Naissance du festival Montpellier Danse en 1981

11 juillet 1981
03m 17s
Réf. 00878

Notice

Résumé :

A l'occasion de la création du festival Montpellier Danse en 1981, le chorégraphe Dominique Bagouet, directeur de la manifestation, en présente les lignes artistiques. Un seul mot : ouverture ! Le classique avec le Ballet national de Cuba, la danse traditionnelle du Languedoc avec le groupe la Guariga, le tout frais contemporain avec Bagouet lui-même. Les débuts d'une manifestation aujourd'hui d'envergure internationale.

Date de diffusion :
11 juillet 1981
Source :
TF1 (Collection: IT1 20H )

Éclairage

Fin du "désert culturel" à Montpellier selon la formule du journaliste. La création d'un Centre chorégraphique régional et d'un festival de danse va réveiller les habitants de la ville et de sa région. Plus de trente ans après, on mesure combine cette double idée audacieuse s'est révélée d'une impeccable justesse. Il faut entendre le chorégraphe Dominique Bagouet, initiateur et directeur en 1981 du festival Montpellier danse. Eclectisme et surtout rien que des troupes - une quinzaine pour cette première édition - qui font leur travail "à fond" ! En connaisseur, il vante le talent et l'interprétation du Ballet national de Cuba dans Giselle (toujours au sommet par ailleurs!), les Derviches tourneurs d'Istanbul... Il programme aussi un opéra-ballet du XVIIIe siècle, Daphnis et Alcimadure qu'il met en scène à partir d'un livret en langue occitane.

Le prestigieux et excitant festival Montpellier Danse a pris un départ sur les chapeaux de roues. Dirigé depuis 1983 par Jean-Paul Montanari, la manifestation reste le rendez-vous imparable des artistes, du milieu et du grand public. Avec le soutien de Georges Frêche, maire de Montpellier d'abord, puis président de l'Agglomération de Montpellier et de la Région Languedoc-Roussillon, le festival a pu déployer une ampleur unique. De l'abstraction américaine de Merce Cunningham (1909-1999) à la danse plasticienne des années 2000, des figures imparables des années 80 aux personnalités de la danse africaine ou indienne, tout ce qui compte ou comptera sur la planète danse s'est posé sur un des plateaux de Montpellier danse. Bouillon de cultures, de pensées, carrefour de pistes, le festival est le rendez-vous des programmateurs du monde entier. Ils viennent y faire leur marché mais prendre aussi la température des tendances.

Toujours l'esprit aux aguets et le moteur à fond, Montanari maintient un haut niveau d'exigence, de qualité, en ouvrant large la porte aux nouvelles générations. S'il continue à soutenir les chorégraphes "historiques" comme la flamande Ann Teresa de Keersmaeker, l'américain de Francfort William Forsythe, la française Mathilde Monnier, par ailleurs proche du festival puisque directrice du Centre chorégraphique de Montpellier, il sait dégager de la place aux écritures plus conceptuelles comme celles de l'allemand Raimund Hoghe, d'Alain Buffard, de Boris Charmatz...

Lorsqu'en 1990, il se retrouve seul en tête, sans Dominique Bagouet, il impulse de nouvelles lignes artistiques. En 1991, il invite le chorégraphe hip hop américain Doug Elkins à travailler avec les jeunes dans le quartier de la Paillade. Un an après, le programme « Continents noirs », conçu avec Christian Tamet, ouvre la manifestation aux chorégraphes africains. En 1992, pour fêter 1492, il décide d'évoquer l'expulsion des Juifs et des Arabes d'Espagne plutôt que de jouer la conquête de l'Amérique. Du Théâtre Grammont à l'Opéra Berlioz, d'un chai de Saint-Jean de Vedas au Corum, il installe la danse partout.

