Quatre ballets russes à l'Opéra de Paris

2010
02m 29s
Réf. 00952

Notice

Résumé :

Le présentateur annonce la retransmission le 1er janvier 2010 d'un spectacle donné en décembre au Palais Garnier. Un hommage à Diaghilev, seul trait d'union entre les quatre chorégraphies dont sont montrés quelques extraits en couleurs : Le Spectre de la Rose de Fokine dansé par Mathias Heymann et Isabelle Ciaravola ; Le Tricorne de Massine par Marie Agnès Gillot et José Martinez ; L'Après midi d'un Faune de Nijinski par Nicolas Le Riche et Eve Grinsztajn, et Petrouchka de Fokine avec Benjamin Pech (Petrouchka), Clairemarie Osta (La Poupée) et Yann Bridard (le Maure). Interviewes des étoiles Pech, Le Riche et Heymann.

Date de diffusion :
2010
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Thèmes :

Éclairage

Le commentaire des journalistes peut prêter à confusion : en 2009, plusieurs scènes française commémoraient le centenaire de la première saison de ballets organisée par Serge Diaghilev au Théâtre du Châtelet. Il s'agit en fait de la « Quatrième Saison Russe » présentée à Paris par le génial Serge Diaghilev qui a déjà organisé une rétrospective de la peinture russe au Grand Palais en 1906, cinq concerts mémorables en 1907 à l'Opéra où il révèle en 1908 un chef d'œuvre, Boris Godounov, et une star du Bolchoï, Féodor Chaliapine dans le rôle titre. Ayant vanté la suprématie des danseurs russes, Diaghilev est prié d'organiser une quatrième « Saison Russe » mi-lyrique, mi-chorégraphique au Théâtre du Châtelet en 1909.

L'incomparable qualité des danseurs, venus en majorité du Théâtre Mariinski de Saint-Petersbourg, la beauté des chorégraphies de Fokine et des décors d'Alexandre Benois, éclipsent les opéras russes, et le Tout Paris extasié n'a plus sur les lèvres que les noms de Pavlova, Karsavina, Ida Rubinstein, et surtout du prodigieux Vaslav Nijinsky, 20 ans, aux bonds phénoménaux.

La troupe est reconstituée par Diaghilev l'année suivante (pendant la période de vacances des danseurs du Mariinski) pour une nouvelle saison à l'Opéra de Paris, où Nijinski fait à nouveau tourner toutes les têtes dans ShéhérazadeCarnaval, et dans un ballet bien oublié des français : Giselle d'Adam avec Tamara Karsavina. Cette même danseuse triomphe également à l'Opéra dans le premier ballet commandé par Diaghilev à un jeune compositeur russe encore inconnu : L'Oiseau de feu d'Igor Stravinski.

De retour à Saint-Petersbourg, Nijinski danse Giselle sur la scène du Théâtre Mariinski l'hiver 1910, mais ose paraître en scène sans culotte bouffante comme l'exige la pudeur et dans un simple maillot moulant qui allonge les jambes mais ne cache rien de sa superbe anatomie. La grande duchesse douairière en est si choquée qu'elle exige le renvoie immédiat de Vaslav Nijinski.

Bouleversé, Serge Diaghilev décide de fonder une compagnie pour son danseur idolâtré. Et c'est le 19 avril 1911 que celle-ci, devenue célèbre sous le nom de «  Ballets Russes de Serge Diaghilev » donne sa première représentation à Monte-Carlo, sa terre d'accueil. Et ce soir là Vaslav Nijinski fait à nouveau sensation - et non scandale - aux côté de Tamara Karsavina dans Le Spectre de la Rose de Fokine.

