Turak, La Turakie

23 janvier 2001
02m 24s
Réf. 00834

Notice

Résumé :

Tel un guide à l'accent indéfinissable, le metteur en scène du Théâtre Turak, Michel Laubu, présente l'installation au théâtre de Chatillon, en 2001, de quelques membres du gouvernement, ou éléments d'habitat, d'un pays de son invention : la Turakie. C'est de là que sont également originaires les personnages (objets détournés et remodelés) du spectacle Deux pierres qu'il met brièvement en jeu.

Date de diffusion :
23 janvier 2001
Source :
Compagnie :
Fiche CNT :
Fiche PAM :

Éclairage

Michel Laubu (né en 1961) pratique avec la compagnie Turak, créée en 1985, un art onirique à mi-chemin entre les marionnettes et le théâtre d'objets, à la fois fantastique et se référant au quotidien, à partir d'ustensiles ou de matériaux récupérés. Ses spectacles, en général sans parole, ne partent pas d'une histoire, ce sont les objets collectés selon des critères définis par lui (couleur, matière, origine...) ou de manière plus intuitive et aléatoire, puis transformés, détournés, assemblés, qui créent peu à peu un univers avec ses lois propres et suscitent une dramaturgie éloignée de toute trame linaire.

Il dit lui-même vouloir « faire un théâtre mystérieux, qu'il faut aller dénicher, débusquer derrière ses images » et ajoute « pour moi le théâtre se doit d'être étrange. Mon théâtre c'est l'étranger au cœur de notre mémoire, au cœur de notre quotidien, de notre ordinaire. C'est un espace de jeu ».

De cet espace purement ludique, il fait surgir une contrée imaginaire, la Turakie, dans le spectacle Zboïde, des pissenlits aux étoiles en 1992. Il en naîtra une mythologie et une archéologie fictives, des « champs de fouilles », une langue, un accent, des expositions et des spectacles pendant plusieurs années. Michel Laubu, en guide officiel de cette muséographie à la science fantaisiste et à l'humour parfois potache, ou en manipulateur et bruiteur excentrique, emporte l'assentiment du public.

Dans Deux pierres (premier volet du diptyque 2 Pi R, qui comporte également le spectacle Depuis hier), créé en 1998, quatre courtes histoires visuelles (un voyage au pays des anges, une tempête au bord de la mer, une très bucolique promenade dans la campagne, les mésaventures d'un vagabond qui avait trouvé un caillou pour refuge) sont issues de la rencontre miniature d'un triporteur, de personnages en fer, en chiffon, en bois ou en pommes de terre et de quelques loupiotes.

La Turakie n'est pas la seule obsession de Michel Laubu : entre 2003 et 2005, la compagnie Turak a classé ses spectacles dans ce qu'elle a appelé "les années Pingouin" et, depuis 2006, elle fait tourner son travail autour du thème de l'insularité.

Evelyne Lecucq

Transcription

Journaliste 1
Attention, à partir de maintenant, vous pénétrez en Turakie
Michel Laubu
Alors ici, deux personnalités qui sont installées ici dans les niches, ne sont pas des animaux, simplement sont des représentants du premier gouvernement Turak. Nous avons ici deux ministres, l’un à droite, l’un à gauche, il faut bien les mettre quelque part. Le costume typique du ministre, le pantalon porté très haut, ça c’est très, très, très important, il porte toujours de pantalon, parce que la chemise était courte. Il n’est présent sur aucune carte. Tous les Atlas ignorent la Turakie et nous nous battons pour cela, nous nous battons pour une reconnaissance d’une Turakie libre et égaux en droit. Alors, ici nous sommes dans la salle des ministres, tous sont là représentés et tout particulièrement le plus illustre. Ici, nous sommes exactement à l’endroit du débarquement du nouveau gouvernement. Ici, nous avons des tiroirs de terre, c’est une forme d’habitat qui a été créée à une période climatiquement difficile, où il y avait des fortes rafales de vent et donc l’habitat se rentrait comme un tiroir, comme ça entièrement dans la terre, c’est un habitat très, très commode.
Journaliste 1
Et en Turakie, on sait aussi raconter les histoires.
Michel Laubu
[Inaudible]
(Bruit)
Michel Laubu
[Inaudible]
Journaliste 2
En Turakie, le sourire est dans toutes les oreilles.
Michel Laubu
Partout où on se déplace, c’est de créer un ailleurs. C’est-à-dire que pour moi, le théâtre oui, c’est quelqu’un qui arrive avec un accent, c’est quelqu’un qui arrive d’ailleurs qui dit : Voilà, je vais vous raconter ce qui se passe là-bas, ce qui s’est passé là-bas.
(Bruit)
Michel Laubu
[Inaudible]