Carolyn Carlson danse Blue Lady

11 janvier 1988
02m 27s
Réf. 00939

Notice

Résumé :

En 1988, programmée au festival Danse Emoi, à Limoges, Carolyn Carlson tourne son solo-fétiche Blue Lady (1983). En répétition dans un studio, elle évoque au micro de la journaliste son énergie, son désir de faire vivre une expérience au public. Quelques images du spectacle concluent le reportage.

Date de diffusion :
11 janvier 1988
Source :
FR3 (Collection: JT Limousin )

Éclairage

Sa silhouette longiligne et tranchante, son visage taillé et expressif, ses bras qui plient et déplient, ont tatoué la mémoire de nombreux spectateurs. Créé en 1983, Blue Lady reste la signature de Carolyn Carlson. Entre danse et théâtre, sur le fil d'un geste abstrait nourri d'une vie intérieure chargée, Blue Lady, né à Venise où la Carlson s'était réfugiée pour travailler en 1980, traverse le temps, conservant sa saveur urgente. Elle le dansera pendant dix ans. Sur la musique lyrique de René Aubry, ce solo, proche d'un monologue théâtral, est aussi un autoportrait en creux, celui d'une femme aux prises avec ses voix intérieures et habitée par tous les âges qu'elle a ou va traverser.

En 2008, Carlson décide de transmettre Blue Lady à un homme, le chorégraphe finlandais Tero Saarinen. Ensemble, ils travaillent pendant six mois, visionnent les vidéos de la pièce. Les difficultés techniques – en particulier, des tours sur soi proches, selon Saarinen, d'un mouvement perpétuel – sont nombreuses. Pas question pour le danseur de se comparer à Carlson mais de trouver ses propres codes d'accès à la pièce. Pendant cette longue recherche, Saarinen a plongé dans son passé d'orphelin. "Je n'ai pas connu ma mère, disait-il. J'ai eu étrangement la sensation de la rencontrer en interprétant ce personnage mélancolique et grave de Blue Lady. Cela m'a permis de trouver un sens à ma danse".

Avec fougue et respect, Tera Saarinen emporte cette pièce vers des sommets émotionnels en restant au plus près de l'énergie originelle. Parallèlement, un autre danseur Jacky Berger a également endossé Blue Lady et tourne en alternance avec Saarinen. En osant confier ce solo ultra-féminin à un homme, Carolyn Carlson a non seulement fait la preuve de la solidité de son écriture mais aussi du caractère universel des émotions mises en jeu. Carolyn Carlson dirige depuis 2004 le Centre chorégraphique national de Roubaix. Parallèlement, elle tient les rênes de l'Atelier de Paris, qu'elle a ouvert en 1999, et où elle invite des danseurs pour des master-classes.

Rosita Boisseau

Transcription

(Silence)
Carolyn Carlson
Je voudrais que le public vienne avec une tête et un cœur et un esprit ouverts. Si on connaît beaucoup de choses avant, je crois qu’on perd quelque chose. Parce que déjà dans nos têtes, il y a une idée et pour moi, la danse c’est spontané et c’est une expérience.
Journaliste
Où est ce que vous trouvez votre énergie ?
Carolyn Carlson
Je ne sais pas, j’ai un optimisme pour la vie et pour le travail. Et plus je travaille et plus d’énergie j’ai. Et je prends mon énergie partout et je crois que l’énergie c’est un esprit, pas juste le physique.
Journaliste
Carolyn Carlson, l’américaine née en Californie s’est installée en Europe il y a 15 ans. D’abord à Venise, puis elle a choisi Paris en 1984. C’est en Europe qu’elle se sent chez elle et la France est dit-elle son pays. On a dit de cette artiste exubérante et passionnée qu’elle avait transformé le paysage de la danse française.
Carolyn Carlson
Je crois, avec mon travail que j’ouvre les portes pour les jeunes français parce que c’est, je crois que ce n’est pas un changement, c’est une ouverture pour les jeunes français. Et pour moi c’est fantastique parce que, ça c’est encore l’énergie. Avec tout le monde qui travaille maintenant, je vois [inaudible] fantastique, et tout le monde travaille. Ça, c’est la chose que je trouve incroyable maintenant parce que le public est partout. Et je crois que j’ai une intéressante prémonition, peut-être dans 5 ans, 10 ans, les gens, ils ne bougent pas. Je crois que chaque région a une artiste et le monde voit cet artiste dans cette région.
(Musique)
(Silence)