Osmosis Cie, Transit

05 juillet 2006
02m
Réf. 00654

Notice

Résumé :

Rennes, festival Les Tombées de la Nuit, 2006. Dansant sur, dans et sous un camion à remorque aux parois remplacées par des écrans de cinéma, accompagné par des voix venues du Maroc et d'Irak, Ali Salmi retrace le parcours d'un immigrant clandestin entre l'Afghanistan et Calais.

Date de diffusion :
05 juillet 2006
Source :
FR3 (Collection: JT Rennes soir )

Éclairage

Formé à l'athlétisme, au mime et au Butai de Tanaka Min, plusieurs années interprète chez Wim Vandekeybus, Ali Salmi a fondé la compagnie Osmosis en 1993. Il construit ses chorégraphies à partir de ses origines personnelles et d'un enjeu central : "donner à voir, à ressentir les réalités du monde", "danser le réel" sans verser dans l'illustration documentaire.

Avant Transit créé en 2005 à Marseille, le thème de l'exil nourrit le Triptyque migratoire (Migrant, Migrant Mother, Migrant Mother Memories, 1997-2000) inspiré par l'histoire familiale du danseur. On le retrouve dans Autoroute du soleil (2007), adapté de la bande dessinée éponyme de Baru, qui décrit l'équipée de deux adolescents maghrébins poursuivis par une bande d'extrême droite, et dans Alhambra Container (2008, repris en solo sous le titre de Just Arrived), évocation de l'arrivée dans le pays "d'accueil". Le proche Orient est présent dans In Tiddar créé en collaboration avec le danseur marocain Saïd Gharbi (2002), plus récement dans Kelb ("le chien, le bâtard"), image tragique de l'Algérie contemporaine inspirée par la nouvelle de Ghawki Amari, La Chose aux yeux mouillés. Des musiciens arabes sont souvent partie intégrante des spectacles.

La dernière création d'Osmosis Cie, (Dés)astres du monde (Opus1 en 2010 au Carreau, Scène nationale de Forbach, Opus2 au festival Chalon dans la Rue, en juillet 2011) convoque le réel sur le plateau-même avec la présence de Patrick Chauvel, reporter de guerre, en dialogue avec ce que son témoignage suggère aux danseurs : "Contre la barbarie et l'agonie du monde, une danse qui sublime la vie en réponse, en écho à la parole. Notre arme pour témoigner de notre époque, des tensions de ce monde que nous voudrions illuminer d'autres feux", écrit le chorégraphe.

Les créations en extérieur d'Ali Salmi sont marquées par une confrontation physique violente entre l'énergie de la danse et la matière du sol et des objets urbains qui sont tout ensemble supports, partenaires et métaphores d'une situation : intérieur d'un camion frigorifique (Flesh, 2003), semi-remorque (Transit), conteneurs et les fourches de chariots élévateurs (Alhambra Container). Elles se caractérisent aussi par l'interaction entre le corps, la musique et l'image. Ainsi, dans Transit, les photos d'immigrants cherchant à franchir les frontières de Schengen alternent avec des perspectives fuyantes d'autoroutes et les mouvements du danseur captés en direct, au rythme des appels musicaux de Rachid Zaïdi et d'Anwar Abudragh.

Documentation

- Le site de la Compagnie Osmosis

- Ad Van Denderen : Go No Go, les frontières de l'Europe, Arles, Actes Sud, 2003.

- Sylvie Clidière, Alix de Morant : Extérieur Danse, Montpellier, L'Entretemps, 2009, pp. 60, 82-83,164.

-Articles dans Le Monde, 29/06/2003, Mouvement n°35, 2005 (cahier spécial Rue européenne)

Sylvie Clidière

Transcription

Présentateur
De nuit toujours mais avec un autre langage poétique, c’est un danseur qui vous invite à une allégorie sur l’immigration et la clandestinité. Juché sur le toit d’un semi remorque, flanc transformé en écran géant, Ali Salmi vous emmène en transit, surprenant.
Journaliste
Algérien, Ali Salmi s’investit à part entière dans cette création, Transit, c’est le passage des frontières, l’espoir d’un eldorado dit par l’image, le son et le corps.
(Bruit)
Ali Sami
Y a un peu toute cette énergie du voyage, tous ces moyens de transport qui… qui invitent au mouvement de mon corps, qui subliment mon corps, qui jouent avec l'onirique du voyage, qui jouent aussi avec la violence du voyage. Parce que ces… ces éléments, ces modes de transports, ils s’inscrivent dans … dans un paysage géographique, traverser des montagnes, la mer est déchaînée, pas déchaînée, on est sous la pluie. On va entendre deux merveilleuses voix du monde arabe, Rachid Zaïdi qui est marocain, qui fait un travail vocal sur le mode [Naili] et [Maouol]. Ce sont des appels du Maghreb, et Anwar Abudragh qui est irakien, qui joue du luth, issu de l’école de Bagdad et qui développe un mode vocal [makraam] qui est le la poésie irakienne.
Journaliste
Cette bande son, mixée en direct avec une musique électronique rythme la narration de cette odyssée moderne. Ali Salmi se donne corps et âme à ce récit de l’exil et du déracinement.