2001 : Année des arts du cirque

07 juin 2001
01m 48s
Réf. 00781

Notice

Résumé :

La tempête de 1999 a balayé nombre de chapiteaux. Pour certains, cet événement, épiphénomène pour un genre à la situation économique fragile, a joué un rôle dans la décision de l'Etat d'organiser l'Année des arts du cirque. Le reportage fait le bilan, entre autres avec Anny Goyer, directrice de l'Ecole Nationale des Arts du Cirque de Rosny, qui a été victime de l'ouragan Lothar.

Date de diffusion :
07 juin 2001
Source :

Éclairage

Le nouveau cirque, après des débuts hésitants dans la rue, où des artistes d'horizons différents se sont emparés des techniques de cirque pour les mêler à leur propre pratique artistique, notamment théâtrale et musicale, se structure dans le milieu des années 1980. Simultanément, le soutien institutionnel, la charpente pyramidale de la formation, l'acquisition d'un niveau professionnel dans la réalisation des prouesses, l'évolution des processus de création, font qu'à la veille du XXIe siècle tous les ingrédients, concrètement organisés et réfléchis, témoignent d'une incontestable légitimité artistique reconnue avec l'Année des arts du cirque. Annoncée le 10 février 2000 par Catherine Trautmann, Ministre de la Culture, elle sera pilotée par Catherine Tasca, qui lui succède, et Jean-Jacques Aillagon en fera le bilan le 30 septembre 2002, à l'Espace Chapiteaux au Parc de la Villette (Paris).

Dix objectifs sont fixés : développer le soutien global au secteur ; renforcer l'aide au fonctionnement, aux activités de création et à la diffusion des compagnies et entreprises de cirque ; favoriser l'éclosion de nouvelles démarches artistiques ; doter les compagnies et les lieux de cirque d'outils de travail ; améliorer les conditions d'exercice de la profession ; diversifier et structurer l'enseignement des arts du cirque ; affirmer le statut d'œuvre et d'auteur dans les arts du cirque ; connaître le cirque, construire sa mémoire, valoriser son patrimoine ; conforter la diffusion des arts du cirque à l'étranger [1]. Il s'agit bien d'une prise en compte globale du genre, qui est reconnu comme une activité fragile, notamment économiquement [2].

Dotée d'un comité de pilotage, présidé par Bernard Letarjet et composé de décideurs institutionnels et d'artistes de cirque, l'Année des arts du cirque (dans les faits l'opération s'étend sur trois ans) va permettre une visibilité inédite. L'ensemble des aides à la diffusion et l'opération 1, 2, 3 ... cirque (1er, 2 et 3 mars 2002) qui y est attachée offrent des opportunités de diffusion des œuvres par des structures généralistes d'ordinaire peu amateur du genre, incitent des festivals des arts de la scène à introduire dans leur programmation des créations circassiennes. « La charte d'accueil des cirques dans les communes, droit de cité pour le cirque » est établie. Des expositions sont organisées. C'est également l'occasion de rencontres, entre autres professionnelles, et de débats, notamment le colloque Le Cirque au risque de l'art [3], qui amène des chercheurs à interroger cette nouvelle forme spectaculaire et qui constitue une des publications d'importance qui ont été générées par l'événement [4].

Certes, lors du Bilan, le Ministre de la Culture peut se féliciter de l'effervescence qui a agité le monde du cirque pendant trois ans. En effet, lorsque l'on crée les conditions techniques et financières, les artistes et leur pouvoir créatif sont présents. Cependant, le constat dressé par Anne Quentin, en 2008, est réaliste :

«  En 2001, l'Année des arts du cirque a marqué un véritable tournant. Entre 2002 et 2005, la part consacrée par l'État au secteur s'est démultipliée de façon spectaculaire : + 331 % aux compagnies, + 104 % aux pôles cirques. Des aides spécifiques ont été créées : résidence, itinérance ou création, qui, toutes, permettaient de donner de l'air à la création. Mais il n'aura pas fallu cinq ans pour qu'à nouveau, on parle de précarisation du secteur. Les causes sont nombreuses : crise de l'intermittence, frilosité du réseau de diffusion français, faibles moyens de production, explosion du nombre des artistes... » [5].

[1] Dossier de presse L'Année des arts du cirque, Eté 2001/été 2002

[2] Dominique Forette, Les arts de la piste : une activité fragile entre tradition et innovation, Rapport du Conseil Economique et Social, 1998.

[3] Les actes de ce colloque qui s'est tenu les 7 et 8 juin 2001, à la Bibliothèque François Mitterrand, sont regroupés dans Emmanuel Wallon (dir.), Le Cirque au risque de l'art, Arles, Actes Sud-Papiers, 2002.

[4] Notons également, l'ouvrage collectif dirigé par Jean-Michel Guy, Avant-Garde, cirque ! Les arts de la piste en révolution, Paris, Autrement, coll. Mutations, n° 209, 2001.

[5] Anne Quentin, Le Goliath, guide des arts de la rue et des arts de la piste, HorsLesMurs, 2008.

Martine Maleval

Transcription

Journaliste
La piste centrale envahie par les herbes, c’est tout ce qui reste du chapiteau de l’Ecole Nationale des Arts du Cirque de Rosny. La tempête de décembre 99 est passée par là. L’école a dû déménager à la Ferme du Buisson, seuls les locaux administratifs sont encore à Rosny. Dans ces conditions, les mesures annoncées hier par Catherine Tasca sont les bienvenues. Le Ministre de la Culture a décidé d’augmenter de 10 millions de francs les aides aux fonctionnements du cirque en France.
Intervenante
L’économie du cirque est difficile mais depuis quand même quelques années avec l’arrivée de Bernard Turin à la tête du Cnac, il y a une, un renouveau, il y a beaucoup de nouvelles compagnies qui, et de jeunes qui embrassent cette carrière et effectivement ils ont besoin d’être aidés pour notamment la diffusion.
Journaliste
Mais plus que la reconstruction du chapiteau, déjà en partie financée par la ville, le département et la région, c’est l’annonce d’un cursus renforcé qui a été bien accueillie ici.
Intervenant
Le choix des disciplines, les objectifs pédagogiques sont fixés essentiellement en fonction de l’entrée à l’école de Chalons.
Journaliste
Or, d’autres écoles préparent aussi aux concours de Chalons. Du coup, les élèves de Rosny ne seront pas forcément tous admis.
Intervenante
D’où l’intérêt d’une troisième année pour arriver à effectuer un travail plus spécifique ; et leur permettre de les préparer aussi bien dans leur travail de technique de cirque mais également certainement que nous devrons envisager d’autres aspects.
Journaliste
Notamment l’administration du cirque ou la présentation de dossiers. En tout cas, l’école prévoit déjà d’étoffer sa petite équipe avec un administrateur et un régisseur en attendant de se réinstaller progressivement à Rosny dès 2002.