Kaspar Konzert de François Verret

22 novembre 2001
03m 14s
Réf. 00893

Notice

Résumé :

Le chorégraphe et metteur en scène François Verret, l'acrobate et danseur Mathurin Boze jouent Kaspar Konzert ( 2001), accompagné par le musicien et compositeur Jean-Pierre Drouet, qui n'est pas filmé.

Date de diffusion :
22 novembre 2001
Source :
Lieux :

Éclairage

Observer François Verret (né en 1955) harnaché d'élastiques comme un pantin ouvre la voie à son univers d'artiste. Tension, épreuve, obstination. Sa façon de se débattre, de lancer ses jambes comme des bâtons, en dit long sur son besoin et sa capacité à creuser toujours plus profond le sens de son geste. Kaspar Konzert (1998), inspiré par l'histoire de Kaspar Hauser, est une pièce-clef dans l'œuvre de ce chorégraphe et metteur en scène. Elle marque le début d'une fructueuse collaboration avec l'artiste de cirque Mathurin Bolze, rencontré au Centre national des arts du cirque, à Châlon-en-Champagne. Elle pointe aussi un virage esthétique : en accueillant un circassien sur le plateau, François Verret ouvre encore un peu plus son travail à des artistes de tous bords, venant de la piste en particulier, mais aussi des arts plastiques.

Depuis la création de sa compagnie en 1979, François Verret, qui décroche le Prix de Bagnolet en 1980 pour Tabula Rasa, creuse une réflexion politique et sociale, naviguant toujours entre cas particuliers et collectif. Son point de vue percutant sur le monde d'aujourd'hui donne à ses spectacles une aura sociologique unique en son genre. De plus en plus inspiré par la littérature depuis le milieu des années 90, il propose des relectures resserrées de grands romans comme par exemple  Bartleby d'Herman Melville pour Bartleby (2000), L'homme sans qualités de Robert Musil pour Chantier Musil ( 2003) ou encore Moby Dick toujours de Melville dans Sans Retour (2006). S'il ne reste souvent rien du texte de départ, la vigueur du propos, son essence, trouvent souvent chez Verret une formule spectaculaire magique. Tempête mentale pour Sans retour (2006) sous influence de Moby Dick de Melville, chute et désarroi intimes pour Courts-Circuits (2011) dont le propos de départ s'ancrait dans L'homme qui tombe de Don Delillo...

Généralement présent sur scène au milieu des interprètes, ou scandant le texte au micro en direct de la régie, François Verret fait illico grimper le taux d'adrénaline de ses spectacles. Sa bizarrerie vocale et la tension physique de ses apparitions sont à la hauteur de ses objectifs théâtraux.

La formation d'architecte de cet autodidacte de la danse se retrouve toujours dans ses scénographies méticuleusement pensées et ajustées. Qu'il s'agisse de la structure métallique de Kaspar Konzert ou des trous dans le sol comme des tombes fraîchement creusées de Nous sommes tous des vaincus (1994), Verret construit un socle solide à chacune de ses pièces.

Au fil du temps, Verret négocie un geste artistique global, ramassant d'un coup de poing nerveux la danse, les mots, les lumières, le décor et la musique live. Refusant le confort d'une institution comme par exemple celle d'un centre chorégraphique national, François Verret, a multiplié les collaborations et les résidences en France pour pouvoir produire ses pièces. Longtemps soutenu par le Théâtre national de Bretagne, à Rennes, il a initié en 1993 une expérience exemplaire : les Laboratoires d'Aubervilliers (Seine-Saint-Denis). Il passe le relais six ans plus tard : le lieu est resté une plate-forme d'expérimentations dans un rapport de proximité avec les habitants du quartier. Quant à François Verret, il se consacre uniquement à ses spectacles. Au diapason d'un monde qui court au chaos à toute vitesse, Verret plante des signaux d'alarme.

Rosita Boisseau

Transcription

(Musique)
(Bruit)
(Musique)