Réouverture de l'Opéra de Lyon rénové par Jean Nouvel

14 mai 1993
01m 58s
Réf. 01056

Notice

Résumé :

Description rapide des travaux de rénovation effectués par l'architecte Jean Nouvel sur l'Opéra de Lyon, interview du directeur de l'Opéra Louis Erlo expliquant son choix pour l'inauguration de la nouvelle salle du Rodrigue et Chimène de Debussy, et extraits du spectacle dans la mise en scène de Georges Lavaudant.

Date de diffusion :
14 mai 1993
Source :
A2 (Collection: MIDI 2 )

Éclairage

C'est en 1688 qu'est donné, dans la Salle du Jeu de Paume, Phaéton de Lully, premier opéra représenté à Lyon. Trois salles se succèdent ensuite sur un même emplacement aux bords du Rhône, la première due à Jacques-Germain Soufflot, construite en 1756, la seconde due à Antoine-Marie Chenavart et Jean-Marie Pollet, construite de 1826 à 1831, et considérée comme le berceau du wagnérisme français, avec les premières des Maîtres chanteurs de Nuremberg (1896) et de La Tétralogie (1904), mais aussi la création de Salomé d'Antoine Mariotte en 1908.

En 1987, le bâtiment, devenu vétuste, ferme pour d'importants travaux de mise aux normes. Mais l'architecte Jean Nouvel, gagnant du concours, en propose une rénovation totale, qui sera actée par la Mairie de Lyon : totalement évidée, l'ancien volume ne garde que ses quatre façades et son Foyer XIXe, et reçoit une structure sur pilotis totalement indépendante de 14 800 m2, développée sur 18 niveaux, dont 5 en sous-sol, et 6 dans la verrière semi-circulaire posée sur l'ensemble, créant un signal urbain fort que les éclairages nocturnes de Yann Kersalé renforcent encore. La salle, coque noire brillante suspendue dans un espace vertigineux, compte désormais 1100 places.

L'inauguration du nouveau bâtiment, sous la direction bicéphale de Louis Erlo, en poste depuis 1969, et de Jean-Pierre Brossmann depuis 1981, a lieu le 14 mai 1993, avec la création d'un opéra inachevé de Claude Debussy, terminé par le compositeur russe Edison Denisov, Rodrigue et Chimène, dans une production confiée à Georges Lavaudant, et sous la direction de Kent Nagano, alors directeur musical de l'Opéra de Lyon. De nouvelles productions de Phaéton de Lully, confié à Karine Saporta et Mark Minkowski, et des Contes d'Hoffmann d'Offenbach dûs à Louis Erlo et Kent Nagano complètent les festivités.

La direction de Louis Erlo, qui devait marquer profondément Lyon par le renouvellement de la politique artistique autant que du dessin architectural de l'Opéra local, et celle de ses successeurs depuis, Jean-Pierre Brossmann (1995-1998), Alain Durel (1998- 2002) et Serge Dorny (depuis 2002) sont marquées par une politique intense de créations qui honore la seconde salle française en importance, devenue Opéra National de Lyon en 1996. Parmi les plus marquantes, on citera : Jonas de Claude Prey (1969), Autodafé de Maurice Ohana (1972), Trois souhaits de Martinu (1973), Gambara d'Antoine Duhamel (1978), Trois sœurs de Peter Eötvös (1998), Schliemann de Betsy Jolas (1995), Les Nègres de Michael Levinas (2004).

Pierre Flinois

Transcription

Présentateur
Un évènement aujourd’hui à Lyon, la réouverture de l’Opéra. Après six ans de travaux, l’Opéra de Lyon, on vous le dit tout de suite, c’est l'anti-Bastille. C’est ce que j’ai lu hein.
Présentatrice
Un bâtiment qui reste en effet à dimension humaine, 1300 places contre 2700 dans l’amphithéâtre de la Bastille, une œuvre signée Jean Nouvel, l’architecte qui a réalisé, vous le savez, l’Institut du Monde Arabe à Paris. Georges Begou et Pascal Pueyo nous font découvrir sa dernière création.
(Musique)
Journaliste
L’Opéra de Lyon n’a pas changé de place, il est toujours face à l’Hôtel de Ville, mais il a changé de look. Il est aujourd’hui surmonté d’une voûte de verre, c’est la partie visible des innovations. Jean Nouvel a conservé les belles façades de pierre ainsi que le foyer qui appartiennent au siècle dernier. Le nouveau de Nouvel, la salle de spectacle conçue comme une énorme coque de noix suspendue entre les murs. On y accède par des escaliers mécaniques ou des passerelles métalliques. L’intérieur de la noix, entièrement noir, surprendra beaucoup d’abonnés. Mais les 1300 places seront de qualité, et l’acoustique excellente. Dominant le tout, la verrière, salle de répétition des danseurs. Pour l’inauguration, Louis Erlo a fait un choix courageux.
Louis Erlo
Une œuvre inédite de Debussy. Je crois que c’était le moment de la montrer dans cette vitrine toute nouvelle qui nous arrive, et que c’était je crois la moindre des choses de prendre ce risque.
(Musique)
Journaliste
L’ouvrage Rodrigue et Chimène n’est pas le meilleur de Debussy. Et la mise en scène de Lavaudant peut susciter des polémiques. Mais la construction du nouvel Opéra ne divise-t-elle pas déjà les lyonnais ? 478 millions, la note est élevée, sept fois moins toutefois que celle de l’Opéra Bastille. Espérons que les lyonnais auront bientôt pour cet Opéra les yeux de Chimène.
(Musique)