Les Aiguilles et l'opium, de Robert Lepage, à la Comédie de Saint-Etienne

06 novembre 1995
02m 06s
Réf. 00032

Notice

Résumé :

En 1995, la Comédie de Saint-Etienne accueille le spectacle de l'artiste québécois Robert Lepage, Les Aiguilles et l'opium. Pour traduire la fantasmagorie d'un artiste canadien séjournant à Paris, la mise en scène fait dialoguer poésie, acrobatie, jazz et cinéma. Extraits du spectacle et interview de Marc Labrèche, comédien.

Date de diffusion :
06 novembre 1995
Source :
Fiche CNT :

Éclairage

Né en 1957, Robert Lepage est un metteur en scène de théâtre et d'opéra, un scénographe, un auteur, un acteur, et un réalisateur québécois. Mondialement reconnu, il invente un théâtre qui s'affranchit des frontières disciplinaires et artistiques et fait appel aux nouvelles technologiques ainsi qu'aux arts de l'image. Proposant une nouvelle approche de l'écriture scénique, il est l'auteur, depuis 1984, de onze spectacles qu'il a lui-même mis en scène. La Trilogie des dragons, créée en 1985, marque son premier succès international.

En 1991, l'artiste canadien crée Les Aiguilles et l'opium qui est accueilli l'année suivante à Paris par le Festival d'Automne (représentations au Centre Georges Pompidou). Dans la version originale, Robert Lepage, qui a également conçu la scénographie, interprète le personnage unique (et autobiographique) du spectacle. En 1994 est reprise la pièce avec Marc Labrèche pour comédien. Le reportage, diffusé lors du Journal Régional de France 3 Rhône-Alpes du 6 novembre 1995, a lieu lors de la tournée européenne du spectacle qui est notamment représenté à la Comédie de Saint-Etienne et au TNP de Villeurbanne.

La pièce traduit les tourments intérieurs d'un artiste québécois séjournant à Paris en 1989. Sa rupture amoureuse vient faire écho aux amours et à la toxicomanie de Miles Davis et de Jean Cocteau qui, quarante ans plus tôt, se croisèrent dans le ciel : l'un allait aux Etats-Unis, l'autre en France, et chacun devait se trouver bouleversé par l'expérience transatlantique qui les attendait. Véritable jeu avec le temps et la géographie, la représentation multiplie les références historiques, qu'il s'agisse d'extraits de la Lettre aux Américains de Cocteau écrite en 1949, ceux d'Ascenseur pour l'échafaud que Louis Malle réalisa en 1958 et dont Miles Davis composa la musique, ou encore les évocations de Jean-Paul Sartre et Juliette Gréco.

Marc Labrèche est seul en scène accompagné par un manipulateur. Il joue alternativement les rôles de Miles Davis, de Jean Cocteau et de Robert, l'artiste québécois. Relié à un dispositif de poulies, il s'élève dans les airs et livre une performance d'acrobate devant un écran. Le spectacle mêle en effets différents arts et médias, qu'il s'agisse du théâtre, de la poésie, du cinéma, de la musique ou de la photographie. La scénographie apparaît ici comme une écriture à part entière. Projecteur et rétroprojecteur font de l'écran un partenaire du comédien. Les images, les effets sonores, les jeux d'ombres et de miroir composent une même fantasmagorie, celle de l'artiste qui toujours rêve d'élévation.

Marie-Isabelle Boula de Mareuil

Transcription

Présentateur
Pour saluer le Québec, la région Rhône-Alpes et le TNP Villeurbanne accueillent un poète de la scène, Robert Lepage avec Les Aiguilles et l’Opium, cette pièce qui tournera dans toute la région Rhône-Alpes jusqu’au 26 novembre prochain, est actuellement présentée à la Comédie de Saint-Étienne.
(Musique)
Journaliste
Un rétroprojecteur, un cyclo-élastique, des filins. Dans Les Aiguilles et L’Opium le metteur en scène québécois Robert Lepage nous projette, une heure quarante et cinq durant, de l’autre côté du miroir, au bout des vertiges et des passions.
(Musique)
Marc Labrèche
C’est un spectacle, sur, je pense, la dépendance. Que ce soit la dépendance amoureuse, la dépendance des drogues, la dépendance à certaines idées dont on reste prisonnier puis qu’on n’arrive pas à se défaire pour en prendre de nouvelles, pour aller plus loin et tout ça. Alors il y a une espèce… c’est un spectacle sur l’espèce d’état où… dans lequel où on est quand on est stationnaire, quand on est sur place et qu’on n’arrive pas à avancer. Oui, bonjour mademoiselle, je m’excuse de vous déranger, c’est moi qui occupe la chambre numéro neuf. Oui, bon, là je pense que… ça fait au moins deux heures que j’essaie de dormir, et j’en suis vraiment incapable, parce qu’il y a beaucoup, beaucoup, beaucoup, beaucoup de bruit dans la chambre à côté.
Journaliste
Dans ce one man show mêlant la musique omniprésente de Miles Davis, le Paris de l’époque existentialiste, le New York découvert par Cocteau, le comédien qui nous fait rêver témoigne d’une précision d’acrobate. Un spectacle invité par le TNP, la région Rhône-Alpes, visible de Roanne à Annecy.
Marc Labrèche
…de somnambules et qui vous donneraient de vertige, et que vous ne me pardonneriez jamais.
(Musique)