Mistère Bouffe de Maïakovski par l'UFOLEA

27 juillet 1979
04m 22s
Réf. 00499

Notice

Résumé :

Petit reportage sur la création du Mistère-Bouffe de Vladimir Maïakovski au XXIIIe festival UFOLEA de Cluny, les 28 et 29 juillet 1979. L'un des participants expose le projet artistique amateur dont nous voyons également un extrait.

Date de diffusion :
27 juillet 1979
Source :
Artistes et personnalités :

Éclairage

Artiste pluridisciplinaire, Vladimir Maïakovski (1893-1930) est un poète russe qui a connu les geôles tsaristes puis célébré la Révolution tout en prenant la mesure de ses faiblesses. « Mistère, c'est ce que la Révolution a de grand. Bouffe, ce qu'elle a de comique. » (Vladimir Maïakovski, [1]). La première version de cette pièce est cependant écrite en 1918 pour commémorer le premier anniversaire de la Révolution d'Octobre. Il s'agit donc de fêter un événement, le glorifier, à l'image des mistères médiévaux qui, au XVe siècle, célébraient la Passion du Christ ou la vie des saints. « Le Mistère-Bouffe est une route. La route de la Révolution. » [1] Il s'agit bien, comme dans le genre religieux du Moyen-âge, de raconter un parcours (ici celui des prolétaires). Afin de souligner cette affinité avec le théâtre religieux médiéval, les artistes amateurs, secondés par quelques professionnels, ont choisi le tréteau frontal, tout en longueur, qui est une des possibilités scéniques explorées par la représentation des mistères au moyen-âge et qui signifie le chemin de vie parcouru par le protagoniste.

Cette pièce « est considérée comme la première pièce soviétique, célébrant ainsi l'officialité du régime bolchevique. Elle marque donc la naissance du théâtre soviétique, et fait de son auteur le promoteur, l'initiateur d'une nouvelle ère [...] opérant la fusion de deux avant-gardes, politique – le communisme – et artistique – le futurisme. » [2]. Une seconde version a été remaniée en 1921.

Né d'un désir de promouvoir l'école laïque, la Ligue Française de l'Enseignement est née en 1866. Son action s'est prolongée au niveau régional et départemental avec les antennes de la FOL (Fédération des Œuvres Laïques) et celles de l'UFOLEA (Union Française des Œuvres Laïques d'Education Artistiques) qui se créées dans les années 30. Les principes fondamentaux de la FOL sont : « Porter un projet politique pour une démocratie laïque. Agir pour l'éducation et la défense de l'école publique. Fédérer les idées et les initiatives de ceux qui ont envie d'agir et de s'engager pour améliorer la société et favoriser le vivre ensemble. » (FOL58). Le choix de la pièce de Maïakovski semblait alors pertinent dans la perspective d'une telle politique, au niveau théâtral.

[1] Vladimir Maiakovski, Théâtre, traduit et présenté par Michel Wassiltchikov, Paris, Grasset et Fasquelle, coll. Les cahiers rouges, 1989.

[2] Marjorie Gaudemer, "Le Théâtre politique de Maïakovski", mémoire de maîtrise rédigé sous la direction de Béatrice Picon-Valin et de Jean-François Peyret, Institut d'Etudes Théâtrales de la Sorbonne Nouvelle - Paris 3. (consultable à la Bibliothèque Gaston Baty de l'Institut).

Bibliographie

Charles Mazouer, Le Théâtre français du Moyen-âge, Paris, Sedes, 1998.

Anne-Laetitia Garcia

Transcription

Journaliste
Depuis le début du mois de Juillet à Cluny, des enseignants appartenant à la fédération des œuvres laïques, travaillent à la création d’une œuvre inédite de Maïakovski, Mistère bouffe.
Intervenant
Nous sommes un groupe d’amateurs, c'est-à-dire de gens qui, au sein de la ligue de l’enseignement ont des activités de formation, ont des responsabilités de formation d’animateurs dans leurs régions respectives, et qui se sont regroupés là pour une expérience tout à fait nouvelle avec quatre professionnels : un musicien, un metteur en scène, un décorateur et un auteur bien sûr.
Journaliste
Ils ont tout fait de A jusqu’à Z. Non seulement l’adaptation et la mise en scène de la traduction française de l’œuvre originale, également le matériel de scène, les décors, dont la disposition et l’utilisation réserve quelques surprises aux spectateurs ; mais aussi les costumes, la musique, car tout était à créer pour une entreprise totalement originale.
Intervenant
Le Mistère bouffe, c’est une pièce qui a été écrite en 1918, c'est-à-dire juste après la révolution soviétique par Vladimir Maïakovski, qui était un poète à l’imagination fulgurante. Ce qui nous a beaucoup intéressés dans sa pièce, c’est le parcours qu’il fait parcourir à ces impurs. C'est-à-dire les prolétaires, des gens qui ont été les victimes de la guerre, des capitalistes déjà naissants ; et qui à travers des images toutes simples, c'est-à-dire le pôle nord, puis le déluge, l’arche de Noé, l’enfer, le paradis, la terre promise, à travers toutes ces images simples, on retrouve toutes les phases de la vie publique retrouvées. C'est-à-dire, on repart, on revit l’histoire, la royauté, puis la république, puis la révolution à travers l’histoire de ces impurs.
Comédienne 1
Tenez, les nuages se gonflent d’une manière suspecte. Ils arrivent, ils arrivent.
Comédiens
[Inaudible]
Comédienne 1
Rien que des barbus, ils sont au moins 300.
Comédienne 2
Venez à nous, venez à nous, ici c’est un havre de tranquillité.
Comédienne 3
Saint Pierre a laissé passer de drôles de paroissiens.
Comédien 1
Bonjour, bonjour, soyez les bienvenus !
Comédienne 2
A toi saint Jean Bouche d’or, fait leur ton discours.
Comédien 2
Des discours !
Comédienne 3
Nous sommes épuisés.
Comédien 2
Affamés comme des chiens.
Comédienne 2
Patience mes frères, patience, nous allons tout de suite, tout de suite, vous nourrir à satiété.
(Bruit)
Comédiens
Ha, ha, ha.
(Bruit)
Comédienne 3
J’en ai assez de marcher, vous n’auriez pas une chaise ?
Comédienne 2
Non, au paradis il n’y en a pas.
Comédienne 3
Et qu’est ce qu’il fait le faiseur de miracles. Allez hop !
Comédiens
Ha, ha ha.
Intervenant
Quatre professionnels qui se sont joints à des amateurs, ont fait qu’un certain nombre d’organismes publics ou semi publics, ont accepté de subventionner l’opération, qui est une opération assez importante avec un budget de l’ordre d’une vingtaine de millions, avec 35 personnes qui ont travaillé pendant 37 jours en travail collectif, ce qui est relativement important pour des amateurs. Et nous avons donc, là eu, à la fois, une création originale dans l’esprit dans les gens qui ont collaboré, et aussi une expérience originale puisque, le mistere bouffe sera créé à Cluny, donc création en France du texte français, à Cluny le 28.