Cyrano de Bergerac d'Edmond Rostand

15 juin 2007
02m 13s
Réf. 00343

Notice

Résumé :

Michel Vuillermoz joue Cyrano dans la mise en scène de Denis Podalydès à la Comédie-Française. Extraits de la pièce, interviews de Muriel Mayette (administratrice de la Comédie-Française) et de Michel Vuillermoz, dans le rôle titre.

Date de diffusion :
15 juin 2007
Source :
A2 (Collection: 20 heures )
Fiche CNT :

Éclairage

Denis Podalydès écrit sur le programme d'annonce du spectacle : « Dans et par Cyrano de Bergerac, Rostand assassine, essorille et désentripaille l'alexandrin au théâtre. (...) On n'en mesurait ni l'ironie ni la poésie : une poésie de théâtre, pleine d'effets, de malice, et d'énergie – à l'exemple du quatrième acte de Ruy Blas – où l'alexandrin saisit dans ses filets des matières hétéroclites, bariolées, paradoxales, à l'image de l'être hybride Christian - Cyrano, chimère et grand amour de Roxane. Ce festin joyeux et crépusculaire rencontre un triomphe inouï. Toute une France croit s'y reconnaître. Rostand n'y comprend rien » [1].

Le public français est toujours resté friand des vers de Rostand depuis la création de Cyrano en 1897 alors que l'auteur lui-même, comme le rappelle Podalydès, ne croyait que très peu en sa pièce. La comédie héroïque est en effet un genre tombé en désuétude depuis Corneille. Même si le mouvement romantique a pu un temps relancer la mode du drame historique et des épopées, Rostand se place en porte-à-faux vis-à-vis des courants naturalistes et symbolistes (Antoine, Lugné Poe... ; Ibsen, Maeterlinck...) qui ont le vent en poupe à la fin du XIXe siècle. Son théâtre ne propose pas de copier le réel ou d'atteindre le monde supérieur des Idées par des abstractions, il n'invente pas une forme nouvelle mais produit à son époque une impression de nouveauté en accommodant avec justesse la force du langage poétique à la fable théâtrale grâce au personnage lunaire de Cyrano, qui incarne la figure du Poète dans ses rêves de grandeur et ses désillusions, mais un personnage enfermé dans un corps grotesque, au nez immense et difforme, qui masque son génie au commun des mortels.

Cyrano de Bergerac n'avait pas été reprogrammé à la Comédie-Française depuis 40 ans – depuis la mise en scène de Jacques Charon avec Jean Piat – quand Denis Podalydès, en 2005, entreprend le pari de porter à la scène ce grand classique du répertoire. L'entreprise se veut prestigieuse et risquée : il n'est pas facile, notamment depuis le succès populaire du film de Jean-Paul Rappeneau avec Gérard Depardieu dans le rôle titre, et depuis des interprètes comme Jean Piat, Francis Huster ou encore Jacques Weber, de reprendre cette pièce sans attirer la comparaison. C'est donc à grand renfort de machinerie et de projections vidéo et la participation de Christian Lacroix pour les costumes, que Denis Podalydès et son acteur Michel Vuillermoz entendent donner à la pièce un caractère événementiel. Le spectacle a été primé par plusieurs trophées aux Molière et son succès lui a valut une reprise à la Comédie-Française, lors de la saison 2006 ; il a par ailleurs été diffusé sur France 2 le 15 juin 2007, mais n'a pas généré les scores d'audience escomptés (seulement 7,6% de part de marché, soit 1,3 millions de téléspectateurs).

[1] Programme de Cyrano, La Comédie-Française, 2006.

Voir une rétrospective sur les grands interprètes de Cyrano de Bergerac (1964)

Voir un extrait de Cyrano de Bergerac interprété par Daniel Sorano (1960)

Céline Hersant

Transcription

Présentateur
Puis du théâtre enfin avec Cyrano de Bergerac, la pièce évènement avait été largement récompensée aux derniers Molières. Et bien, tous ceux qui l’avaient ratée à la Comédie-Française pourront se rattraper dans quelques instants sur France 2. Sophie Jouve, Didier Dahan.
Michel Vuillermoz
C’est un roc, c’est un pic, c’est un cap, que dis-je, c’est un cap, c’est une péninsule.
Sophie Jouve
Michel Vuillermoz triomphe dans le rôle le plus célèbre du théâtre français. Un héros auquel se sont attaqués tous les plus grands, Jacques Weber, Francis Huster, Jean Piat.
Francis Huster
C’est un cap, c’est un pic. Que dis-je, c'est un cap ? C'est une péninsule !
Michel Vuillermoz
C’est au bedon qu'à la fin de l’envoi, je touche.
Sophie Jouve
Cyrano ou le panache d’un perdant magnifique.
Eric Ruf
Aussi l'ai-je tenté, mais tentative nulle. Ce... nouveau-né, Madame, est un petit... Hercule.
Sophie Jouve
Un festin théâtral servi par la qualité du jeu, la poésie des décors. Même Christian Lacroix y a mis sa touche en imaginant des costumes qui mélangent les époques. Une alchimie qui fait salle comble.
Muriel Mayette
Ce qui est passionnant dans ce spectacle, c’est que le public passe par tous les sentiments. On est – par moment – extrêmement ému. A d’autres moments, c’est très drôle, à d’autres moments encore, c’est poétique, c’est inouï, c’est surréaliste.
Denis Podalydès
Ce qui est étonnant, c’est que cette pièce qui est l’une des plus rentables du répertoire, enfin elle attire les foules, est en même temps un éloge du non rentable, de l’inutile. C’est ce paradoxe-là qui est très touchant.
Sophie Jouve
Chaque soir, un nouveau nez pour Michel Vuillermoz. Dans ce rôle, tonitruand et terrible.
Michel Vuillermoz
C’est copieux, on va dire que c’est un gros machin, qu’il faut aborder tranquillement pas à pas, doucement.
Sophie Jouve
On pourrait accumuler les morceaux de bravoure de Cyrano. Porté par l’écriture d’Edmond Rostand, qui rend aux comédiens le plus beau des hommages.
Michel Vuillermoz
Ci-gît, Hercule Savinien de Cyrano de Bergerac qui fut tout et qui ne fut rien.