Alwin Nikolais et son œuvre

27 décembre 1977
09m 22s
Réf. 00934

Notice

Résumé :

Dans cette émission consacrée à Nikolais, le maître lui-même donne quelques clés de son oeuvre.

Date de diffusion :
27 décembre 1977
Source :

Éclairage

Quel régal que ce documentaire sur Alwin Nikolais (1910-1993) réalisé par Dirk Sanders en 1977 ! Toute générosité, dans un français délicieux, "Nik l'enchanteur" introduit en quelques phrases choisies son travail. Et quel travail ! Les images multicolores et mouvantes, qui sont ensuite présentées, explosent doucement en tous sens, dessinant des kaleidoscopes et des puzzles jamais vus. Et ce sont des danseurs, glissés dans des tissus et mitraillés par des projections de lumière et d'images, qui font surgir ces incroyables floraisons d'effets. Pas d'histoire au sens basic du terme mais des scénarios impétueux de traits, de bulles, de métamorphoses permanents. Ce "voyage à travers ses visions" proposé par Nikolais fait la preuve, s'il en est encore besoin, de la modernité absolue de ce maître américain. Art optique, jeu vidéo, paysage électronique, les spectacles de ce maître-artisan multimedia avant l'heure rivalisent avec nombre de propositions contemporaines.

Evidemment, au coeur de ces dispositifs, le danseur disparait au profit de l'oeuvre qu'il active avec humilité. "Je cherche, dit Nikolais dans l'introduction de cette émission, les trésors cachés de l'homme et de la vie". Incorporé dans la matière même de la pièce, l'interprète de ce phénoménal "théâtre total" se plie aux contraintes de la rigoureuse partition visuelle mise au point par Nikolais.

La danse alors sert le propos, évite toute gratuité, assure sa mission sur les crépitements musicaux également réglés par le chef.

L'abstraction ludique d'Alwin Nikolais résulte sans doute des multiples apprentissages et expériences que fit cet homme ouvert et généreux. Pianiste, marionnettiste, peintre, danseur, chorégraphe, musicien, il mélange ses pinceaux sur la toile du plateau. Il fabriquait tout lui-même : diapositives, accessories, costumes... Des pièces comme Tensile Involvement (1955), toile d'élastiques tirés à vue par les danseurs, ou Crucible (1985), incroyable rebus visuel reflété par un sol-miroir, sont de purs merveilles.

Chorégraphe et pédagogue de premier plan, Nikolais dirigea le Centre chorégraphique national de la danse d'Angers, de 1978 à 1981. Parmi ses élèves, Philippe Decouflé, Dominique Boivin, Maria Donata d'Urso... Chacun d'entre eux a su métaboliser leurs acquis, convoquant sur le plateau la magie inventive de Nikolais, roi des objets à transformations, des costumes extravagants, créateur d'un théâtre d'ombres, d'images et de couleurs uniques en leur genre. Depuis 2002, c'est la Ririe-Woodbury Dance Company, avec l'appui de Murray Louis (né en 1926), danseur et partenaire de Nikolais depuis 1949, qui conserve et présente ses pièces mythiques.

Rosita Boisseau

Transcription

Alvwin Nikolais
Alwin Nikolais. Dans mon travail, je ne raconte pas une histoire. Je suis vraiment concerné par une forme représentative. Ce qui m’intéresse, ce sont les qualités cachées de l’homme et de la vie. Je crois en une force mystique et primaire dans l’homme qui précède le psychique. J’essaie de rendre cela visible par tous les moyens possibles, et pour moi, c’est une merveilleuse et constante aventure. Je vois la danse non seulement comme un art de mouvement, mais aussi comme un art impliquant la peinture et la sculpture. Pour cette raison, je modélise souvent les corps des danseurs en achetant des tissus, obtenant ainsi une forme sculpturale. Pour créer un environnement, j’utilise des projections, des lumières et des dessins. On me considère comme un créateur du théâtre total multimédia, mais je suis à la base un expressionniste abstrait. Je vous invite maintenant à vous joindre à un voyage à travers mes visions.
(Musique)