Montalvo-Hervieu au Paradis

05 mars 1997
02m 28s
Réf. 00912

Notice

Résumé :

Paradis, chorégraphié par José Montalvo et Dominique Hervieu crée l'évènement à la Biennale de la danse, à Lyon.

Date de diffusion :
05 mars 1997
Source :
Compagnie :

Éclairage

Paradis ! Il fallait oser intituler ainsi un spectacle. José Montalvo (né en 1953) et Dominique Hervieu (née en 1962), alors assistante du premier, s'y sont risqués en 1997. Non seulement ils ont atteint le septième ciel mais sont montés directement au paradis. Autrement dit et plus concrètement, dans le peloton de tête des chorégraphes contemporains les plus populaires de la scène française. Créé à la Maison de la danse, à Lyon, coproduit par la Biennale nationale de la danse du Val-de-Marne, Paradis, pièce pour onze danseurs et un chien, rassemble le grand public et le milieu chorégraphique dans une même jubilation. La recette de cette pièce euphorisante : des interprètes remontés à fond, des projections d'images qui vont plus vite qu'eux, des danses en tous genres, et du bonheur, de la couleur ! Galopant sec sur les traces de Rameau et de Vivaldi, les interprètes – classiques, contemporains, africains, hip-hop - offrent un feu d'artifice gestuel et brandissent un message métis généreux. Avec le plaisir en ligne de mire, Paradis joue sur les éclats, la vitesse, l'excitation, pour filer le tournis au spectateur. Succès. Tournée dans le monde entier. La compagnie Montalvo-Hervieu succède à Maguy Marin en 1998 à la tête du Centre chorégraphique national de Créteil. Alors qu'au même moment, les travaux de la "non danse", apparue au milieu des années 90 avec les Jérôme Bel, Boris Charmatz, Emmanuelle Huynh, surgissent, Paradis en prend le contre-pied en riant.

José Montalvo et Dominique Hervieu se croisent en 1981 au cours de danse de Peter Goss, à Paris. D'abord interprète, Dominique Hervieu deviendra chorégraphe-associée en 1998 pour Le jardin Io Io Ito Ito, puis co-directrice de la compagnie la même année. Ensemble, ils élaborent un vocabulaire, une syntaxe. Le classique, revisité par la gymnastique dans laquelle Dominique Hervieu excellait enfant, se prend un coup de fouet et vrille en tous sens. L'ouverture à d'autres interprètes venus de tous les horizons va exploser leur écriture. Redistribuée dans différents styles tels que la danse classique, africaine et surtout le hip-hop qu'ils ont contribué à faire connaître au grand public, elle devient un concentré hybride explosif. Les images-vidéo réalisées par José Montalvo orchestrent un défilé exubérant de vieilles dames et d'animaux que les doubles virtuels des danseurs coursent.

Les sources d'inspiration communes de Montalvo-Hervieu s'appellent : Hugo Ball (1886-1927), auteur du premier manifeste Dada, l'écrivain irlandais James Joyce, le peintre Francis Picabia (1879-1953), le plasticien Max Ernst (1891-1976) mais encore le surréalisme, la comédie musicale, le flamenco... Dès leurs premières pièces – des solos -, ils décrochent des prix comme celui de Nyon (1986), de Danse à Paris ( 1987)... Dans la foulée de La Mitrailleuse en état de grâce, spectacle de groupe mis en scène en 1996 dans le cadre du festival hip-hop Suresnes cités danse, Paradis trouve sa recette du bonheur. En secret, Montalvo aime à raconter que cette pièce doit beaucoup au poète Robert Desnos (1900-1945), mort en camp de concentration, qui lisait les lignes de la main de ses compagnons en leur prédisant un avenir des plus merveilleux. Parmi les interprètes historiques qui ont bâti la réputation du style Montalvo-Hervieu, Walid Boumhani, Delphine Caron, Laurent Chédri, Chantal Loïal, Mélanie Lomoff, Sabine Novel, Merlin Nyakam... Le répertoire de Montalvo-Hervieu compte une vingtaine de spectacles. Avec toujours en ligne de mire une "danse démocratique qui jongle avec les différences pour en finir avec les inégalités". En 2008, ils prennent la direction du Théâtre de Chaillot, à Paris.

Depuis 2011, Dominiqe Hervieu a pris le relais de Guy Darmet à la tête de la Maison de la danse et de la Biennale de la danse, à Lyon. José Montalvo, toujours directeur artistique à Chaillot, poursuit seul son travail de chorégraphe.

Rosita Boisseau

Transcription

Présentateur
Le Paradis ce soir à La Maison de la danse à Lyon. La compagnie Montalvo-Hervieu qui y est en résidence, présente cette création où danse et vidéo se mêlent dans un spectacle tonique et humoristique. Reportage de Franck Giroud et Patrice Didier.
(Bruit)
Journaliste
Bienvenue au Paradis , façon José Montalvo.
(Bruit)
José Montalvo
Je souhaitais rendre un hommage un peu subjectif, joyeux, tonique à toutes les personnes qui, même dans des conditions difficiles dans la vie, savent transformer leur vie, leur vie terrestre, en paradis.
Dominique Hervieu
Et puis le Paradis pour nous, c’est de pouvoir, c’est de pouvoir danser tout simplement. D’être à fond dans la danse de chacun et sans doute, ça va arriver.
Journaliste
En tout cas, la résidence de la compagnie Montalvo-Hervieu pendant cinq semaines à La Maison de la danse lui a permis de mettre au point son univers. Danseurs classiques, contemporains, africains ou rappeurs se succèdent.
(Bruit)
Journaliste
Un rythme d’enfer pour construire à leur manière, un petit coin de paradis.
(Bruit)
José Montalvo
On n’imaginait pas ni la beauté, ni un paradis sur terre, sans une acceptation de la différence des autres, et trouver une jubilation à partir de ces différences-là. Une espèce d’harmonie qui naîtrait de la dissonance.
Dominique Hervieu
Et après, c’est une histoire de jeu. C’est-à-dire que, il y a des communications, des complicités, comme ça qui se mettent en jeu presque par hasard. Des…, une espèce de mélange, comme ça, hétérogène, et par hasard, ça fonctionne et ça a été le tissu des rencontres et de la matière de cette pièce.
Journaliste
Paradis , un bestiaire au jardin d’Eden. Clin d’œil poétique pour une bouffée de fraîcheur où la danse opère simplement sans états d’âme.
(Musique)