Bruno West, Le Cirque du Grand Céleste

25 mai 1989
02m 44s
Réf. 00570

Notice

Résumé :

La Grande roue du Grand Céleste : des extraits de numéros aériens et d'acrobatie et de jonglerie au sol ; un bref entretien de Bruno West dans lequel il apporte des éléments de définition de son travail.

Date de diffusion :
25 mai 1989
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Éclairage

Bruno West, après une formation au Conservatoire National de Cirque et de Mime [1] (1976), se produit sous les chapiteaux de grandes enseignes du cirque traditionnel (Grüss, Moreno-Borman, Amar, Bouglione...). En tant que trapéziste-acrobate, il se glisse dans la peau de quelques personnages au sein du Grand Magic Circus de Jérôme Savary (1982-1983). Il conçoit, ensuite, le Grand Céleste, initialement une roue d'une dizaine de mètres de diamètre dans laquelle évoluent des artistes de cirque, qui devient l'enseigne de son chapiteau, implanté, depuis 1998, en bordure du périphérique, Porte des Lilas (à Paris). D'un diamètre à peine plus grand qu'une piste, il permet la conception de spectacles qui privilégient la proximité entre le public et les artistes qui offrent chacun leur instant de cirque, devant une gardine bleue nuit étoilée. Une caravane, en guise de décor, invite les quelques deux cents spectateurs, qui ont trouvé place sur des fauteuils fatigués, des coussins jetés à même le sol et quelques gradins, au voyage immédiat rythmé par un mélange de swing et de blues assuré par un orchestre live dirigé par le compositeur-interprète Ben Boyce. Ce dernier est codirecteur artistique de la compagnie pendant dix ans [2].

B. West cultive un personnage un peu clown, un peu burlesque, un peu Monsieur Loyal, vêtu d'une veste rouge, aux manches légèrement bouffantes, s'arrêtant à la taille sur un pantalon noir. Ses yeux maquillés discrètement d'anthracite éclairent un visage décidé, surplombé d'un casque équipé en son sommet d'un brûleur qui peut à l'occasion produire une flamme téméraire. En Ring Master attentionné, il est prévenant avec ses artistes, dont il accompagne discrètement les entrées.

B. West n'inscrit pas son travail sous l'étiquetage nouveau cirque ; il préfère le penser comme « un trait d'union entre la tradition et la modernité » [3]. Ne désirant pas construire une intrigue, il compose son spectacle des dramaturgies propres à chaque numéro, pensé comme un « instant de vérité » et assumé par les artistes de cirque à qui il est demandé d'être eux-mêmes. B. West se ménage une entrée qui lui octroie le statut du clown mais sans tomber dans le travers d'un comique aux gags faciles. Tout en conservant le registre décalé et intimiste de la représentation, il endosse la panoplie du dompteur et exécute un numéro extrêmement périlleux... de dressage d'une grosse forme souple et mouvante, peut-être une grosse patate nourrie de petits beurre.

De l'ensemble des propositions, L'homme canon, Le dompteur de Jojo la patate, Drôle de monde et le Cirque d'aventures et de merveilles ressort un esprit Grand Céleste qui s'affirme, par le rythme alerte soutenu par la musique originale, dans un climat festif, un univers simple et vrai.

En 2009, le projet est repensé, avec Véronique Calderari [4], danseuse, artiste de cirque et enseignante, qui cosigne les mises en piste du Cirque dans les étoiles. Les Folies de la petite caravane, Tournée générale, et une confrontation avec le groupe musical Tram des Balkans, confirment le style intimiste. Les détails du chapiteau, la structuration, l'organisation, la décoration, des gradins au cœur de la piste, effacent la frontière entre le public et les artistes. Seul, le jeu des lumières guide le regard, sans jamais effacer le contexte de la représentation.

[1] Ecole du cirque « à l'ancienne » fondée par Sylvia Monfort et Alexis Gruss, en 1974.

[2] Deux albums sont édités : Le Grand Céleste et Le Cirque du Grand Céleste. En 2009, il crée sa propre Compagnie Valse, et sort un album : Ben Boyce, Ainsi va la vie, GBD production, 2009.

[3] « Rester vrai », dans « Le nouveau cirque à l'affût », dossier réalisé par Jean-Marc Lachaud et par Martine Maleval, Mouvement, n° 3, décembre 1999, p. 29.

[4] Véronique Calderari est directrice pédagogique de l'école du cirque du Grand Céleste, depuis 2007. En 2010, au sein du Cirque dans les Etoiles, sont ouverts des ateliers de création et un accueil d'artistes. Elle offre ainsi ce qui est nommé un regard extérieur et un soutien dans la création.

Martine Maleval

Transcription

(Musique)
Bruno West
C’est une forme de cirque, disons qu’on ne se considère pas comme un cirque traditionnel. On essaie un petit peu de lancer des nouvelles idées de spectacle, de cirque un petit peu nouveau. On a répété tous ensemble pendant plusieurs mois, et ce spectacle se prépare depuis déjà plusieurs années, je veux dire, c’est la concrétisation d’un long travail artistique et de mise en place, c’est très long.
(Musique)
Bruno West
Bien sûr j’ai…, disons que c’est travaillé, on essaie de maîtriser au maximum le numéro. C’est quand même une discipline que je fais depuis 10 maintenant, et à chaque c’est toujours une fois de plus. Je veux dire, ce n'est pas acquis, ce n'est pas un travail acquis. C’est quand même extrêmement précis et rigoureux. Tout l’espace est autour de moi, mais je suis vraiment dans mon numéro, je me concentre vraiment dans ce que je fais et de savoir ce qui va se passer après tel mouvement. C’est quand même…, la faute est décisive.
(Musique)