaste Carlos Saura, le spectacle de Gadès connaît un accueil triomphal au Théâtre de Paris, en 1982.

Date de diffusion :
28 février 1982
Source :
FR3 (Collection: Soir 3 )

Éclairage

En 1978, tout juste nommé à la direction du Ballet National d'Espagne trois ans après la mort de Franco, Antonio Gades monte Noces de Sang, un ballet inspiré de l'œuvre de Federico Garcia Lorca, écrite en 1933. Le cinéaste Carlos Saura, après avoir assisté à une répétition, décide d'en faire un film. Ce sera le premier d'une trilogie flamenca cosignée avec Antonio Gadès, avant Carmen (1983) et El Amor brujo (1986). Avec Noces de sang, confiera Carlos Saura, « Gadès avait réussi à capturer ce que j'imaginais impossible de capturer dans le théâtre de Lorca : il avait maintenu l'esprit populaire de Lorca, au sens le plus profond du terme, et il y avait là une prodigieuse et rigoureuse mise en scène de l'histoire à travers ce ballet austère, tout en tension, et cette musique si justement populaire elle aussi. »

Le film, sorti en salles en 1980, est un succès. Il ne remplace pourtant pas le spectacle en lui-même. « L'œuvre d'Antonio Gadès a gagné en intensité dramatique par rapport au film de Saura », affirme même sur France 3 Dominique Poncet qui fut, à la télévision, une journaliste culturelle passionnée et passionnante. Au Théâtre de Paris, en 1982, le ballet de Gadès, accompagné d'une Suite flamenca qui permet au public de se familiariser avec les principales figures du baile flamenco, reçoit un accueil triomphal. Si Antonio Gadès se situe dans une lignée de grands rénovateurs du flamenco (La Argentina, Vicente Escudero, Carmen Amaya), personne avant lui n'a réussi à théâtraliser à ce point un art essentiellement porté par des solistes.

« Il faut s'approprier ou se réapproprier les cultures régionales, et à partir de là, créer une danse contemporaine. Sans cette démarche, on part de l'abstrait et cela n'est pas évocateur », confiait Antonio Gadès à L'Humanité Dimanche [1]. Dans l'entretien qu'il accorde à la télévision française, dans sa loge du Théâtre de Paris où ont lieu les représentations de Noces de sang, Antonio Gadès justifie son choix du texte de Lorca par « le mythe de la culture andalouse » qui s'y trouve magnifié.

[1] Antonio Gadès, entretien avec Monique Houssin, L'Humanité Dimanche, 22 juillet 2004.

Jean-Marc Adolphe

Transcription

Présentateur
Il avait été immortalisé par la caméra de Carlos Saura, pour son ballet noces de sang , inspiré de l’oeuvre de Federico Garcia Lorca. Aujourd’hui Antonio Gades, entouré de 16 danseurs est donc sur la scène du théâtre de Paris. Il nous explique les raisons pour lesquelles il avait choisi d’adapter pour la danse, cette œuvre là.
Antonio Gades
J’ai trouvé que dans la pièce de Lorca, de Noces de sang, y avait de tous les mythes de la culture andalous quand c’est la mort de l’honneur, la passion et l’érotisme et la rupture avec la mère. Je travaille, et travaille et je lis la pièce pendant plus d’un an. Et je l'ai étudiée, et levée en morceaux et tout laissé vraiment les sens de la pièce de Lorca.
Journaliste
Pourquoi avez-vous choisi le flamenco pour adapter cette oeuvre.
Antonio Gades
Parce que je trouve que d’abord Noces de sang c’était en Andalousie et je… le flamenco, je trouve que c’est une danse plus… même [incompris], plus pur qui reste dans la danse contemporain.
(Musique)
Antonio Gades
La musique ça fait, c’est un copain guitariste populaire qui ne savait même pas la musique, qui ne savait pas lire la musique, et après nous avons mis dans la fête où la chanson populaire des années 40 qui ont été… c’est sûr que c’est dans toutes les fêtes de la maison, j’avais les… en souvenir quand j’étais petit de ma maison de toutes les fêtes qu’il y avait, tout le mode dansait le passo-doble, j’ai mis ça.
Journaliste
Présenté sur une scène à l’état brut, l’oeuvre d’Antonio Gades a gagné en intensité dramatique par rapport au film de Saura, je peux vous assurer qu’elle laisse le spectateur médusé pour ne pas dire pantois.