Délices Dada, Circuit D à Calais

1998
04m 15s
Réf. 00639

Notice

Résumé :

Jours de Fête à Calais. Un guide, interprété par Jean-Marc Thuillier, détourne le sens des mots inscrits dans la ville et conduit une visite fantaisiste des alentours de la place Crève Cœur.

Date de diffusion :
1998
Source :
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Compagnie :
Thèmes :

Éclairage

La compagnie Délices Dada, depuis sa fondation autour de Jeff Thiébaut en 1984, s'est donné pour objet d'explorer "la parole dans tous ses états" : jeux de langage, discours et débats incongrus, chant lyrique déconstruit (Dalangue, 1992), libre choix de poèmes (Les 24 Heures de la poésie, 1994, le Marathon de la poésie, 1997), langues inventées et musiques verbales (Tragédiques, 1996, Indigènes, 2003)... Elle collabore étroitement avec des compositeurs, Étienne Delmas jusqu'en 1993, Chris Janet ensuite.

Le mode de création est collectif. Partant d'un scénario dont Jeff Thiébaut est le garant, chaque acteur construit la partition qu'il interprète en relation directe avec le public et l'environnement choisi. Les thèmes sont inspirés des lieux et des occurrences de la réalisation. Ils empruntent aussi à l'univers du roman policier (Affaire classée, 2005, Noir, 2006) et à celui du cinéma muet (Rushes, 2009).

Circuit D, visites guidées est, depuis sa création en 1989, l'élément permanent du répertoire de la compagnie. Il a été joué à plusieurs centaines de reprises. La déambulation est chaque fois réinventée à partir des éléments langagiers qui figurent dans le contexte exploré. La première représentation à Calais a eu lieu en 1994 à l'invitation du Channel, Scène nationale dirigée par Francis Peduzzi, pour l'inauguration du tunnel sous la Manche. Comme les spectacles de Royal de Luxe, il a été de nouveau programmé par le Channel jusqu'en 2006, à chaque édition de Jours de Fête. La visite joueuse de différents quartiers de la ville s'est alors intitulée Délices de Calais.

En 1998, Délices Dada a proposé, sur le même principe, des Rendez-vous secrets, par exemple dans l'église Notre Dame. On peut aussi noter dans cette édition la présence de trois autres formes déambulatoires : Retour d'Afrique, de Royal de Luxe, Les 100 Dessous, du Phun et T'aimes trop le ballon rond, mon amour, proposé par Le Prato.

Voir aussi

- Les Délices Dada à l'Olympia sur Ina.fr

Documentation

- Le site de la Compagnie Délices dada

- Dir. Marcel Freydefond et Charlotte Granger: Le Théâtre de rue, un théâtre de l'échange, Études théâtrales, Louvain-la-Neuve, 2008, pp. 60-66.

Sylvie Clidière

Transcription

Comédien
C’est dans cette direction [inaudible]. Mais avant de pénétrer directement sur le périmètre de cette visite, je crois qu’il est important de faire un très bref rappel historique, au moins pour les personnes qui ne sont pas de souche calaisienne. C’est ici à Calais que Louis 14 a créé la véritable première agence de renseignement français, le fameux SAR, le Service d’Actions Royales dont nous avons encore ici le siège. Donnant la fonction même de cette agence de renseignements, encore visible sur ce mur aveugle ici, cette grande locution latine VERANDAS VOLET FENETRES FORTES TORES, que je vous traduis mot à mot, VERENDAS VOLET, c’est voler la vérité, FENETRES PORTES, apporter la lumière, STORES, ouvrez l’œil. La rue porte encore le nom, je pense plutôt le pseudonyme, parce qu’on ne le sait pas, plutôt le pseudonyme du premier directeur du Service d’Actions Royales. Un nom bien français qui fleure l’innocence, monsieur Blanchard avec un « D ». Mais, qui dit espionnage dit bien sur contre-espionnage. Les anglais [inaudible], tout de suite en face, mais il y a des signes qui ne trompent pas, les français les repèrent tout de suite. Les anglais [inaudible] ont leur plaquent de leur rue du [jute] de l’autre coté, rue Blanchart avec un « T ». Et ici c’est particulièrement intéressant car nous nous retrouvons directement, avancez comme ça, devant les bureaux du service donc de renseignements anglais. Là on le voit bien comme le nez au milieu de la figure, sur la porte donc, de ces bureaux des services de renseignements anglais. Le numéro de code sans doute du chef du réseau, 0001.
Public
Haha.
Comédien
Attention les véhicules s’il vous plait ! L’agent anglais tous les matins sort de chez lui, et là il passe toutes ses matinées, toutes ses après-midi et toues ses soirées dans les bistrots. Normal pour un calaisien, hein ?
Public
Haha
Comédien
Ce qui les étonne c’est son mode de consommation. Il ne marche qu’à trois boissons, la bière, la bénédictine et le [fernébranqua]. Il rentre dans un bistrot, 4 demis s’il vous plait, et il change de crèmerie, une bénédictine, il rechange de crèmerie, trois [fèrnébrancas]. Mais sans jamais adresser la parole à quiconque, sans poster de lettre jusqu’au jour où les officiers français quand même ont l’idée de suivre un des garçons de café que fréquente l’agent anglais, et c’est là que les français comprennent enfin la consommation de l’agent anglais, les incessantes allées et venues du garçon de café qui livre leurs bribes d’information, un [fernébranca], une bénédictine, deux demi, trois bénédictines, trois et demi, deux bénédictines, un et demi, trois bénédictines, deux et demi. Sacrée consommation dans la journée quand même ! Et bien sûr tout ça dans l’ordre, les [fernebranca], les béné… Dans l’ordre ça nous donne, le mois, le jour, l’heure, le nombre de navire qui sortent du port de Calais, l’armement même de ces navires. 1 canon de 75, 2 canons de 25. On arrête immédiatement bien sûr monsieur le présumé du réseau anglais, et veuillez m’en excusez à l’avance, nous arrivons ici à la partie un peu douloureuse, un peu pénible de cette visite, l’interrogatoire, avançons. On ne s’en cache pas nous très précisément devant le centre des espions de France, hein ! Dans lesquels bien sûr on pénètre à ses risques et périls, danger de mort, tout ça est clairement indiqué. Les agents français eux, bien sûr pour y pénétrer ont ces deux portes blindées dans lesquelles ils vont venir présenter ici leurs empreintes digitales, non, non, nous sommes au 17ème siècle bien sûr. Ces deux portes blindées en plus ne sont que des leurres ! Pour pénétrer dans l’édifice, une seule porte, une porte dérobée, une porte centrale encore aujourd’hui invisible dont on peut admirer que la poignée.
Public
Haha.
Comédien
Avançons un tout petit peu s’il vous plait, attention à ce....