Centenaire de la naissance de Samuel Beckett

15 octobre 2006
02m 23s
Réf. 00224

Notice

Résumé :

A l'occasion du centenaire de Samuel Beckett, décédé en 1989, le metteur en scène et comédien Pierre Chabert organise un festival destiné à présenter toutes les facettes de l'auteur irlandais. A travers des extraits de Fin de partie par Bernard Lévy, des Fragments de Peter Brook et des Cinq Dramaticules de la comédie Française, Pierre Chabert présente son festival d'hommage à Beckett.

Date de diffusion :
15 octobre 2006
Source :
A2 (Collection: 20 heures )
Fiche CNT :

Éclairage

Samuel Beckett est né le 13 Avril 1906 à Foxrock, au sud de Dublin, et mort à Paris, le 22 décembre 1989. En 1928, il est nommé lecteur d'anglais à l'ENS de la Rue d'Ulm à Paris où il rencontre James Joyce, dont il devient le secrétaire. Son premier roman, Murphy, est publié à Londres en 1938.

On rattache souvent Samuel Beckett au courant du Théâtre de l'Absurde, mais lui-même récusait cette affiliation. L'appellation « théâtre de l'Absurde » est forgée par Martin Esslin en 1962 : le théâtre de l'Absurde ne fut donc ni un mouvement ni une école. Ce nouveau théâtre basé sur la dérision découle directement de la Seconde Guerre mondiale : cette guerre, et le traumatisme de la Shoah, on causé une réaction forte des artistes. Le « théâtre de l'absurde » fait le constat de l'absurdité de la condition humaine face à l'anéantissement de tous les systèmes de valeurs anciens (notamment la religion, et la morale). Samuel Beckett a développé un style théâtral très particulier. Reposant en grande partie sur des pièces laissant une impression de vide, des pièces où il ne se passe pour ainsi dire rien, il expérimentera des formes brèves, sans paroles, très directives, relevant plus de la chorégraphie que d'une dramaturgie classique dont il s'éloigne de plus en plus. Pionnier d'un nouveau style théâtral, Beckett a inspiré nombre de dramaturges qui l'ont suivi avec plus ou moins de talent et de réussite. Il a en grande partie contribué, avec les auteurs des avant-gardes des années 50, à une libération du langage théâtral.

Pierre Chabert, qui a travaillé avec Beckett en tant que comédien – l'auteur le met en scène dans La dernière bande en 1975 – et a également mis ses pièces en scène, a organisé un festival pour le centenaire de la naissance de l'auteur irlandais. A cette occasion, il a demandé à de nombreux théâtres parisiens de s'associer à l'évènement, afin de pouvoir montrer au public l'intégralité des dix-neuf pièces de théâtre de Beckett. Ces pièces sont très variées. On trouve, bien entendu, les « grandes » pièces (En attendant Godot, Fin de Partie, Oh les beaux jours), mais aussi de nombreuses pièces courtes, prenant parfois la forme d'esquisses, presque d'exercices – notamment les Fragments de Théâtre (I et II) et les Actes sans paroles (I et II) – où Beckett stylise à l'extrême son théâtre, le réduisant au minimum, parfois simplement au mouvement.

Le reportage présente des extraits de Fin de Partie, l'une des pièces les plus connues de l'auteur, dans une mise en scène de Bernard Lévy. On y retrouve l'image désormais célèbre de Nagg et Nell, les vieillards, enfermés dans leurs poubelles, près de Hamm, cloué dans sa chaise roulante.

La Comédie-Française a également présenté un florilège de pièces courtes sous le titre Cinq Dramaticules, dans une mise en scène de Jean Dautremay.

Enfin, le reportage présente les Fragments mis en scène par Peter Brook aux Bouffes du Nord. Le metteur en scène y évoque la fascination de Beckett pour le mouvement, et le silence. Dans ce programme, Brook proposait en effet deux Actes sans paroles, petits mimes où les personnages agissent de façon mécanique, effectuant des actions futiles et répétitives, dans une illustration minimaliste du dérisoire de la vie.

Anaïs Bonnier

Transcription

Présentatrice
Un dramaturge hors pair connu dans le monde entier, Samuel Beckett, prix Nobel d’origine irlandaise, aurait eu 100 ans cette année à Paris, un festival lui rend hommage. Sophie Jouve, Thierry Breton.
Journaliste
Beckett, pour les photographes c’était d’abord un visage magnifique. Eux, l’abordaient par la tête. Quant à son oeuvre, on pourrait tout aussi bien l’aborder par les pieds. Beckett fut un grand marcheur, autant que ses personnages. Car pour lui marcher, c’est se tenir debout, résister à tous les enfermements et à la disparition finale. Comme dans sa pièce Fin de partie.
Comédienne
Qu’est-ce que c’est mon gros ? C’est pour la bagatelle ?
Comédien 1
Tu dormais ?
Comédienne
Oh, non !
Comédien 1
Embrasse !
Comédienne
On ne peut pas !
Comédien 1
Essayons !
Bernard Levy
Moi, j’ai essayé de combattre, certaines idées reçues sur Beckett, à savoir, un auteur triste, morbide, noir.
Journaliste
Une oeuvre qui suscite autant de crainte que d’impatience. Et qui se résume trop souvent à deux pièces Oh les beaux jours, En attendant Godot. Alors, dans son sanctuaire, ce passionné a fait un rêve un peu fou : présenter à Paris pour la première fois, toutes les facettes du dramaturge irlandais.
Pierre Chabert
Nous sommes allés voir les théâtres. Tous les théâtres, les plus grands comme les plus petits. Frapper à la porte comme des représentants de commerce, et nous leur avons expliqué ce que nous voulions faire pour ce centenaire de Beckett, c'est-à-dire, monter toutes les pièces de Beckett. 19 pièces !
Journaliste
Un peu plus au nord, dans la capitale, on peut ainsi découvrir avec le grand Peter Brook, trois fragments de théâtre dont l’un est totalement muet. Un raccourci ironique de notre rage de vivre et de notre impuissance.
Peter Brook
Pour lui, il y avait la parole, comme tout auteur dramatique mais aussi le silence. Et c’est pas pour rien qu’il a écrit plusieurs pièces qui étaient que des indications de gestes et de mouvements.
Journaliste
Dernière étape, la Comédie-Française, elle aussi du voyage. Avec des textes en forme d’énigmes poétiques. Et si derrière la noirceur de Beckett se cachait toute la lumière du monde ? Un encouragement à tous les hommes à aller jusqu’au bout de leur chemin. Beckett, qui a vécu à Paris la fin de sa vie, nous aura en tout cas bien fait marcher.