Compagnie 111, Plus ou moins l'infini   

20 octobre 2005
02m 52s
Réf. 00586

Notice

Résumé :

Les extraits du troisième volet d'une trilogie consacrée à la question de l'espace, Plus ou moins l'infini, laisse percevoir comment l'espace de jeu redessiné par des fractures rigides conditionne les évolutions des artistes, acteurs, circassiens, danseurs, qui se trouvent propulsés dans un monde dont ils doivent découvrir les règles.   

Date de diffusion :
20 octobre 2005
Source :
Compagnie :
Thèmes :
Fiche CNT :

Éclairage

Les parti pris esthétiques d'Aurélien Bory ne sont pas étrangers à la formation initiale scientifique réalisée avant son passage au studio de création du Lido, à Toulouse. En effet, la conception de l'espace, développée au sein de la Compagnie 111, fondée en 2000, définit celui-ci comme « le rectangle du plateau et le volume d'air correspondant. Cet espace est le seul support de l'art où l'on ne peut échapper aux lois de la mécanique générale » [1]. La scène est considérée comme un monde, dans lequel le corps et l'objet affirment une présence susceptible de répondre à la question de « la place de l'homme dans le monde ».

Avec l'acteur Olivier Alenda débute une collaboration qui trouve sa réalisation dans la trilogie composée de IJK (2000), Plan B (2003) et Plus ou moins l'infini (2005), dont les mises en scène sont assurées successivement par Christian Coumin et Phil Soltanoff, pour les deux dernières pièces.

Il s'avère que dans les œuvres de la compagnie, les objets fragmentent l'espace en multipliant les plans, exploitables par la plastique des corps, en dessinant des trajectoires qui conditionnent celles des acteurs (Les sept planches de la ruse, 2007). Au fil des créations, s'affirme une présence des nouvelles technologies, de la projection vidéo qui participe à une relative contextualisation, à l'usage des rayons lumineux, diffus ou affirmés, qui enveloppent ou ciblent les protagonistes, jusqu'aux machines-robots, dignes des constructivistes russes, avec lesquelles il faut bien composer (Sans Objet, 2009).

Certes des techniques de cirque sont bien présentent (jonglage, acrobatie, mât chinois...) qui témoignent d'un engagement corporel spécifique. Mais la danse et une conception théâtrale, ajoutées à la préoccupation sonore et architecturale des propositions, concourent à l'élaboration d'œuvres métissées qui explorent les frontières poreuses des arts, lieux privilégiés du travail sur la forme qui cherche à en bousculer les fondamentaux.

Notons encore, l'intérêt d'Aurélien Bory pour les cultures vivant hors de nos frontières, qui s'exprime dans Taoub (2004), « tissus » en arabe, qui met en scène un groupe acrobatique de Tanger et Questquetudeviens?, avec la danseuse de Flamenco, Stéphanie Fuster.

[1] Notes d'intention d'Aurélien Bory.

Martine Maleval

Transcription

Présentatrice
On termine avec un spectacle qui se joue en ce moment au théâtre national de Toulouse baptisé Plus ou moins l’infini. C’est la dernière création des toulousains de la Compagnie 111 mise en scène par le new-yorkais Phil Soltanoff. C’est aussi le dernier volet d’une trilogie consacrée à l’espace. Après le volume, après le plan, la Compagnie 111, s’intéresse cette fois à la ligne. Vincent Albinet et Jean Pierre Duntze.
(Bruit)
Journaliste
C’est le personnage principal du spectacle, la ligne. Elle peut être une ligne de lumière, un bâton ou une multitude de bâtons sculptés par des jeux de lumière. Elle est un fil directeur dont les interprètes se jouent.
(Bruit)
Journaliste
Au croisement du cirque, de la danse et du théâtre, les artistes formés pour la plupart à l’école toulousaine du cirque Le Lido, s’expriment avec leurs corps sans un mot. Ils sont à la fois les acteurs qui se laissent porter par cette ligne et ceux qui la manipulent. Résultat d’une rencontre entre la compagnie 111 et le metteur en scène new-yorkais Phil Soltanoff.
Phil Soltanoff
Ils peuvent faire des choses que moi je ne peux pas faire : des acrobaties, du jonglage, la concrétisation de mes idées visuelles. J’aime travailler avec ces artistes qui ne font pas ce que je sais faire mais qui m’emmènent vers ce que je ne sais pas faire. C’est extrêmement stimulant.
(Musique)
Journaliste
La ligne, à la fois puissante et fragile, la ligne très visuelle, très absolue. La ligne mathématique est aussi le moyen d’une réflexion sur l’écriture scénique, en même temps qu’un propos philosophique sur la relation de l’homme à l’univers, sur le rapport à l’espace et à l’inconnu.
Aurélien Bory
Il y a une quête d’absolu quand on choisit un sujet comme la ligne. Et c’est vrai que ça a tout de suite fait appel à des concepts philosophiques. Et donc, c’est important de donner à penser sur scène, peut-être une autre logique ou quelque chose en tout cas de très évocateur de ce point de vue-là ; que le spectateur ait une chance de mener aussi une réflexion à travers ces éléments visuels, à travers cette narration, à travers ce voyage. Et je pense que le spectacle essaie d’être un stimulateur d’imaginaire et un stimulateur de pensée.
Journaliste
Un imaginaire parfois un peu triste lorsque l’homme disparaît derrière son image pour n’être plus qu’une ligne, mais un imaginaire souvent drôle, onirique et poétique.
(Musique)