Nikolais au travail

19 septembre 1982
04m 05s
Réf. 00935

Notice

Résumé :

Dans son studio new-yorkais, le chorégraphe américain Alwin Nikolais au milieu de ses danseurs introduit à sa méthode de travail. Fabrication du geste artistique en direct.

Date de diffusion :
19 septembre 1982
Source :
Artistes et personnalités :

Éclairage

Dans ce court reportage, Alwin Nikolais (1910-1993), tout sourire, accueille ses danseurs pour une séance de travail dans son studio new-yorkais. "Nous allons vivre ensemble le bonheur de créer quelque chose" leur annonce-t-il. Tranquille, il livre ses secrets de fabrication. A partir des projections lumineuses sur le corps des interprètes, il va concevoir, pas à pas, d'un danseur à l'autre, une chorégraphie. C'est l'expérience, la confrontation directe avec le plateau, qui fait avancer la machine poétique du chorégraphe. Cette transparence fait le charme de ce reportage. Lorsqu'il était directeur au CNDC d'Angers, de 1978 à 1981, il a su rassembler les énergies de ses jeunes élèves. "Le plus remarquable était sa façon de nous inculquer ses principes sans dogmatisme, se souvient Philippe Decouflé. En gros, faites comme moi et puis surtout enfreignez les consignes".

Au tournant des années 80, les danseurs qui veulent parfaire leur apprentissage vont auditionner à l'école Mudra de Maurice Béjart, à Bruxelles. Le CNDC propose une alternative plus contemporaine, loin de l'héritage classique de Béjart.

Avant sa venue au CNDC, à Angers, Alwin Nikolais avait fait parler de lui grâce à deux de ses interprètes et complices : les danseuses et chorégraphes Carolyn Carlson et Susan Buirge, installées toutes les deux à Paris au début des années 70. Parallèlement, à l'American Center, à Paris, de nombreux chorégraphes comme Steve Paxton débarquent pour donner des ateliers. Merce Cunningham épate et secoue les codes en prônant la separation de la musique et de la danse. Certains jeunes artistes français, comme Jean-Claude Gallotta et Angelin Preljocaj, filent à New-Yok aiguiser leurs outils et se chercher des maîtres. Ce qui va devenir la nouvelle danse française doit beaucoup aux Américains.

Rosita Boisseau

Transcription

(Musique)
Alwin Nikolaïs
Pour l’homme, la vie réside dans les mouvements de son corps. S’il veut se connaître, connaître la nature humaine, la réponse est là. Car mes ancêtres les plus lointains continuent à vivre dans les cellules de mon corps. Et cette réponse, pour moi comme pour tout homme, elle est dans les gènes, les cellules, dans la structure même de l’individu. C’est quelque chose qui secrète en moi et qui s’exprime, du moins je l’espère, à mesure que je le façonne au travers de mes propres expériences et que je le traduis en mouvement, qui est le moyen d’expression de la danse.
(Musique)
Alwin Nikolaïs
Le mouvement est le moyen, le corps humain est l’instrument pour nous, car les insectes dansent, les oiseaux, les singes dansent et l’homme aussi, mais il n’est pas le seul ! Même s’il est assez fou pour croire que c’est lui qui a inventé la danse. Bien, les danseurs, vous entrez. Nous allons vivre ensemble le bonheur de créer quelque chose. Nous allons projeter des diapos pour voir l’effet de la surimpression sur vos costumes. Est-ce qu’on peut éteindre les lumières ? Gérald, mets-toi dans le champ du projecteur. Bouge très, très lentement d’abord pour que je voie le mouvement des carrés. Les bras seulement maintenant, et plié, que je voie les raies bouger sur ton visage. Timmy, tu rentres aussi, Timmy seulement. Voyez cette vitesse quand on arrive en bas, extraordinaire ! Un peu moins vite, sinon, on ne distingue plus rien. Jessie, mets-toi derrière aussi, je voudrais voir si le vert apparaît tout près ! Maintenant, vous ondulez avec les bras mais en symétrie. Maintenant, vous descendez vers moi, encore, encore. Avancez à mesure que la caméra vient sur vous. Serrez ici, suivez le mouvement, voilà, elle tourne derrière moi. Continuez, serrez par ici, tout près, Jessie, voilà.