En revanche Vaslav Nijinski provoque bien un scandale le 29 mai 1912, par l'audace et l'érotisme de sa première chorégraphie, L'Après midi d'un Faune (VoirL'Après-midi d'un Faune de Nijinski dansé par Noureev). Faune lascif, excité par la vue de jeunes nymphes, il se retire sur son rocher pour prendre son plaisir sur le voile dérobé à une des jeunes femmes. La fabuleuse carrière de Vaslav Nijinski, nouveau dieu de la danse, est aussi fulgurante que brève en Europe. Cinq ans seulement. Son mariage lors d'une tournée en Argentine rend Diaghilev si fou de douleur qu'il exclut Nijinski des Ballets Russes.

Serge Diaghilev se console en révélant un jeune et beau danseur moscovite, Léonide Massine, qui se fait aussi remarquer comme chorégraphe avec un spectacle choc, Parade, en collaboration avec Cocteau, Satie et Picasso, en 1917 au Théâtre du Châtelet. Il conçoit aussi un petit chef d'œuvre de bonne humeur, dont Diaghilev commande la musique à Manuel de Falla, les décors et les costumes à Picasso : Le Tricorne, crée par Massine, Karsavina et les Ballets Russes à Londres en 1919. (Dans ce reportage télévisé, c'est justement une photo de Massine dans Le Tricorne qui est montrée pendant que Benjamin Pech fait l'éloge de Nijinski !).

René Sirvin

Transcription

Présentateur
Oui, de la danse toujours mais plus classique. C’était il y a 100 ans, la naissance des fameux Ballets russes, avec à leur tête un surdoué, un certain Nijinski. Ce centenaire, on le célèbre en ce moment dans de nombreux théâtres en Europe, et notamment à l’Opéra de Paris. Vous pourrez d’ailleurs voir l’intégralité du spectacle cet après-midi, sur France 3, à 13 heures 50. En voici déjà un avant-goût. Dominique Poncet, Christophe Monteil.
(Musique)
Journaliste
Le spectre à la rose , aujourd’hui, ce ballet est devenu un classique. Pourtant, à sa création il y a 100 ans, il fit scandale. Pour la première fois dans l’histoire, un danseur de sexe masculin, en l’occurrence, un russe surdoué nommé Nijinski était propulsé star d’une chorégraphie.
Benjamin Pech
C’est magnifique de se dire que Nijinski a donné au danseur masculin la place qu’il attendait. A l’époque, c’était la suprématie des grandes ballerines, et c’est la première fois, avec les Ballets russes, qu’on voit un soliste, homme. Et c’est Nijinski, ce danseur exceptionnel qui est devenu une légende.
Journaliste
Aujourd’hui, un peu partout en France, on célèbre celui qui, avec sa compagnie, ébranla les codes esthétiques de la danse classique. L’Opéra de Paris où Nijinski se produisît souvent, n’échappe évidemment pas à ces hommages. Il recrée 4 ballets dont celui-ci, d’un érotisme très provocateur, L’après-midi d’un faune .
(Musique)
Nicolas Le Riche
Est-ce que c’est difficile ? Oui, parce que ce sont des chefs-d’œuvre et qu’on ne fait pas n’importe quoi avec des chefs-d’œuvre. On ne les aborde pas n’importe comment. Et non, c’est très facile, ce sont des chefs-d’œuvre quoi. Les pièces se portent toutes seules.
(Musique)
Journaliste
Bien sûr, l’Opéra de Paris restitue ces chorégraphies avec une fidélité maximale. Les pas, bien sûr, mais aussi les décors, les costumes et surtout l’esprit.
Mathias Heymann
Pour nous, ce n’est pas revenir en arrière, c’est simplement revenir à la base. Donc, je n’ai pas le sentiment de danser autre chose. C’est simplement que ça a été fait avant et que nous, on essaye de le garder maintenant.
(Musique)
Journaliste
Ces chorégraphies datent de 100 ans, et pourtant, aujourd’hui encore, elles époustouflent par leur beauté, la sensualité qu’elles dégagent et la technique sans faille qu’elles exigent des danseurs. À cela, il faut ajouter la somptuosité de leur musique, signée des plus grands compositeurs de l’époque. Ici, par exemple, pour ce Petrouchka , Igor Stravinsky.