La Femme sans ombre de Richard Strauss programmée par Bernard Lefort

19 septembre 1980
02m 15s
Réf. 01106

Notice

Résumé :

L'inauguration du second mandat de Bernard Lefort à la direction de l'Opéra de Paris en 1980 est une reprise d'un spectacle glorieux, La femme sans ombre de Richard Strauss. Bernard Lefort s'en explique en annonçant ses projets pour l'opéra, tandis que des extraits de la répétition générale permettent d'entendre Gwyneth Jones dans le rôle de la Teinturière.

Date de diffusion :
19 septembre 1980
Source :
A2 (Collection: JA2 20H )

Éclairage

Bernard Lefort est par deux fois administrateur de l'Opéra de Paris. Une première fois, associé à Daniel Lesur, en 1971-1972, saison d'intérim pendant laquelle ils reprennent plusieurs spectacles emblématiques de l'ère Georges Auric, notamment les mises en scènes de Wieland Wagner ou le Don Carlos de Margarita Wallmann. Mais ils créent véritablement l'évènement le plus retentissant de l'époque pré-Liebermann au printemps 1972, avec la création parisienne de Die Frau ohne Schatten (La femme sans ombre) de Richard Strauss, sous la direction de Karl Böhm, et dans la mise en scène d'un jeune assistant inconnu de Wieland Wagner, Nikolaus Lehnhoff, avec une distribution d'exception (Leonye Rysanek, Christa Ludwig, James King, Walter Berry, Ruth Hesse).

Sixième opéra de Richard Strauss, et troisième de sa fameuse collaboration avec Hugo von Hofmannsthal comme librettiste, La femme sans ombre reste longtemps un ouvrage peu joué hors de la sphère culturelle germanique. C'est avec les représentations dirigées par Karl Böhm lors de la réouverture de l'Opéra de Vienne en 1955, et avec l'enregistrement audio qui suivit, qu'elle parvient à une notoriété internationale qui ne s'est pas démentie depuis. La production parisienne de 1972 s'inscrit dans un ensemble de productions dirigées par Böhm entre New York, Salzbourg et Vienne, qui achèvent de lui assurer son statut de chef-d'œuvre.

Bernard Lefort, appelé à diriger le Festival d'Aix-en-Provence pendant le mandat de Rolf Liebermann à l'Opéra de Paris, lui succède à l'automne 1980, et inaugure ce second mandat avec une reprise de cette production emblématique. Cette fois, la direction musicale est assurée par Christoph von Dohnanyi, alors Intendant de l'Opéra de Hambourg, et la distribution aligne les noms très prestigieux de Gwyneth Jones en Teinturière, d'Hildegard Behrens en Impératrice, de René Kollo en Empereur, de Walter Berry en Barak, et de Mignon Dunn en Nourrice. La production retrouve le même immense succès, et est heureusement captée intégralement pour la télévision, mais ne sera plus jamais reprise ensuite. L'œuvre n'est rejouée à Paris qu'en 1992, au Châtelet, dans une production d'Andreas Homoki, puis en 2002 à l'Opéra Bastille dans une production signée Robert Wilson.

La Femme sans ombre est assurément l'une des grandes réussites de l'administration de Bernard Lefort, qui rencontre de nombreuses oppositions internes et externes et connaît peu de triomphes, malgré son ouverture à de nouveaux répertoires, notamment le bel canto (il en avait été le chantre au Festival d'Aix-en-Provence), et ses tentatives de toucher un nouveau public en transportant l'Opéra au Théâtre des Champs-Elysées et au Palais des Sports. Sa démission en 1982 au bout de deux ans de mandat ouvre une nouvelle période d'instabilité à la tête de l'Opéra de Paris.

Dame Gwyneth Jones, la célèbre soprano galloise, qui devait marquer le rôle de Brünnhilde à Bayreuth pour le Ring du centenaire, et qu'on voit ici interpréter le rôle de la Teinturière aux côtés de la Nourrice de Mignon Dunn, a débuté à l'Opéra de Paris sous la direction de Rolf Liebermann en Leonora du Trouvère en 1973, et interprété ensuite Brünnhilde en 1976, et une mémorable Poppée en 1979. Elle reviendra encore à l'Opéra en 1985 pour chanter Isolde et, de 1987 à 1993, Elektra.

Pierre Flinois

Transcription

Présentateur
Il y a 25 minutes, l’Opéra de Paris a levé le rideau sur le premier spectacle de la saison, La Femme sans ombre . C’est aussi l’inauguration du mandat de Bernard Lefort qui occupera le Palais Garnier pendant sept ans. Georges Begou vous présente l’œuvre de Richard Strauss et les projets de Bernard Lefort.
Journaliste
La femme sans ombre de Richard Strauss, c’est un compte de fées. L’histoire d’une impératrice fille des esprits qui, pour demeurer sur la terre où elle aime vivre, doit se procurer une ombre humaine. Elle essaie d’acheter l’ombre d’une pauvre teinturière qui veut sortir de la misère. Mais l’impératrice finira par comprendre que là n’est pas la solution du bonheur.
(Musique)
Journaliste
Pour inaugurer son mandat au Palais Garnier, Bernard Lefort a choisi cet opéra parce qu’il lui trouve des qualités musicales et dramatiques exceptionnelles mais aussi parce qu’il y est sentimentalement attaché. La femme sans ombre était au programme, en 72, lors de son dernier passage dans cette grande maison. Aujourd’hui, Bernard Lefort s’y installe pour sept ans et ses projets sont placés sous le signe de l’ouverture.
Bernard Lefort
Je souhaite qu’on sache, au début de mon mandat, que les années qui vont venir seront une ouverture permanente sur le plan artistique vers un répertoire nouveau dans des distributions très largement renouvelées. Sur le plan des lieux dans lesquels nous allons nous montrer également beaucoup de nouveaux lieux ; donc une ouverture sur, je l’espère, des publics très diversifiés, très différents ; depuis le Palais des sports à la Maison de Créteil, aux Bouffes du Nord, au Théâtre des Champs-Elysées, au Palais des congrès. Donc je crois que nous allons vers le public au lieu d’attendre qu’il vienne vers nous.
(Musique)