Le festival tresse l'histoire au sens large, celle de la danse en particulier, et toujours intimement, celle de Montanari. En 2010, pour la première fois, il décide d'ouvrir sa programmation au cirque et affiche les très expérimentaux, très passionnants, Angela Laurier et Phia Ménard. Avec succès. Comme toujours. Soucieux de développer l'art chorégraphique en lui dégageant un socle de choix dans la ville - Montpellier est devenue grâce au festival une capitale de la danse à l'échelle internationale -, Jean-Paul Montanari a ouvert en 1996 la saison d'hiver de Montpellier Danse, diffusant des spectacles pendant toute l'année à l'Opéra Comédie ou au Centre chorégraphique dirigé par Mathilde Monnier.

Pour la trentième édition du festival, Montanari fêtait l'inauguration de l'Agora-Cité internationale de la danse, installée dans les murs du Couvent des Ursulines qui abrite également le CCN. L'Agora, rêvée par Dominique Bagouet, est un outil de premier choix. Avec ses deux studios de répétitions dont l'un peut se tranformer en salle de spectacles, six chambres et un studio pour accueillir les artistes en résidence, un espace de rencontres et d'exposition, l'Agora croise la création, la diffusion et la culture chorégraphique dans un lieu architectural superbe.

Rosita Boisseau

Transcription

Présentateur
Reportage sur le festival de Montpellier, premier festival international de danse qui se tient sous le signe du mélange des genres, un reportage de notre envoyé spécial à Montpellier, Alain Beverini.
(Musique)
Alain Beverini
Montpellier a décidé de mettre fin à une réputation qui lui pesait, celle de désert culturel en créant tout d’abord un centre chorégraphique régional et aujourd’hui un festival international de danse. Une quinzaine de corps de ballet animent depuis le 3 juillet, aussi bien le plateau du théâtre municipal que la très belle Cour Jacques-Cœur. Dominique Bagouet, le jeune directeur du centre chorégraphique est un ardent partisan de l’éclectisme.
(Musique)
Dominique Bagouet
La danse a plein de visages, j’ai essayé de tabler sur la qualité, la qualité en général de toutes les danses. C’est-à-dire que les, qu’on a invité des groupes qui font vraiment leur travail à fond. Quand on pense par exemple au Ballet National de Cuba qui a le meilleur corps de ballet du monde, dans Giselle, c’est vraiment une merveille. Le classique, à mon avis, ne pouvait être représenté que par une troupe de cette qualité-là. Les Derviches Tourneurs d’Istanbul, dans leur rituel, ne peuvent être qu’à fond dans ce rite qui est tout à fait passionnant et de même sur toutes les compagnies invitées.
Alain Beverini
Est-ce que les jeunes danseurs ont toujours envie de danser Giselle ou Le Lac des Cygnes ?
Dominique Bagouet
Mais non, la preuve en est, c’est que là, pour ce festival, il y a un maximum de créations contemporaines. C’est-à-dire que un maximum de jeunes danseurs, comme vous dites, se sont passionnés pour la danse moderne, pour les nouveaux courants de la danse. C’est un courant tout à fait vivant et tout à fait passionnant et tout à fait suivi en France à l’heure actuelle.
(Musique)
Alain Beverini
L’éclectisme et le mélange des genres, Dominique Bagouet les pratique aussi en créant une nouvelle chorégraphie pour Daphnis et Alcimadure , un opéra ballet en langue occitane créé en 1754 et qui n’avait plus été représenté depuis deux siècles.
(Musique)
Bernard Richard
Dans un premier temps, je dois dire que notre souci c’est de tout de suite bien implanter le festival auprès de la population locale et régionale. Ce qui semble être chose faite bien que nous n’ayons pas encore évidemment fait d’enquête sociologique ; mais il semble que la réponse de la région soit tout de suite très importante, ce qui pour nous est quelque chose de rassurant. Je pense que l’impact international viendra de surcroît.
(Musique)
Alain Beverini
La Garriga, c’est le nom de ce groupe de musiciens et danseurs qui puise son répertoire dans les traditions instrumentales du Languedoc. Certaines de ces musiques et de ces danses ont allègrement traversé les siècles, et ce n’est certes pas le moindre charme de ce festival que de proposer auprès de Béjart, des Ballets de Cuba ou des Derviches d’Istanbul un groupe folklorique de la région.
(Musique)