Black Blanc Beur en spectacle

11 juin 1986
02m 08s
Réf. 00971

Notice

Résumé :

Lors d'une présentation d'un spectacle de la compagnie Black Blanc Beur, Jean Djemad, le fondateur de la troupe raconte l'identité du groupe, ses désirs, son travail. Des extraits en répétitions illustrent ses propos.

Date de diffusion :
11 juin 1986
Source :
FR3 (Collection: Normandie soir )
Compagnie :
Artistes et personnalités :

Éclairage

Black Blanc Beur. Le nom de cette compagnie française pionnière de la danse hip hop reste non seulement une merveilleuse trouvaille mais un label extra de mixité artistique et sociale. C'était en 1984. Jean Djemad, médecin, et Christine Coudun, historienne formée à la danse contemporaine, décidaient d'officialiser leurs actions artistiques avec des jeunes du 95 et créaient la compagnie dans un parking souterrain. Le premier spectacle prend la forme d'un concours de danse sur la ville nouvelle de Saint-Quentin-en-Yvelines. Onze communes, 600 jeunes de 16 à 21 ans, 39 sont retenus pour la pièce au titre à rebrousse-poil, J'en ai tout à foutre. Depuis, toutes les licences poétiques et politiques ont fait de Black Blanc Beur, alias B3, une formule magique. Depuis, la troupe a poursuivi le travail avec obstination, inspiration et courage, maintenant un taux de création et de partage sans comparaison. Lorsque dans le reportage, Jean Djemad annonce la couleur du spectacle - on est en 1986 et le travail démarre sur les chapeaux de roues - avec la modestie et la justesse qui sont les siennes "comme une succession d'envies", son ton direct donne la dimension humaine et artistique de la compagnie.

Au début des années 80, le mouvement hip hop commence à se faire connaître en France.

Né aux Etats-Unis, le hip hop comprend différentes branches artistiques comme la danse, le graf, le rap, le Djing... Sur radio 7, l'animateur aujourd'hui fameux, Sydney passe des musiques de rap et commence à parler du mouvement. En 1984, le même sur TF1 continue le combat. Les jeunes écoutent, regardent les clips et les vidéos à la télé, s'y collent et deviennent experts en break dance et en smurf. Des danseurs et des compagnies apparaîtront comme celle de Franck II Louise, d'Alex Bent et Max-Laure Bourjolly de Boogi Saï, passés par les B3, ainsi qu'Hakim Maïche d'Ykanji, ou encore Gabin Nuissier de Aktuel Force... La danse hip hop prend son élan, quitte les halls d'immeubles pour se tourner vers une écriture spectaculaire. Dans ce court reportage, on voit comment les hip hopeurs, habitués à travailler à la dure, dansent sur un sol en marbre... Et voilà le travail.

Au tournant des années 90, le hip hop, un brin en dépression, reprend du poil de la bête grâce à l'intérêt de certains théâtres et des institutions. En 1991, le Centre Pompidou organise un festival de danse hip hop qui réunit nombre de danseuses et chanteuses. La même année, le Théâtre contemporain de la Danse (TCD) parie sur le Mouvement. Prêt gratuit de studios pour répéter, production de spectacles... Un an après, les pionniers, les fameux Black Blanc Beur, sont appelés à l'Opéra Comique pour « officialiser » la danse hip hop dans un spectacle malicieusement intitulé Rapetipas. Au même moment, le festival Montpellier Danse invite l'Américain Douk Elkins à travailler dans les quartiers. Ce qui donnera l'idée à Olivier Meyer de créer le festival Suresnes Cités danse, à Suresnes, en 1993 avec Elkins en invité d'honneur. En 1994, la réjouissante comédie musicale Sobedo, pilotée par Christian Tamet du TCD, voit le jour au Casino de Paris.

Dans la foulée, en 1996, les Rencontres urbaines de la Villette mettent le feu à la Grande Halle. Elles dureront douze ans, devenant le rendez-vous le plus couru des hip hopeurs comme du grand public, tous réunis dans la fièvre et l'excitation de la danse hip hop. Entre temps, le vieux débat de la légitimité de la danse des rues sur les plateaux des théâtres est (presque) mort. Heureusement. Non content d'investir les scènes, les chorégraphes y taillent une route artistique nette et forte.

Relançant sans cesse le bouchon, les B3 se risquent sur des terrains aussi variés que le football dans Contrepied (1990), la musique classique et africaine pour Lambarena (1997) tout en se risquant sans cesse à faire évoluer les codes et le vocabulaire... Black Blanc Beur compte aujourd'hui une vingtaine de pièces à son répertoire.

Rosita Boisseau

Transcription

Comédien 1
Black.
Comédienne
Blanc.
Comédien 2
Beur.
(Musique)
Jean Djemad
Black Blanc Beur, c’est une rencontre, c’est une envie, une envie de danser et c’est une ville nouvelle, c’est Saint-Quentin-en-Yvelines.
(Musique)
Jean Djemad
Non, on n’a pas de message parce que les messages sont toujours les mêmes depuis 2000 ans, depuis 10000 ans. C’est que les gens soient, au-delà d’êtres sociaux, des êtres humains, mais on le délivre pas plus qu’à travers la danse et à travers la vie qu’il y a dans la danse, c’est tout. Il n’y a pas de message en fait, il y a juste chacun prend pour lui.
(Musique)
Jean Djemad
On n’a pas encore véritablement un spectacle qui peut s’aligner en termes de danse par rapport aux autres spectacles, dans la mesure où il n’y a pas de dramaturgie très compliquée et tout. Il y a juste une succession d’envies, qui auraient pu être une succession de numéros mais c’est pas ça. Il faut venir voir.
(Musique)