La Vie parisienne d'Offenbach par la compagnie Renaud-Barrault
Notice
Cet extrait de la captation en studio de la fameuse mise en scène de La Vie parisienne par Jean-Louis Barrault nous plonge dans le finale de l'acte III, quand un baron suédois en visite à Paris est invité chez un amiral où en réalité ce sont les domestiques qui reçoivent, déguisés en notables.
Éclairage
En 1866, Jacques Offenbach est un compositeur aimé qui a connu d'immenses succès avec Orphée aux enfers, La Belle Hélène ou Barbe-Bleue. En prévision de l'Exposition Universelle de 1867, dont les transformation de Paris par le baron Hausmann annoncent qu'elle sera de toute première importance, Offenbach décide d'écrire un opéra-bouffe qui met en scène ses contemporains. Pour la première fois, le livret d'Henri Meilhac et Ludovic Halévy ne raille pas la société française du Second Empire par le biais de la métaphore antique, comme dans La Belle Hélène ou Orphée, mais il met au contraire en scène les types les plus actuels: femmes du (demi-)monde, grisettes, jeunes bourgeois viveurs, aristocrates encanaillés, domestiques roués et touristes venus dans la Ville Lumière pour s'en «fourrer jusque là!». Le comique de situation fonctionne à plein, d'autant que le Baron Suédois et sa femme qui servent de fil rouge aux différents tableaux de l'ouvrage se retrouvent à visiter un Paris factice: le Grand Hôtel où il descend n'est que l'appartement privé d'un bourgeois qui veut séduire son épouse, la grande réception dans un hôtel particulier est en réalité donnée par des domestiques singeant leurs maîtres, etc.
Emmenée à un train d'enfer dans des numéros du meilleur Offenbach, la partition finit d'assurer le succès à cette Vie parisienne qui devient le spectacle le plus couru de son temps: après la création, ce ne sont pas moins de 265 représentations qui se succèdent, et l'ouvrage, que de nombreux visiteurs de l'Exposition Universelle ont vu, part bientôt à la conquête du monde. A Paris, il est repris sans cesse, d'autant qu'il a eu dès son origine une fonction de «carte postale lyrique».
Ainsi, l'on compte une douzaine de productions différentes mises à l'affiche parisienne dans différents théâtres, depuis 1867. La plus mémorable demeure sans doute celle de la compagnie Renaud-Barrault, créée en 1958 au Théâtre du Palais-Royal et qui, selon une tradition qui remonte à la création de l'œuvre, confie la quasi totalité des rôles à des comédiens capables de chanter. La distribution réunie pour l'occasion est brillante: Jean Desailly, Simone Valère, Pierre Bertin et Suzy Delair (seule véritable chanteuse de la troupe) côtoient Madeleine Renaud incarnant la baronne suédoise. Quant à Jean-Louis Barrault, il se contente du rôle très secondaire du Brésilien. La production recueillera un immense succès et sera reprise avec succès en 1965 au Théâtre de l'Odéon, dont Jean-Louis Barrault est entre-temps devenu le directeur. C'est d'ailleurs en raison de ce succès qu'une captation en est réalisée en studio, avec une distribution proche de l'originale, si ce n'est que Micheline Dax remplace Suzy Delair. Ce film de studio sera ensuite diffusé pendant le réveillon du 31 décembre 1967.