Dominique Bagouet et Le saut de l'ange

24 juin 1987
03m 20s
Réf. 00889

Notice

Résumé :

Dans le cadre du festival Montpellier Danse, zoom sur le chorégraphe Dominique Bagouet et sa nouvelle production Le saut de l'ange dans une scénographie du plasticien Christian Boltanski et sur une partition du compositeur contemporain Pascal Dusapin.

Date de diffusion :
24 juin 1987
Source :
FR3 (Collection: Midi midi )

Éclairage

Sans doute l'une des oeuvres les plus réjouissantes de la danse contemporaine ! Son casting est un feu d'artifice : Dominique Bagouet (1951-1992) à la chorégraphie, Pascal Dusapin à la musique et Christian Boltanski à la scénographie. Le résultat, intrigant, suave, extrêmement singulier, est une petite merveille. Le saut de l'ange (1987) a laissé des souvenirs indélébiles dans la mémoire des spectateurs de danse mais aussi des fans d'arts plastiques. Le plateau rouge strictement enguirlandé de loupiottes blanches tanguait entre la fête foraine et le palais oriental. Dans des costumes de fantaisie, pas loin des déguisements de bric et de broc de l'enfance, les danseurs chaloupaient et gambadaient. Marin d'eau douce, fille en tutu du dimanche, espagnole de rêve et autre prince charmant égrenaient des numéros de danse intense et douce comme on se livre à une déclaration. Le saut de l'ange, conçu pour la Cour Jacques Coeur, à Montpellier, en investissait tous les niveaux. Les interprètes apparaissent au balcon, se découpant comme des ombres sur la nuit avant de grimper sur la petite scène rouge surélevée. Avec ce spectacle majeur, véritable écrin pour des danseurs, Dominique Bagouet, qui désirait "décoincer sa danse" ouvrait le festival. Il le refermait avec Assaï (1986), pièce plus austère, également composée sur une musique de Dusapin.

A 20 ans, Dominique Bagouet, passé d'abord par l'école de Rosella Hightower, à Cannes, devient danseur dans la compagnie de Maurice Béjart. Il crée sa propre troupe à 26 ans. Revenu à Montpellier, sa ville de jeunesse, cette personnalité majeure de la nouvelle danse française dirigera dès 1980 ce qui deviendra en 1984, le Centre chorégraphique national de Montpellier. Parallèlement, il est à l'initiative de la création du prestigieux festival Montpellier Danse en 1981. Son répertoire compte une quarantaine de pièces, d'inspiration toutes intelligemment variées, créées pendant quinze ans de travail. Depuis sa disparition, à 41 ans - il est mort du sida en 1992 -, une vingtaine, soit en intégrales, soit en extraits, sont régulièrement reprises par des troupes de répertoire grâce à l'action des Carnets Bagouet, association fondée par les danseurs de la compagnie après la disparition du chorégraphe pour perpétuer son travail.

Rosita Boisseau

Transcription

Présentateur
Bon alors, à l’occasion de cette clôture, bien sûr, ce soir à Carcassonne, il y aura la fête vraisemblablement. La fête, elle se déroule en permanence en ce moment à Montpellier, le festival de danse va commencer. Ce soir, à 21 heures, Cour Jacques-Cœur à Montpellier, c’est Dominique Bagouet, qui va marquer les trois coups du 7ème festival international ; ce festival qui s’appelle Montpellier-Danse, vous le savez, il va durer jusqu’au 12 juillet. Alors, il est délibérément engagé dans la recherche, dans la création. Et, Le saut de l’ange de Dominique Bagouet donne le ton. Suzanne de Morlhon va nous en donner la primeur avec ces répétitions.
(Musique)
Suzanne (de) Morlhon
Du crépuscule à la nuit noire, entre chien et loup, Le saut de l’ange crée d’étranges métamorphoses. L’ensemble architectural de la Cour Jacques-Cœur mis à nu se peuple des fantasmes du chorégraphe. Les images se succèdent comme autant de fondus enchaînés pour faire vivre un univers naïf et malicieux, un univers ambigu où les danseurs oscillent entre le merveilleux et le funèbre. Un univers de fantaisie comme Dominique Bagouet en a le secret.
(Musique)
Dominique Bagouet
Le saut de l’ange , c’est un peu un retour à la fantaisie. C’est-à-dire qu’avec Assaï , on avait un peu observé un spectacle avec une certaine fantaisie déjà mais en relation avec de la musique symphonique, avec un orchestre, avec un décor assez austère ; avec un aspect de fantaisie mais qui était beaucoup plus en filigrane. Tandis qu’avec Le saut de l’ange , c’est beaucoup plus offrant de ce côté-là. C’est la Cour Jacques-Cœur complètement revisitée par un plasticien et moi-même.
(Bruit)
Suzanne (de) Morlhon
Ni figurative, ni abstraite, la démarche de Dominique Bagouet s’apparente à celle de certains peintres contemporains. Au départ, pas de thématique à défendre, mais plutôt une sensation qui se nourrit des rêves intimes du créateur ; mais aussi de tous les arts de la scène puisque la parole des danseurs apporte une autre dimension au spectacle.
(Bruit)
Dominique Bagouet
Il y a plusieurs danses qui sont un peu marquées par quelque chose de beaucoup plus naturel. J’essaye de retrouver dans la danse quelque chose de beaucoup plus spontané. Parce que ma danse était très dessinée, très, elle devenait de plus en plus, je trouve, un peu trop…. Ça finissait par se coincer un petit peu, je trouvais, dans certains aspects et là, comme j’ai observé cet aspect-là, j’ai voulu la décoincer un petit peu quoi.
Suzanne (de) Morlhon
Autrement dit, vous avez laissé plus de libertés aux danseurs ?
Dominique Bagouet
Oui, plus de fantaisies, plus de libertés, oui.
(Musique)
Suzanne (de) Morlhon
Dominique Bagouet est au cœur du 7ème festival de danse dont il fait l’ouverture avec Le saut de l’ange et la clôture avec Assaï . Un festival délibérément tourné vers la danse contemporaine, avec Trisha Brown, François Verret ; mais aussi vers toutes les formes du baroque, des Passacailles de François Raffinot à Noureev qui exécute Bach Suite , sans oublier le folklore du Mali ou le Ballet National de Caracas.
(Musique)