Shazam de Philippe Decouflé

16 septembre 1999
02m 15s
Réf. 00911

Notice

Résumé :

Shazam, chorégraphié par Philippe Decouflé est présenté à la Maison de la danse, à Lyon. Extraits du spectacle.

Date de diffusion :
16 septembre 1999
Source :
Compagnie :
Artistes et personnalités :

Éclairage

L'introduction de Shazam (1998) a marqué tous les spectateurs de cette pièce annoncée comme une "une fantasmagorie douteuse pour grands-mères fragiles et enfants hors d'âge" selon la formule de son auteur. En slip et veste de soirée, Decouflé se posait en bordure de scène pour confier au public : "Je suis très heureux d'être là avec vous ce soir, heureux mais en même temps gêné de vous parler, moi qui suis danseur et qui ai l'habitude de m'exprimer avec mon corps". Le décalage entre la pseudo-maladresse du discours et le costume bizarrement sexy de Decouflé accrochait le public pour le mettre d'emblée dans la bonne humeur. Il pointait aussi la singularité du danseur, régulièrement relégué au rang de celui qui ne sait s'exprimer qu'avec ses pieds.

Shazam (formule des prestidigitateurs pour faire apparaître un objet) rappelle le goût de la piste et du cirque développé par Decouflé depuis son adolescence. A 13 ans, il suivait les cours d'été auprès du mime Isaac Alvarez, deux ans plus tard, le voilà en train de mordre la sciure de la piste de l'école Annie Fratellini. Mais c'est la danse, auprès de l'américain Alwin Nikolais, directeur du Centre national de danse contemporaine d'Angers en 1979, qui le kidnappera finalement.

Digne héritier indirect de "Nik l'enchanteur", Philippe Decouflé mixe en direct, pour la première fois de son parcours, danse et cinéma (il a réalisé une vingtaine de courts-métrages et clips). Une enfilade de cadres sculptés comme de la dentelle permet de jouer entre les images et les corps réels. Zoom sur un œil, plan large sur une nuque, réel et virtuel s'entrechoquent. Shazam offre une synthèse de nombre d'obsessions de Decouflé : jeux de cadres, de miroirs, illusions d'optique, reflets et ombres chinoises... Mais encore théâtre dans le théâtre, rideaux rouges qui dissimulent d'autres rideaux rouges... Entre un défilé de hussards et un karaoké de castagnettes, des sketches de Christophe Salengro et une course fantôme, ce spectacle, créé à la Coursive, à la Rochelle, ne fait pas mentir son titre.

Depuis la création de sa compagnie DCA en 1983, Philippe Decouflé (né en 1961) a connu un essor sans précédent. Prix du Concours de Bagnolet en 1983 avec Vague Café, il devient le chorégraphe contemporain le plus populaire de sa génération avec sa mise en scène des cérémonies d'ouverture et de clôture des Jeux Olympiques d'Albertville en 1992. Depuis, pièces et succès s'addtionnent pour en faire l'une des têtes d'affiche du spectacle vivant. Installé à la Chaufferie, à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), il est régulièrement programmé au Théâtre national de Chaillot, à Paris.

Rosita Boisseau

Transcription

(Musique)
Journaliste
A la première image, le ton est donné, le clin d’œil à Méliès, nous invite à traverser l’écran.
(Musique)
Journaliste
Metteur en scène plus que chorégraphe, Philippe Decouflé nous entraîne dans une féérie en trompe-l’œil. Au spectateur de démêler le vrai du faux dans ce casse-tête où se métamorphosent l’image et les corps, dans un jeu incessant.
Christophe Salengro
Un jeu avec l’image et c’est un peu, oui, ça peut être comme une fête foraine, mais sans que les gens y participent vraiment, mais ils y participent de toute façon. C’est clair ce que je dis non ? La rallonge, la multiprise, quand j’étais à l’école du Cirque, le va-et-vient, ah, l’électricité, la fée électricité, ah !
(Musique)
Journaliste
Pour nous mystifier totalement, les danseurs se contorsionnent dans le verbe et l’image, et nous piègent avec humour.
Christophe Salengro
Dis-moi, ces corps semblent nous dire quelque chose, non ?
Comédien
Tu crois ?
Christophe Salengro
Il me semble, oui.
(Musique)
Journaliste
De son expérience de cinéma, Decouflé a gardé quelques obsessions.
(Musique)
Journaliste
Sans jamais forcer les faits, les danseurs nous déboussolent jusqu’à la fin.
(Musique)