Journal d'un inconnu par Josef Nadj

20 janvier 2003
01m 48s
Réf. 00913

Notice

Résumé :

Pour la première fois, Josef Nadj ose un solo. Journal d'un inconnu est présenté à Orléans où le chorégraphe dirige le Centre chorégraphique national depuis 1995.

Date de diffusion :
20 janvier 2003
Source :
Artistes et personnalités :

Éclairage

Il est seul en scène pour la première fois en dix-sept ans de danse. Avec Journal d'un inconnu, le chorégraphe Josef Nadj (né en 1957) se jette à l'eau. Il s'entoure d'un décor comme il les aime. Une palissade en bois, des cadres, une table (celle de son grand-père), une chaise... La scène de Josef Nadj porte en creux son passé. Fils de charpentier, petit-fils de paysan, Josef Nadj dit qu'il "danse sa mémoire". Celle de son village natal de Kanjiza, dans l'ex-Yougoslavie, en est le coeur battant. Dans ce reportage sur son travail, il confie qu'il rend hommage dans ce solo à ces amis, peintres et sculpteurs, qui s'y sont suicidés. Solo de souvenirs, transe de fantômes, de perte et de peur, Journal d'un inconnu dessine aussi en creux l'auto-portrait d'un homme dont l'identité chavirée ne se répare que sur scène.

Kanjiza (12 000 habitants) est située en Voïvodine, enclave hongroise de l'ex-Yougoslavie, aujourd'hui située en Serbie. Coupée en deux par le fleuve Tisza, affluent du Danube, elle est la ville que "tout le monde rêve de quitter sans y réussir". Nadj y retourne régulièrement. Il y possède sa bibliothèque. En conteur, il a fait de cette bourgade inconnue un mythe. En 1987, son premier spectacle, Canard Pékinois, créé avec succès au Théâtre de la Bastille, à Paris, racontait les souvenirs d'un gamin qui s'entraînait aux arts martiaux dans un théâtre où une troupe d'acteurs se suicida; Sept peaux de rhinoceros (1988) plonge dans la longue agonie du grand-père du chorégraphe; Les Echelles d'Orphée (1992) saluent les pompiers de Kanjiza, champions du monde des pompiers à Turin en 2011. Sur un autre ton, au croisement de la danse et de la peinture, Les Corbeaux (2009), oiseaux de la sagesse dans le pays de Nadj, évoquent ceux de la region de Kanjiza qu'il a longtemps observés avant de les danser... Cette géographie intime, nourrie par des lectures nombreuses, a trouvé une incarnation unique dans le théâtre dansé de Nadj. Sa formation en mime, au début des années 80 à Paris, puis en danse, a contribué à sculpter sa gestuelle unique d'homme-pantin secoué par ses pulsions.

Directeur du Centre chorégraphique national d'Orléans depuis 1995, Josef Nadj, qui expose par ailleurs ses oeuvres plastiques, enchaîne spectacles et succès. Il est régulièrement programmé au Théâtre de la Ville, à Paris.

Rosita Boisseau

Transcription

(Musique)
Journaliste
Le journal d’un inconnu , c’est le nouveau spectacle de Josef Nadj, présenté ce soir au public orléanais. Et pour la première fois, le chorégraphe est seul en scène.
(Musique)
Josef Nadj
Je dirais que c’est une histoire très rapprochée, presque intime. Le thème de ce solo-là est le souvenir de mes amis. Peintres et sculpteurs, qui se sont suicidés, à un moment donné - de ma ville natale. Il s’agit de Kanjiža. Ce n’est pas vraiment un journal écrit, c’est le journal de ma mémoire. Et l’inconnu, c’est, ça désigne un peu pour moi la mort. La mort, ce qu’on porte en nous-même, qui est donc ce mystère qui nous interroge, qui nous attend quelque part. Et qui écrit aussi son journal en nous-mêmes à sa façon.
(Musique)